Aaaaaah, Mozilla. Et ton navigateur phare : Firefox.
À lire pléthore d'articles, tu commences à faire de la merde. HTTPS obligatoire, signature obligatoire des extensions, la publicité, etc. Que de mauvais choix, de l'avis général. Enfin, de l'avis général de personnes qui ne contribuent pas, principalement.
Mozilla, ta fondation à but non-lucratif prend une mauvaise tournure. Mettons de côté les histoires de pognon, on s'en fout du pognon, non ? Après tout, tes développeurs peuvent travailler gratuitement, et faire la manche dans le métro en rentrant du boulot, c'est ça l'implication, c'est ça la dévotion, c'est ça le LIBRE que diable ! On s'en fout de la monnaie lorsqu'on veut changer le monde, c'est bien connu. C'est d'ailleurs pour ça que la principale préoccupation de chacun, c'est le fric et que le monde ne change pas, non ?
À moins que...
Ah oui, pour faire de la qualité, il faut travailler, et le travail se paye. En plus, tu as une certaine vision du travail, une certaine politique sociale, parce que changer le monde, c'est commencer par se changer soi-même. Et dans un monde capitaliste, c'est très dur de ménager la chèvre et le chou, je sais. C'est le problème que rencontre chaque militant que veut changer les choses sans passer non plus sur le fait de vivre sa vie.
Ton gros problème, Mozilla, c'est qu'une des pages les moins visitées doit être celle-ci. Combien de tes utilisateurs ont un compte pour donner leur avis sur ta plate-forme dédiée à cet usage ? Combien se sont inscrits à ta communauté ? Combien ont donné un peu d'argent ? Combien ont compris qu'un logiciel gratuit ne se fait pas sur du travail gratuit ? Combien se disent "que puis-je faire pour aider" ?
Combien de tes concurrents ouvre aussi facilement leur code source ? Aucun, évidemment. Combien de tes concurrents font de la pub pour leur navigateur ? Tous. Or l'esprit d'un navigateur ne peut se répandre que s'il est utilisé. C'est bien beau d'avoir une belle philosophie, mais si c'est pour que ça intéresse 3 clampins dans leur coin, ça ne changera jamais le monde. Car pour faire un monde plus libre et ouvert, il faut que les internautes soient libres, et ça ne peut se faire qu'avec un navigateur populaire et répandu. Et donc en trouvant un moyen de contrer les attaques de concurrents.
Mais tu es coupable, Mozilla. Coupable de cette vision. Même si, dans toute ton histoire et à chaque fois que tu as pris une décision controversée tout le monde disait "ça va finir comme ça", et que ça ne s'est jamais fini "comme ça".
Parce que tu restes farouchement accrochée à tes valeurs, ces valeurs qui devraient être les nôtres chaque jour.
Firefox est le meilleur navigateur que nous ayons. Il n'y a aucun doute là dessus. C'est un navigateur avec lequel nous sommes et restons libres. C'est le navigateur le plus avancé dont nous disposions sur ces critères.
Mais Mozilla, je vais te dire. Dans toute cette histoire et ce shitstorm qui se lève, c'est certainement moi le coupable. Sur tous ces sujets, je n'ai quasiment rien dit. J'attendais de voir. Je savais bien qu'il y avait quelque chose, mais je n'arrivai pas à mettre la main dessus. En fait, le problème, c'est que je ne me suis pas posé la question de savoir "comment faire pour que ça change ?". Pas une seconde. D'autres s'en chargent, après tout.
Or, et c'est bien là une de tes valeurs, Firefox (et tous les autres produits) ce n'est pas que toi, Mozilla. C'est nous tous. Ce navigateur est un bien commun, que tu défends avec les moyens que tu as, les moyens dont tu disposes dans un monde capitaliste.
Alors c'est peut-être à nous de faire notre part du boulot, en définitive. En contribuant, en installant Firefox partout, en expliquant pourquoi c'est bien non seulement comme logiciel mais comme esprit derrière le logiciel. En expliquant pourquoi, avec ce navigateur, l'internaute est plus en sécurité et dans le respect de sa vie privée qu'avec n'importe lequel autre. Pourquoi c'est important d'utiliser Firefox tout le temps. Et peut-être même donner un peu d'argent. Parce que si les 300 millions d'utilisateurs donnaient 10€ par an, tu n'aurais plus besoin de partenariat avec des entreprises dangereuses, tu n'aurais plus besoin de pub, plus besoin de prendre des décisions controversées pour continuer le combat.
Alors Mozilla, merci. Et continue comme ça. Parce que sans toi, nous n'aurions pas tous ces beaux et bons logiciels gratuits et libres qui nous aident à nous battre pour un meilleur monde numérique. Et pas seulement numérique d'ailleurs.
Ne change rien, c'est à nous de venir te soutenir.
Tags de l'article : Internet, je vais pas me faire que des copains, société, vie privée
Le 7 Janvier 2015, ça a été une journée de merde.
Je ne suis pas républicain, mais j'aurai attendu que les drapeaux ne soient plus en berne pour publier cet article. Et croyez moi, ça a été dur de tenir jusque là, la "période de décence" ne servant qu'à entériner un discours dominant qui marquera l'Histoire en gommant les autres, les divergences. Une "période de décence" concernant Charlie Hebdo, c'est quand même un comble. Et pourtant, ils ont été nombreux, ces "Charlie", à matraquer la moindre personne qui ne rentrait pas dans le rang, qui n'avait pas le bon discours, à balancer des "ta gueule" en guise de défense de la liberté d'expression.
Une journée de merde, oui. C'est le plombier qu'on avait appelé dans l'entreprise où je travaille qui l'a dit. Rien à voir avec l'attentat au siège de Charlie Hebdo hein. C'est juste qu'à 11h45, il se prenait une décharge de merde dans la gueule pendant que j'essayais de répondre à mon mobile sur lequel mon père m'appelait pour m'annoncer l'attentat. Comme quoi, les coïncidences...
