Le cancre est là

Sarcasm is just one more service I offer.

Fermeture du blog

15/09/2015 - Commentaires fermés

Ce blog est désormais fermé.

Pas définitivement, et même sans interruption, puisqu'il s'agit juste d'un changement d'adresse.

Je passe à PluXML, et ça se passera désormais ici !

À très vite !

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Mozilla, tu fous quoi ?

27/05/2015 - 7 commentaires

Aaaaaah, Mozilla. Et ton navigateur phare : Firefox.


Téléchargez Firefox


À lire pléthore d'articles, tu commences à faire de la merde. HTTPS obligatoire, signature obligatoire des extensions, la publicité, etc. Que de mauvais choix, de l'avis général. Enfin, de l'avis général de personnes qui ne contribuent pas, principalement.

Mozilla, ta fondation à but non-lucratif prend une mauvaise tournure. Mettons de côté les histoires de pognon, on s'en fout du pognon, non ? Après tout, tes développeurs peuvent travailler gratuitement, et faire la manche dans le métro en rentrant du boulot, c'est ça l'implication, c'est ça la dévotion, c'est ça le LIBRE que diable ! On s'en fout de la monnaie lorsqu'on veut changer le monde, c'est bien connu. C'est d'ailleurs pour ça que la principale préoccupation de chacun, c'est le fric et que le monde ne change pas, non ?

À moins que...

Ah oui, pour faire de la qualité, il faut travailler, et le travail se paye. En plus, tu as une certaine vision du travail, une certaine politique sociale, parce que changer le monde, c'est commencer par se changer soi-même. Et dans un monde capitaliste, c'est très dur de ménager la chèvre et le chou, je sais. C'est le problème que rencontre chaque militant que veut changer les choses sans passer non plus sur le fait de vivre sa vie.

Ton gros problème, Mozilla, c'est qu'une des pages les moins visitées doit être celle-ci. Combien de tes utilisateurs ont un compte pour donner leur avis sur ta plate-forme dédiée à cet usage ? Combien se sont inscrits à ta communauté ? Combien ont donné un peu d'argent ? Combien ont compris qu'un logiciel gratuit ne se fait pas sur du travail gratuit ? Combien se disent "que puis-je faire pour aider" ?

Combien de tes concurrents ouvre aussi facilement leur code source ? Aucun, évidemment. Combien de tes concurrents font de la pub pour leur navigateur ? Tous. Or l'esprit d'un navigateur ne peut se répandre que s'il est utilisé. C'est bien beau d'avoir une belle philosophie, mais si c'est pour que ça intéresse 3 clampins dans leur coin, ça ne changera jamais le monde. Car pour faire un monde plus libre et ouvert, il faut que les internautes soient libres, et ça ne peut se faire qu'avec un navigateur populaire et répandu. Et donc en trouvant un moyen de contrer les attaques de concurrents.

Mais tu es coupable, Mozilla. Coupable de cette vision. Même si, dans toute ton histoire et à chaque fois que tu as pris une décision controversée tout le monde disait "ça va finir comme ça", et que ça ne s'est jamais fini "comme ça".

Parce que tu restes farouchement accrochée à tes valeurs, ces valeurs qui devraient être les nôtres chaque jour.

Firefox est le meilleur navigateur que nous ayons. Il n'y a aucun doute là dessus. C'est un navigateur avec lequel nous sommes et restons libres. C'est le navigateur le plus avancé dont nous disposions sur ces critères.

Mais Mozilla, je vais te dire. Dans toute cette histoire et ce shitstorm qui se lève, c'est certainement moi le coupable. Sur tous ces sujets, je n'ai quasiment rien dit. J'attendais de voir. Je savais bien qu'il y avait quelque chose, mais je n'arrivai pas à mettre la main dessus. En fait, le problème, c'est que je ne me suis pas posé la question de savoir "comment faire pour que ça change ?". Pas une seconde. D'autres s'en chargent, après tout.

Or, et c'est bien là une de tes valeurs, Firefox (et tous les autres produits) ce n'est pas que toi, Mozilla. C'est nous tous. Ce navigateur est un bien commun, que tu défends avec les moyens que tu as, les moyens dont tu disposes dans un monde capitaliste.

Alors c'est peut-être à nous de faire notre part du boulot, en définitive. En contribuant, en installant Firefox partout, en expliquant pourquoi c'est bien non seulement comme logiciel mais comme esprit derrière le logiciel. En expliquant pourquoi, avec ce navigateur, l'internaute est plus en sécurité et dans le respect de sa vie privée qu'avec n'importe lequel autre. Pourquoi c'est important d'utiliser Firefox tout le temps. Et peut-être même donner un peu d'argent. Parce que si les 300 millions d'utilisateurs donnaient 10€ par an, tu n'aurais plus besoin de partenariat avec des entreprises dangereuses, tu n'aurais plus besoin de pub, plus besoin de prendre des décisions controversées pour continuer le combat.