J'ai attendu avant de publier ce billet parce qu'il est difficile d'avoir un discours différent dans des moments aussi intenses. Et que personne ne me demandait de me prononcer, contrairement à tous les musulmans de France et de Navarre à qui on ordonnait de prendre position. Des fois qu'on soit entouré de 5 millions d'ennemis sans le savoir, j'imagine. J'ai attendu parce que l'émotion est intense, mais que désormais l'émotion doit laisser la place à la réflexion. Et qu'il est largement temps d'arrêter les conneries.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il me semble important de préciser quelques petites choses. Bien évidemment, je suis horrifié et choqué par ce qui est arrivé. Je soutiens à 100% les familles et proches des victimes ainsi que les personnes survivantes dont certaines devront vivre avec un lourd poids, qui n'est pourtant pas de leur fait, ni de leur faute, ni de leur responsabilité, sur les épaules. Leur mort est absurde et horrible. Mais cette horreur ne doit en aucun cas nous couper de la critique, de l'analyse et de la réflexion. Et c'est ce dernier exercice dont il sera question ici.
De plus, je soutiens tout autant, si ce n'est plus, les personnes de confession musulmane qui subissent et vont continuer du subir une islamophobie débridée, les amalgames, les récupérations haineuses et qui vont et sont déjà la cible d'actes haineux, stupides et tout aussi absurdes que les actes perpétrés par les terroristes. Je pense aussi à toutes ces personnes qui n'ont pas la chance de faire "bien blanc fréquentable" qui subiront tout autant ces actes et propos ignobles. Je soutiens tout autant les personnes de confession juive qui sont victimes d'actes et propos d'un antisémitisme débridé.
Si vous êtes encore dans l'émotion, dans le ressenti, dans le choc, je ne peux que vous conseiller d'arrêter ici votre lecture, et de revenir plus tard, l'esprit plus libre, plus posé, ce billet ne bougera pas tout de suite.
Maintenant que les choses sont posées, nous pouvons commencer à rétablir quelques vérités, plus symboliques que factuelles.
Pour commencer, il me semble qu'on a commencé par se poser la mauvaise question. "Que veulent les terroristes ?". Le simple fait de se poser cette question n'est-elle pas un aveu d'échec ? Car, s'il est déjà délicat de prétendre connaître les motivations profondes d'un ennemi, le sous-entendu de la réponse est d'autant plus périlleux. En effet, en posant cette question, généralement dans un contexte de ne pas se conformer à la volonté de ces individus, on se définit par rapport à eux, on déterminera si une action est bonne ou mauvaise en fonction de leur volonté supposée. Pire, on cherchera instinctivement à faire l'inverse de ce qu'ils voudraient, leur conférant ainsi un grand pouvoir, celui de nous diriger, en tant que société, en négatif.
Honnêtement, je me fous de ce qu'ils veulent. Je me fous de savoir si, oui ou non, ce que je fais leur plais ou pas, les aide ou pas. La question qu'on devrait se poser, tous, sans exception, c'est "que voulons-nous, nous ?". Comment nous définissons-nous, en tant que société ? En tant que peuple ? Comment voulons-nous vivre ? Quelles sont nos valeurs ? Point.
Les valeurs que prétendent défendre tous ceux qui seraient "Charlie" aujourd'hui sont apparemment la liberté, le vivre ensemble, l'antiracisme. Pourtant, ils érigent en parangon de vertu un journal qui a fait son beurre sur l'oppression, ou, à tout le moins, sur la complicité de l'oppression. La satire, ce n'est pas taper sur tout le monde indifféremment, c'est taper sur le pouvoir en place, tourner en dérision un système, pour faire avancer la société. Taper indifféremment sur tout le monde, au motif que ce serait plus "égal", c'est contribuer à faire perdurer les oppressions, car on tape déjà sur des populations opprimées. Et on ne fait rien avancer. Et c'est ça, qu'était Charlie Hebdo, au moins depuis sa renaissance par Philippe Val en 1992 (la dérive sera lente mais certaine). Oui, Charlie Hebdo était raciste, oui Charlie Hebdo était sexiste, homophobe et islamophobe, pour ces raisons. Mais non, personne ne méritait la mort pour cela.
On veut nous faire croire que c'est la liberté d'expression qui a été attaquée. Rien n'est moins faux, les Zemmour, Houellebecq et autres haineux continueront d'être invités sur les plateaux télé, sans être inquiétés, désavoués ou mis face à leurs mensonges éhontés. Ils continueront de déverser leur haine, soyez-en certains, et demain plus que jamais. Car ce ne sont pas les terroristes qui menacent la liberté d'expression, mais la Loi. Seule la Loi peut limiter les libertés, et de ce point de vue, cela fait des dizaines d'années que nous perdons du terrain, dans l'indifférence quasi-générale. Où étaient tous les Charlie pendant SOPA, ACTA, la Loi sur la Programmation Militaire ? Combien de "Charlie" défendent le régime de la garde à vue ? Combien de "Charlie" usent du terme "droitdelhommiste" comme d'une insulte ? Combien de "Charlie" trouvent dégueulasse que la pire des raclures ait le droit à un avocat ? Combien de "Charlie" s'élèveront contre les lois liberticides à venir ?
Quelques imbéciles, refusant toute culture politique, appellent à s'en prendre à la cause du terrorisme... en s'en prenant aux pauvres et aux "sous-éduqués". Bien sûr, ces abrutis sont applaudis par d'autres abrutis désireux de conserver leurs privilèges et leur mode de vie. La cause du terrorisme, c'est principalement l'impérialisme, ce sont ces pays qui en envahissent et en attaquent d'autres pour leur prendre leurs ressources sous couvert d'y apporter la liberté et la démocratie. Avec le succès qu'on connaît. L'impérialisme crée 2 types de terroristes : ceux qui sont victimes de l'impérialisme, et ceux qui le défendent. Ces pays impérialistes, ce sont les USA, la France, l'Allemagne, Israël, le Royaume Uni, la Russie, etc. Sauf que pour remettre en cause l'impérialisme, encore faudrait-il en avoir conscience et donc accepter à la fois d'avoir une culture politique et aussi de remettre en cause notre société. Alors qu'il est tellement facile de s'en prendre à une frange de la population, les pauvres, pour changer. C'est tellement pratique d'oublier que, non, tous les terroristes ne viennent pas d'un environnement pauvre, qu'ils ne viennent pas tous de familles "défavorisées", qu'ils ne défendent pas tous une vision très particulière de l'Islam. J'en veux pour preuve Anders Breivik, qu'on oublie bien facilement et qui fit 77 morts. Enfin, lui, je suppose que ça compte pas, n'est-ce pas ? Après tout, les terroristes, ils sont pauvres, sous-éduqués, défendent l'Islam, n'est-ce pas ?
Il est, de plus, une distance absurde qui est mise entre les terroristes et nous-même. "Barbares", "monstres", voici comment ils sont qualifiés. Comment qualifier, alors, une société qui laisse des centaines de personnes mourir dans la rue de maladie, de froid, alors qu'elle a largement les moyens de l'éviter ? Comment qualifier une société où des centaines de milliers de personnes manifestent dans la rue contre une orientation sexuelle, contre une ouverture de droits à une partie oubliée de la population ? Comment qualifier une société où de jeunes trans* se suicident en raison de la violence qui est, pour elles et eux, la société d'aujourd'hui ? Comment qualifier une société qui remplace le mot "solidarité" par "assistanat" ? Comment qualifier une société qui surveille sa population sans contrôle d'un juge ? Comment qualifier une société qui vend des armes et des moyens de surveillance aux pires dictatures ? Comment qualifier une société qui ne considère pas le jet d'une grenade dans un kebab "d'attentat" ? Comment qualifier une société où une femme ministre noire est décrite comme étant une guenon ? Comment qualifier une société dont le premier ministre se laisse aller au pire racisme envers les Rroms ? Barbares, monstres, voici ce que nous sommes aussi.
Ce Dimanche est organisée une "marche républicaine". On vous promet qu'il n'y aura pas de récupération, bien évidemment. Mais organiser une marche républicaine pour des personnes qui se définissaient comme anarchistes, c'est déjà une récupération. Et comment ne pas qualifier de "récupération" l'organisation de cette marche ? Avec les partis politiques en tête et les journalistes et syndicats de journalistes DERRIÈRE eux ? Avec Netanyahou à sa tête, le grand boucher de la Palestine. Pas de récupération politique, vous dit-on. Et puisque l'émotion est tellement intense, l'esprit critique est en veille, s'il n'a jamais vraiment fonctionné. Unité nationale abrutissante, pour un journal qui, somme toute, défendait aussi l'anticonformisme. Ah, il est beau, "l'hommage".
Mais maintenant, que faire ? Je n'ai pas de solution absolue, mais il serait intéressant de prendre des positions fortes qui défendent les valeurs auxquelles nous devrions tous être attachés. Peut-être est-ce à nous d'aller vers nos concitoyens musulmans et leur dire "nous savons que vous n'avez rien à voir avec ces attentats". Peut-être qu'autant de personnes devrait défiler dans la rue chaque fois qu'on réduit une liberté. Peut-être que nous devrions mettre fin au capitalisme, source des terroristes. Peut-être que nous devrions arrêter d'avoir cette image du "vivre ensemble" qui ne serait qu'entre-soi. Peut-être que nous devrions cesser d'avoir peur des autres. Peut-être que nous devrions réellement défendre les mêmes droits pour toutes et tous plutôt que de continuer le deux poids deux mesures.
Tout bien réfléchit, oubliez ça. Ce n'est pas ce que nous devrions "peut-être" faire. C'est une nécessité.
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Crédits photos
Sylvain Collet
Kanichat
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Tags de l'article : je vais pas me faire que des copains, journalisme, société
Cher⋅e petit⋅e soralien⋅ne,
Tu n'aimes pas lorsque je relève que ton idole/maître à penser/guide est un nazi alors qu'il le dit lui même. Tu fais des circonvolutions pour m'expliquer que, non, il n'est pas nazi, il est "juste national-socialiste".
Peut-être as-tu manqué quelques cours, ou les as-tu oubliés ? Il est aussi probable que ton idole/maître à penser/guide, lors de ses longs monologues masturbatoires sur son canapé dont tu es si friand⋅e, t'ait fait oublier quelques "points de détail"...
Je le dis et je le répète donc, pour la dernière fois, et ce billet servira de point d'arrêt à tout débat sur le sujet. Être national-socialiste, c'est être nazi. Il n'y a pas à tortiller du cul. Il aura beau essayer de redéfinir ce qu'est le "national-socialisme", ça n'en reste pas moins du nazisme. Et quand on fraye avec des gudards pour former Égalité & Réconciliation, faut vraiment être con⋅ne pour penser que son "national-socialisme" serait autre chose que du national-socialisme. Vouloir faire croire que le "national-socialisme" n'est pas synonyme de nazisme, c'est une des étapes pour faire accepter cette horreur. Car les mots sont importants et la première des batailles. Et face à ça, il n'y a que la fermeté.
National-socialisme = nazisme. C'est un synonyme. C'est comme ça.
Point.
Maintenant, cher⋅e soralien⋅ne, si tu persistes à vouloir continuer de m'expliquer que, non, Soral n'est pas un nazi et patati et patata, ce qui suit est ma réponse à ton endoctrinement.
Cordialement.