Alors Mozilla, merci. Et continue comme ça. Parce que sans toi, nous n'aurions pas tous ces beaux et bons logiciels gratuits et libres qui nous aident à nous battre pour un meilleur monde numérique. Et pas seulement numérique d'ailleurs.

Ne change rien, c'est à nous de venir te soutenir.

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Où est Charlie ?

08/01/2015 - Commentaires fermés



Le 7 Janvier 2015, ça a été une journée de merde.

Je ne suis pas républicain, mais j'aurai attendu que les drapeaux ne soient plus en berne pour publier cet article. Et croyez moi, ça a été dur de tenir jusque là, la "période de décence" ne servant qu'à entériner un discours dominant qui marquera l'Histoire en gommant les autres, les divergences. Une "période de décence" concernant Charlie Hebdo, c'est quand même un comble. Et pourtant, ils ont été nombreux, ces "Charlie", à matraquer la moindre personne qui ne rentrait pas dans le rang, qui n'avait pas le bon discours, à balancer des "ta gueule" en guise de défense de la liberté d'expression.

Une journée de merde, oui. C'est le plombier qu'on avait appelé dans l'entreprise où je travaille qui l'a dit. Rien à voir avec l'attentat au siège de Charlie Hebdo hein. C'est juste qu'à 11h45, il se prenait une décharge de merde dans la gueule pendant que j'essayais de répondre à mon mobile sur lequel mon père m'appelait pour m'annoncer l'attentat. Comme quoi, les coïncidences...

J'ai attendu avant de publier ce billet parce qu'il est difficile d'avoir un discours différent dans des moments aussi intenses. Et que personne ne me demandait de me prononcer, contrairement à tous les musulmans de France et de Navarre à qui on ordonnait de prendre position. Des fois qu'on soit entouré de 5 millions d'ennemis sans le savoir, j'imagine. J'ai attendu parce que l'émotion est intense, mais que désormais l'émotion doit laisser la place à la réflexion. Et qu'il est largement temps d'arrêter les conneries.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il me semble important de préciser quelques petites choses. Bien évidemment, je suis horrifié et choqué par ce qui est arrivé. Je soutiens à 100% les familles et proches des victimes ainsi que les personnes survivantes dont certaines devront vivre avec un lourd poids, qui n'est pourtant pas de leur fait, ni de leur faute, ni de leur responsabilité, sur les épaules. Leur mort est absurde et horrible. Mais cette horreur ne doit en aucun cas nous couper de la critique, de l'analyse et de la réflexion. Et c'est ce dernier exercice dont il sera question ici.

De plus, je soutiens tout autant, si ce n'est plus, les personnes de confession musulmane qui subissent et vont continuer du subir une islamophobie débridée, les amalgames, les récupérations haineuses et qui vont et sont déjà la cible d'actes haineux, stupides et tout aussi absurdes que les actes perpétrés par les terroristes. Je pense aussi à toutes ces personnes qui n'ont pas la chance de faire "bien blanc fréquentable" qui subiront tout autant ces actes et propos ignobles. Je soutiens tout autant les personnes de confession juive qui sont victimes d'actes et propos d'un antisémitisme débridé.

Si vous êtes encore dans l'émotion, dans le ressenti, dans le choc, je ne peux que vous conseiller d'arrêter ici votre lecture, et de revenir plus tard, l'esprit plus libre, plus posé, ce billet ne bougera pas tout de suite.

Maintenant que les choses sont posées, nous pouvons commencer à rétablir quelques vérités, plus symboliques que factuelles.



Pour commencer, il me semble qu'on a commencé par se poser la mauvaise question. "Que veulent les terroristes ?". Le simple fait de se poser cette question n'est-elle pas un aveu d'échec ? Car, s'il est déjà délicat de prétendre connaître les motivations profondes d'un ennemi, le sous-entendu de la réponse est d'autant plus périlleux. En effet, en posant cette question, généralement dans un contexte de ne pas se conformer à la volonté de ces individus, on se définit par rapport à eux, on déterminera si une action est bonne ou mauvaise en fonction de leur volonté supposée. Pire, on cherchera instinctivement à faire l'inverse de ce qu'ils voudraient, leur conférant ainsi un grand pouvoir, celui de nous diriger, en tant que société, en négatif.

Honnêtement, je me fous de ce qu'ils veulent. Je me fous de savoir si, oui ou non, ce que je fais leur plais ou pas, les aide ou pas. La question qu'on devrait se poser, tous, sans exception, c'est "que voulons-nous, nous ?". Comment nous définissons-nous, en tant que société ? En tant que peuple ? Comment voulons-nous vivre ? Quelles sont nos valeurs ? Point.