Tags de l'article : je vais pas me faire que des copains
Je ne cache pas ma proximité avec les communistes, notamment en raison de la base marxiste qui nous est commune. Mais il y a plusieurs sujets sur lesquels je suis en profond désaccord. La "valeur sacrée travail", pour commencer, qui est certainement la principale raison de mes divergences. Et puis des sujets que certain⋅es peuvent considérer comme périphériques mais qui sont pour moi importants : la prostitution, la GPA et l'euthanasie. C'est sur ce dernier point que je vais me pencher dans cet article.
L'euthanasie, ou "droit de mourir dans la dignité", est présentée comme une avancée sociale, démocratique, comme étant un combat pour une nouvelle liberté individuelle, "l'ultime liberté" comme le prétend l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). Comment ne peut-on pas être séduit par la capacité à maîtriser les conditions de sa propre fin de vie ?
C'est tellement plaisant et ça sonne tellement "avancée sociale" que l'actuel Président en a fait son engagement 21. Mais, chers lecteurs, ceci est un mythe, et voici pourquoi.
La mort, l'ultime frontière
Cette question de l'euthanasie pose évidemment la question de notre rapport à la mort. La mort est la démonstration ultime de l'impuissance de l'être humain, la fatalité (au sens premier) de sa propre vie. L'humain ne cesse de vouloir échapper à la mort, et la société est à cette image : la mort est exclue de nos sphères, c'est un tabou, un épouvantail, un danger et certainement le plus grand moteur de nos superstitions et de nos peurs. La mort rappelle à l'humain qu'il est mortel, qu'il ne peut régner en tout-puissant et qu'il ne contrôle pas tout. Et c'est bien ce contrôle ultime, quintessence de la toute puissance de l'individu, que la société individualiste entend s'approprier.
Une société où tout, en définitive, serait calculé, maîtrisé, arrangé, géré, ordonné, jusqu'à la mort elle-même. L'euthanasie serait ainsi la capacité de mourir tout en restant maître de tout, c'est à dire mourir en tant que tout-puissant, et donc, quelque part, mourir immortel.
L'individu et sa toute puissance
Dans notre société individualiste, narcissique, on nous apprend, dès tout petit, que l'individu existe en dehors du groupe, qu'une "identité" de chaque personne existe tout de même si on en retire tout ce qui vient des Autres et des interactions avec autrui. Cette thèse est un des piliers fondateurs de l'idéologie libérale au sens large : l'existence d'un individu unique, indépendant, d'identité propre et d'un groupe qui ne serait que la somme de ces individualités. Cette idée d'existence d'un "soi profond", d'une sphère privée inviolable, entièrement indépendant de toute interaction et apport extérieur est la source des problèmes identitaires individuels (sentiment de "vide intérieur", dépressions, etc.) qui fleurissent dans notre société. C'est aussi la raison du glissement social qui s'opère lentement : on ne cherche plus à construire une société sur la base d'une opposition entre ce qui est interdit et autorisé (c'est à dire la Loi comme fondement de la société), mais entre ce qui est possible et ce qui est impossible (ce que l'individu est dans la capacité de faire ou non).
C'est donc cette illusion à la fois d'une unicité indépendante intime et de limites définies par les seules capacités de l'individu que naît cette illusion de toute-puissance dont la seule limite est la mort, qu'il faut donc maîtriser aussi.
La société actuelle étant fondée sur ces idées, voici donc l'euthanasie présentée comme un droit, une nouvelle liberté : la maîtrise de la mort elle-même, la victoire de l'individu tout-puissant. C'est dans cet esprit d'un "droit de la sphère privée" qu'est défendue l'euthanasie.
Nier le tiers pour mieux pouvoir défendre l'indéfendable
Les mots sont importants et il est intéressant de voir à quel point les termes employés pour défendre l'euthanasie font tout pour nier l'existence d'un tiers : droit à mourir dans la dignité, suicide assisté, etc. Ce dont il n'est jamais question, c'est bien du tiers qui va porter la responsabilité de la mort. Cette négation d'autrui s'explique par ce fameux fantasme de toute puissance de l'individu : ce fantasme pose que le monde (et donc autrui) se plie à la volonté de l'individu ("le client est roi", etc.). Le tiers impliqué dans la mort de l'individu euthanasié n'est donc plus considéré comme un humain mais comme un simple outils au service de l'individu. Remarquez au passage que considérer l'humain comme un simple outils n'a rien de neuf dans notre société.
Tous les argumentaires de défense de l'euthanasie nient le fait qu'un tiers humain est nécessairement impliqué dans le processus d'euthanasie, et que c'est ce tiers qui portera nécessairement la responsabilité de la mort.
Le suicide ou l'euthanasie : quelle différence ?
Lorsqu'un individu se suicide, il fait acte de cette toute puissance. Vous vous demanderez donc, chers lecteurs, pourquoi, dès lors, ne pourrions-nous pas faire ça dans un cadre contrôlé, puisqu'au final il y aura toujours un cadavre à gérer ? Surtout si, en plus, ça peut éviter des retards dans les transports en commun...
Jusqu'à présent, la société a toujours souligné la nécessité d'empêcher le suicide. En effet, toute personne se doit de porter assistance à quelqu'un qui se trouve en danger de mort, sans pour autant mettre en danger sa propre vie. Or le suicide est, de fait, un danger de mort, et toute personne pouvant l'empêcher en a le devoir. Autoriser l'euthanasie, c'est modifier ce rapport, et en plusieurs points.
Lorsqu'une personne se suicide, elle fait acte de toute-puissance, mais elle le fait seule. L'euthanasie, sous quelque forme qu'on l'envisage, implique un tiers. Si on peut arguer que la fin de vie est une question uniquement personnelle et que la société n'a pas à s'en mêler, le fait d'impliquer un tiers implique nécessairement la société, qui a donc le devoir de s'en mêler. Et on aura beau user de rhétorique pour gommer cet aspect ("suicide assisté", "aide active à mourir", etc.) le fait est que l'euthanasie implique nécessairement un tiers. Et un tiers qui tue une personne, quel que soit les termes que vous utiliserez pour éviter d'affronter cette sinistre vérité, cela s'appelle un homicide.
La question est donc maintenant la suivante : notre société peut-elle autoriser le droit de tuer ?
Droit de tuer : peine de mort et euthanasie, même combat
La question d'autoriser ou non le droit de tuer a été tranchée en France le 9 Octobre 1981 avec l'abolition de la peine de mort. La peine de mort posait l'État comme capable de tout ôter à un individu, c'est à dire jusqu'à son hypothétique "soi profond", posant ainsi que tout est dans l'État et que rien n'existe en dehors de lui. Oui, la peine de mort se rapproche ainsi beaucoup plus d'un État totalitaire que d'une démocratie. Dans cette optique d'un individu appartenant entièrement à l'État, la peine de mort trouve une justification : la vie de la personne appartient à l'État.
L'euthanasie, si elle était autorisée, rétablirait ainsi un droit de tuer, tout aussi exceptionnel et prétendument exclu de l'arbitraire que la peine de mort.
Mais, objecterez vous chers lecteurs, dans le cadre de la peine de mort, le condamné n'a pas demandé à être tué, contrairement à celui qui demande l'euthanasie.
C'est une différence importante mais malheureusement secondaire. Il s'agit d'une différence de circonstance et non d'une différence de principe : on rétablit tout de même un droit de tuer, seules les circonstances d'exercice de ce droit changent. Comme je l'ai dit plus haut, le droit de tuer est une prérogative d'un État totalitaire, dans lequel l'individu n'a pas d'existence en dehors de l'État.
L'euthanasie n'est donc pas un simple "droit à mourir" mais aussi, et surtout, un droit de tuer. Et c'est là qu'intervient tout le mythe dont je parlais au début : en érigeant le droit à mourir comme une liberté exclusivement de la sphère privée, les défenseurs de l'euthanasie oublient, consciemment ou non, que c'est une "liberté" qui entraîne nécessairement un droit de tuer.
Mon cul est plus digne que ta mort
On entend souvent parler de "mort dans la dignité". Ce concept de dignité, en plus d'être flou, pose qu'il y aurait des façons de mourir qui seraient "indignes". Si je meurs dans un accident de voiture, est-ce que je mourrais digne ? Une crise cardiaque en poussant trop fort aux chiottes est-elle une mort digne ? Car qu'est-ce que la dignité ?
La capacité de se mouvoir ou non, le fait de souffrir, de vivre avec une poche ou des couches font partie de la vie et de son évolution et ne sont pas désirées. Or peut-on juger de la dignité d'une personne selon quelque chose qu'elle n'a pas désiré ? La dignité, cette notion mouvante, ne serait-elle pas dans le regard que la société impose sur les "faibles" ?
La dignité humaine n'exclue pas les conditions selon lesquelles l'être humain vit sa vie de mortel. Car sinon, aucune vie humaine ne saurait être digne.
Et la souffrance là dedans ?
Vous objecterez encore une fois, chers lecteurs, que tout ça, c'est bien beau, mais celleux qui souffrent là dedans, on en fait quoi ? On ne va quand même pas les laisser souffrir hein ?
Et c'est là qu'est, en définitive, que tout se situe. Il n'est pas question de laisser souffrir. Et vous auriez raison.
La souffrance, physique ou psychologique, peut être telle que cela peut amener quelqu'un à vouloir mourir plutôt que de continuer à ressentir une telle souffrance. Et comme nous sommes des êtres doués de compassion ("souffrir avec"), nous ne désirons pas voir les autres, surtout des proches, souffrir. Et c'est pourquoi nous pouvons être enclins à accéder à la demande de mourir. Mais cette demande est avant tout motivée par la volonté de ne plus souffrir.
Or cette demande, la société peut y accéder, sans pour autant avoir pour but de donner la mort. Car l'euthanasie met en effet fin aux souffrances, mais elle a aussi pour but de donner la mort. En revanche, les soins palliatifs ont pour unique but de mettre fin aux souffrances. Ces soins sont basés sur un ensemble de pratiques, d'écoute, de présence, d'attentions, destinées à soulager la souffrance d'un individu. Ces pratiques comprennent aussi l'injection d'analgésiques supprimant ou diminuant fortement la douleur. Ces produits peuvent, à terme, entraîner la mort, certes, mais cette mort ne serait pas donnée au nom d'un "droit de tuer" maquillé en "droit de mourir" mais en raison d'un effet secondaire d'un traitement.
Et la différence est fondamentale : ce n'est pas le but des soins mis en œuvre que de tuer, mais il s'agit d'un effet secondaire d'un traitement de la douleur.
Le soucis étant que les soins palliatifs efficaces et de qualité coûtent beaucoup plus cher qu'une mise à mort. En cela, il s'agit aussi d'un choix de société.
Conclusion
Ainsi donc la légalisation de l'euthanasie est une atteinte grave à la démocratie moderne puisqu'elle ne constitue pas un élargissement des libertés individuelles comme on le prétend mais bien l'élaboration d'un droit de tuer auquel on avait mis fin il y a plus de 30 ans.
La question de la dignité, floue, sert à faire appel aux bons sentiments plutôt qu'à la réflexion. Elle sert aussi de diversion concernant la question de l'implication d'un tiers humain portant la charge de la mort. Il restera toujours des personnes désirant réellement mourir. Mais leur volonté ne suffit pas à faire en sorte que la société y réponde favorablement.
La souffrance, quant à elle, qu'elle soit physique ou psychologique, demande une vraie prise en charge, médicale et sociétale, avec l'instauration de soins palliatifs de qualité, accompagnant la fin de vie. La protection juridique des personnels soignants de ces unités est aussi une vraie question. Le coût économique de ces unités est aussi une vraie question, qui en pose une autre bien plus importante : doit-on abandonner nos valeurs démocratiques actuelles en raison de questions économiques ?
Tags de l'article : draft, je vais pas me faire que des copains
Mon cher Ploum,
Ce n'est pas parce que tu es d'extrême-droite que je le suis. Merci de ne pas m'embarquer dans tes délires.
Chapitre 1 : Contexte
Avant d'attaquer le vif du sujet, j'aimerai contextualiser et préciser le rapport que j'ai à toi, afin de ne pas laisser le lecteur faire des suppositions stupides (je n'ai pas la chance d'avoir uniquement des lecteurs aussi bien éduqués que toi, j'espère que tu me pardonnera). Lorsque je t'ai découvert, tu parlais essentiellement de choses liées à l'informatique, notamment liées aux libertés dans le domaine numérique. Et j'étais assez d'accord avec toi. Même avec des petits cœurs.
Et puis tu as commencé à parler politique, social. Et j'ai été de moins en moins d'accord avec ce que tu écrivais, fatalement.
Jusqu'à il y a une poignée de jours où tu as sorti, coup sur coup, deux billets.... Je ne trouve pas de mots sympas, alors je vais dire piteux et dangereux. Et c'est ce dernier billet (et les commentaires que tu as laissé à la suite) qui me fait prendre la plume.
Chapitre 2 : Vocabulaire
Parce que les mots ont un sens, il est important de définir les mots que je vais employer dans l'article, afin de minimiser les méprises. Ces définitions sont des résumés, vous restez libres d'approfondir vos connaissances (notamment historiques) sur le sujet.
Extrême-droite : ce terme qui peut sembler flou repose en fait sur une mixture qui ne change pas : le nationalisme mélangé à la xénophobie. Est d'extrême-droite tout mouvement, parti, groupe, personne, organisation, légal ou non, qui défend, au moins, ces deux valeurs. Ce socle commun peut être agrémenté de patriotisme, d'extrémisme religieux, de conservatisme économique ou de libéralisme plus ou moins débridé. En France, l'extrême-droite ressemble à ça.
Faf : initialement "France Aux Français", détourné en "Fasciste d'Action Française" puis rétro-défini comme raccourci pour "fasciste". Désigne tout militant d'extrême-droite, en particulier ceux qui organisent des ratonnades et les tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Peut être étendu aux électeurs d'extrême-droite. Tue régulièrement.
Antifa : mouvement ou militant héritier idéologique du Front Populaire et de la Résistance, opposé à l'extrême-droite et à ses idéologies. L'antifascisme peut prendre la forme allant de manifestations pacifiques à l'opposition physique contre les organisations d'extrême-droite, en particulier contre les fafs qui organisent des ratonnades et des tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Ne tue pas.
Skinhead : issu de la mouvance punk/mod et antifa. Pour plus de précisions, voir par exemple le mouvement SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice)
Bonehead : faf au crâne rasé, Rangers et croix gammée tatouée optionnelle. Tente de s'approprier le terme "skinhead", aidé en cela par les médias et l'absence de culture globale sur l'antifascisme.
Chapitre 3 : Du ton et de la posture
Passons maintenant à ton article, Ploum. Globalement, à la lecture de l'article, on y retrouve un ton condescendant, de "bonne morale"... Tu prétends te poser "au dessus de tout ça", avoir une éducation qui te permet de "ne pas tomber dans le panneau". En fait, tu es tellement au dessus que tu ne vois pas ce que tu décris. Tu poses les militants/électeurs d'extrême-droite (ton article fait allègrement la confusion entre tout ça et le reste, soulignant une méconnaissance du sujet) comme, en gros, de gentilles petites personnes qui ne veulent de mal à personne. Alors même que le nombre d'agressions racistes augmente en France et en Allemagne, que le nombre d'agressions homophobes explose et que les militants d'extrême-droite se sentent pousser des ailes, essayer de faire passer des gens défendant les idées d'extrême-droite pour des non-violents qui veulent la paix est non seulement un aveuglement naïf, mais aussi un danger réel.
De plus, tout au long de l'article tu les décris, en gros, comme des demeurés incapables de penser, sous-éduqués, ou qui auraient "abandonné leur intelligence". Déjà, la confusion entre intelligence, culture et éducation n'est pas très fameux, mais on va dire que c'est un raccourci malheureux. Mais le danger vient bien de considérer les idées d'extrême-droite comme un simple manque d'éducation. S'il est vrai que les médias nous disent que moins on est instruit, plus on vote FN, ce n'est pas forcément si simple.
Chapitre 4 : Les sources
Ça va être rapide : les sources, il n'y en a aucune.
Seulement, lorsqu'on dit "il y a plus de délinquants et de voyous parmi les immigrés que parmi les « purs nationaux »", on ne peut pas se dédouaner de "ne pas connaître les chiffres". Lorsqu'on accepte d'admettre une accusation aussi grave, on ne peut pas se payer le luxe de faire fi de la moindre preuve.
De même, déclarer "Or, tous les indicateurs le montrent" sans citer une seule source n'est pas recevable. Pas un seul lien, pas une seule source. Et tu comptes réellement avoir des propos étayés et "concrets" sans rien citer ? Où est passé ton côté scientifique ?
Chapitre 5 : Confusions, incohérences et amalgames
Plusieurs confusions sont présentes au sein de l'article, relevant la méconnaissance du sujet. On y mélange bien volontiers dans le même panier les électeurs d'extrême-droite, les militants plus ou moins radicaux et les cadres du parti.
De même, aucune distinction n'est faite dans les cibles de l'extrême-droite. Ainsi tu ne précises jamais dans ton article que lorsqu'un électeur/militant d'extrême-droite parle d'étranger, il s'en réfère la plupart du temps à l'apparence physique : il vise aussi bien les immigrés illégaux, les légaux et celleux de deuxième, troisième, quatrième génération. Être étranger, pour un militant d'extrême-droite, c'est héréditaire.
Il est, de plus, étonnant que tu prétendes les gens incapables de réfléchir mais que, dès qu'il s'agit de juger de l'action des antifas, tu proposes de leur demander leur avis. D'un coup, lorsque ça va dans ton sens, ils deviennent assez intelligents. Pratique !
Chapitre 6 : Le moteur de l'extrême-droite
Ce que ne traite pas l'article est aussi très intéressant, car cela souligne encore un peu plus la méconnaissance du sujet. Si les deux fers de lance de l'extrême-droite peuvent en effet être ceux cités par l'article (même si je ne suis pas d'accord, c'est une base que je peux accepter), le moteur principal de l'extrême-droite n'est pas traité. Ce moteur, celui qui distille effectivement un poison, ne t'en déplaise Ploum, c'est la conversion d'une peur, légitime ou non, en haine.
C'est un moteur bien connu de celleux qui s'intéressent au sujet. C'est pour cela qu'on parle de "peste brune" : cette conversion se répand comme une maladie et finit par tuer comme la peste.
Chapitre 7 : Le monde des Bisounours by Ploum
Selon toi, Ploum, il suffirait de "tendre une main amicale" pour lutter contre l'extrême-droite. Juste une question : cette main peut-elle être une main noire ? Où doit-elle être nécessairement blanche, virile, hétéro ?
Selon toi, c'est la "diabolisation" de l'extrême-droite qui serait en cause. Je ne sais pas dans quel monde tu vis, Ploum, mais en France du moins, il n'y en a - absolument - aucune - trace. On voit même beaucoup plus d'articles comme le tien fleurir ça et là (non, je ne ferais pas de lien, pas de pub pour eux) que l'inverse. Et lorsque des blogueurs tels que "fdesouche" se félicitent que leur parole soit "entendue" et "se répande", il y a de quoi s'inquiéter, vraiment.
Mais pas pour toi, Ploum, oh non. Car dans ton article, l'électeur et le militant d'extrême-droite n'est que quelqu'un qui s'est trompé de voie. Quelqu'un qui s'est fourvoyé ou qui aurait abandonné son "intelligence", de manière temporaire, pour céder à l'argument facile. Un imbécile que toi, avec ton éducation supérieure et ta vision du monde parfait, peut remettre dans le droit chemin. Ce qui est très inquiétant, car selon l'INSEE et ton raisonnement, il va falloir vraiment se préparer à avoir un nombre de fafs extrêmement conséquent. À quel niveau situes-tu ta fameuse "éducation salvatrice" ? Le Bac ? Bac +2 ? Master ?
Dans quel cursus apprend-on à aimer son prochain sans discrimination ? En prépa où c'est "chacun pour soi" ? En école d'ingénieur sur concours ? Dans les grandes-écoles où le classement final est aussi important que le fait d'obtenir son diplôme ? Où sont les profs des cours de "vivre ensemble" que tu as eu la chance d'avoir et qu'un nombre non-négligeable de mes anciens camarades a apparemment séché ?
Tu oublies qu'on n'intègre pas de force quelqu'un à une communauté, et qu'on le fait seulement en écoutant et prenant en compte, à un certain niveau, ses idées et arguments. Et, donc, en reconnaissant ces arguments comme légitimes. Je refuse, contrairement à toi, de considérer la haine de l'autre comme un argument légitime.
Chapitre 8 : L'antifascisme, ce n'est pas ce que vous croyez
Pour finir, je dirais un mot sur l'antifascisme, que tu écris "antifaf" dans ton article (rien que l'écrire ainsi montre que tu ne connais rien au sujet, mais passons). L'antifascisme te fait peur. Pourtant, tel qu'il existe depuis hier et continue d'exister de manière moins centralisée aujourd'hui, il ne s'agit que d'une pensée luttant contre le racisme, le fascisme, l'antisémitisme, l'homophobie, etc. Les "violences" dont tu sembles avoir peur ne ciblent que les groupes de fafs organisant des ratonnades et autres tabassages d'opprimés. Si pour toi cette idée est insupportable, bien planqué dans ta tour d'ivoire de dominant, c'est quelque chose de quotidien pour beaucoup de gens. Il y a d'un côté la violence des dominants (que tu perpétues inconsciemment) et la "violence" des opprimés pour se défendre contre cette violence.
Si la non-violence est pour certains préférable à la violence dans la lutte contre l'oppression, il ne peut être reproché aux opprimés (et à leur alliés) de violemment faire face contre ces oppressions. Toujours montrer du doigt la soit-disant "violence" des opprimés sans remettre en question une seule seconde la violence du système actuel (ce que tu ne fais jamais) c'est être le complice, conscient ou inconscient, du système oppresseur. Quelqu'un d'aussi éduqué et supérieur que toi devrait pouvoir le comprendre.
Conclusion
Ton article est un exemple d'angélisme, de naïveté et de méconnaissance du sujet. La déconnexion totale entre ton discours et ce qu'il se passe tous les jours, le ton méprisant que tu adoptes contre ceux qui luttent contre la haine et les courbettes que tu fais aux idées d'extrême-droite font partie intégrante de cette tendance à considérer les postulats d'extrême-droite comme valides et recevables.
En attendant, les ratonnades d'extrême-droite continuent en Grèce et en Europe, des homos se font tabasser toutes les semaines en France pour leur sexualité, des femmes se font arracher leurs vêtements, se font insulter et tabasser jusqu'à perdre leur enfant, et les fafs fêtent leur progression idéologique sur les corps des antifas. Et ton article, face à tout cela, est tout simplement insultant et révoltant.
Alors tu es d'extrême-droite si tu en a envie, Ploum, mais tu seras bien gentil de me laisser en dehors de tes fantasmes.
Tags de l'article : je vais pas me faire que des copains
Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite entrée en matière s'impose afin d'essayer de ne pas se méprendre sur le contexte de ce billet. Je ne suis pas végétarien et je n'ai pas la volonté de le devenir, que ce soit à court, moyen ou long terme. J'ai en revanche parfaitement conscience des enjeux écologiques d'une surconsommation de viande, c'est pourquoi j'en réduis progressivement ma consommation. Je suis aussi sensibilisé à la question éthique liée à la consommation de viande d'autres êtres vivants. Et je suis pour l'ouverture de débats publics autour de la question. Une société avancée et civilisée, aussi avancée dans les sciences cognitives et sociales doit réfléchir et décider autour de ce sujet. Mais cela ne doit pas se faire avec des informations fausses ou biaisées.
Ceci étant posé, cet article ne traitera pas directement du végétarisme ; le végétarisme est la voie par laquelle il m'a été donné de constater une attitude qui me fait petit à petit détester les médias traditionnels.
Il y a une petite semaine, une personne que je suis sur Twitter a partagé un article sur le documentaire "L'adieu au steak". Si les premier et quatrième arguments sont bien recevables et que le troisième est recevable sous condition, j'ai tiqué sur le deuxième. En effet, à ma connaissance du moins, je n'ai jamais lu une étude sans biais prouvant que la consommation de viande rouge implique une augmentation de risque pour la santé. Cet argument n'est pas sans me rappeler un des piliers du "rapport Campbell" (je n'ai déjà pas fini de le lire que les études citées disent parfois l'inverse que ce que défend Campbell et les biais méthodologique sont légion, 20€ la fumisterie). J'en informe donc mon cher contact qui me cite donc un article de la BBC faisant l'analyse d'une étude de la Harvard Medical School, me rappelant au passage que la HMS n'est pas le "rapport Campbell" et qu'on peut difficilement la qualifier de "fumisterie". Et en effet, on ne peut pas prendre la HMS à la légère, c'est quand même du sérieux, c'est tout à fait vrai. Et la BBC aussi, on peut leur faire confiance dans leur interprétation, non ?
La BBC fait les choses bien et source directement l'étude, ce qui est appréciable depuis que l'humain est entré dans l'ère numérique. Les médias français ont tendance à être en retard sur ce principe élémentaire, exception culturelle oblige.
J'ai donc lu l'article de la BBC, et l'étude portant sur 120 000 personnes sur 28 ans semble sans appel : consommer de la viande rouge augmente les risques de décès de 13%, les risques cardiovasculaires mortels de 18% et les risques de cancer de 10% ; allez au delà de 20% pour les "viandes préparées".
Mais tout du long de l'article, quelque chose cloche. On avance des explications mais aucune causalité claire. La corrélation semble sauter aux yeux mais la causalité n'est citée nulle part. Or, et c'est là l'erreur régulière de Campbell, corrélation N'EST PAS causalité, comme vous le savez très certainement. Comme le disent mes nains : "we have to dig deeper"'.
Que dis donc cette étude ?
Qu'on observe une plus grande mortalité chez les personnes consommant plus de "viande rouge" que les autres avaient un risque accru de, grosso-modo, mourir. Est-ce à cause de la viande rouge ? L'étude est loin d'être catégorique :
Men and women with higher intake of red meat were less likely to be physically active and were more likely to be current smokers, to drink alcohol, and to have a higher body mass index. In addition, a higher red meat intake was associated with a higher intake of total energy but lower intakes of whole grains, fruits, and vegetables.
En clair : les personnes ayant un apport élevé en viande rouge sont moins susceptibles de faire de l'exercice et sont plus susceptibles d'être des fumeurs et buveurs d'alcool avec un IMC élevé, tout ça avec une moindre consommation de fruits, végétaux et céréales. Avouez tout de même que l'hypothèse de "la viande rouge tue" est déjà à prendre avec de grosses pincettes. Un peu plus loin dans le rapport de l'étude et son commentaire, on trouve des points intéressants, nuançant clairement le propos, mais non repris. Morceaux choisis :
Additional adjustment for saturated fat and cholesterol moderately attenuated the association between red meat intake and risk of CVD death
Several studies have suggested that vegetarians have greater longevity compared with nonvegetarians, but this might not be ascribed to the absence of red meat only.
The strengths of the present study include a large sample size, high rates of long-term follow-up, and detailed and repeated assessments of diet and lifestyle. All the participants were health professionals, minimizing potential confounding by educational attainment or differential access to health care. In addition, the FFQs used in these studies were validated against multiple diet records.
Because of the prospective study design, any measurement errors of meat intake are independent of study outcome ascertainment and, therefore, are likely to attenuate the associations toward the null.
because the participants were predominantly non-Hispanic white health professionals, the generalizability of the observed associations may be limited to similar populations.
L'étude est donc beaucoup plus prudente sur le sens et la portée à donner. Les commentaires qui sont faits de l'étude sont aussi très intéressants. Ainsi ne s'intéresse-t-on pas à ce que contient ladite viande rouge. Les productions industrielles produisent-elles la même viande qu'un fermier bio ? La conditions de stress des animaux abattus, leur bourrage aux antibiotiques et hormones ont certainement une influence sur la santé des consommateurs de ces viandes. L'étude ne fait aucune différence qualitative. Ceci pourrait expliquer pourquoi, alors que la consommation de viande des sujets étudiés a globalement chuté sur les presque 30 ans concernés, le risque a augmenté.
En clair, l'étude est plutôt à résumer comme étant "manger des fruits, céréales et légumes est bon pour la santé, ne fumez pas, ne buvez pas, et faites du sport, ne mangez pas trop de viande rouge" et est une ouverture sur des études nécessaires plus précises. La BBC (et tous les autres médias) résument ça en "la viande rouge est dangereuse pour la santé".
Alors la BBC reste tout de même relativement mesurée dans ses propos, mais le "glissement" est tout de même très présent, avec cette idée que seuls les chiffres sont porteurs de sens.
Tags de l'article : draft, je vais pas me faire que des copains, journalisme