Les valeurs que prétendent défendre tous ceux qui seraient "Charlie" aujourd'hui sont apparemment la liberté, le vivre ensemble, l'antiracisme. Pourtant, ils érigent en parangon de vertu un journal qui a fait son beurre sur l'oppression, ou, à tout le moins, sur la complicité de l'oppression. La satire, ce n'est pas taper sur tout le monde indifféremment, c'est taper sur le pouvoir en place, tourner en dérision un système, pour faire avancer la société. Taper indifféremment sur tout le monde, au motif que ce serait plus "égal", c'est contribuer à faire perdurer les oppressions, car on tape déjà sur des populations opprimées. Et on ne fait rien avancer. Et c'est ça, qu'était Charlie Hebdo, au moins depuis sa renaissance par Philippe Val en 1992 (la dérive sera lente mais certaine). Oui, Charlie Hebdo était raciste, oui Charlie Hebdo était sexiste, homophobe et islamophobe, pour ces raisons. Mais non, personne ne méritait la mort pour cela.

On veut nous faire croire que c'est la liberté d'expression qui a été attaquée. Rien n'est moins faux, les Zemmour, Houellebecq et autres haineux continueront d'être invités sur les plateaux télé, sans être inquiétés, désavoués ou mis face à leurs mensonges éhontés. Ils continueront de déverser leur haine, soyez-en certains, et demain plus que jamais. Car ce ne sont pas les terroristes qui menacent la liberté d'expression, mais la Loi. Seule la Loi peut limiter les libertés, et de ce point de vue, cela fait des dizaines d'années que nous perdons du terrain, dans l'indifférence quasi-générale. Où étaient tous les Charlie pendant SOPA, ACTA, la Loi sur la Programmation Militaire ? Combien de "Charlie" défendent le régime de la garde à vue ? Combien de "Charlie" usent du terme "droitdelhommiste" comme d'une insulte ? Combien de "Charlie" trouvent dégueulasse que la pire des raclures ait le droit à un avocat ? Combien de "Charlie" s'élèveront contre les lois liberticides à venir ?

Quelques imbéciles, refusant toute culture politique, appellent à s'en prendre à la cause du terrorisme... en s'en prenant aux pauvres et aux "sous-éduqués". Bien sûr, ces abrutis sont applaudis par d'autres abrutis désireux de conserver leurs privilèges et leur mode de vie. La cause du terrorisme, c'est principalement l'impérialisme, ce sont ces pays qui en envahissent et en attaquent d'autres pour leur prendre leurs ressources sous couvert d'y apporter la liberté et la démocratie. Avec le succès qu'on connaît. L'impérialisme crée 2 types de terroristes : ceux qui sont victimes de l'impérialisme, et ceux qui le défendent. Ces pays impérialistes, ce sont les USA, la France, l'Allemagne, Israël, le Royaume Uni, la Russie, etc. Sauf que pour remettre en cause l'impérialisme, encore faudrait-il en avoir conscience et donc accepter à la fois d'avoir une culture politique et aussi de remettre en cause notre société. Alors qu'il est tellement facile de s'en prendre à une frange de la population, les pauvres, pour changer. C'est tellement pratique d'oublier que, non, tous les terroristes ne viennent pas d'un environnement pauvre, qu'ils ne viennent pas tous de familles "défavorisées", qu'ils ne défendent pas tous une vision très particulière de l'Islam. J'en veux pour preuve Anders Breivik, qu'on oublie bien facilement et qui fit 77 morts. Enfin, lui, je suppose que ça compte pas, n'est-ce pas ? Après tout, les terroristes, ils sont pauvres, sous-éduqués, défendent l'Islam, n'est-ce pas ?

Il est, de plus, une distance absurde qui est mise entre les terroristes et nous-même. "Barbares", "monstres", voici comment ils sont qualifiés. Comment qualifier, alors, une société qui laisse des centaines de personnes mourir dans la rue de maladie, de froid, alors qu'elle a largement les moyens de l'éviter ? Comment qualifier une société où des centaines de milliers de personnes manifestent dans la rue contre une orientation sexuelle, contre une ouverture de droits à une partie oubliée de la population ? Comment qualifier une société où de jeunes trans* se suicident en raison de la violence qui est, pour elles et eux, la société d'aujourd'hui ? Comment qualifier une société qui remplace le mot "solidarité" par "assistanat" ? Comment qualifier une société qui surveille sa population sans contrôle d'un juge ? Comment qualifier une société qui vend des armes et des moyens de surveillance aux pires dictatures ? Comment qualifier une société qui ne considère pas le jet d'une grenade dans un kebab "d'attentat" ? Comment qualifier une société où une femme ministre noire est décrite comme étant une guenon ? Comment qualifier une société dont le premier ministre se laisse aller au pire racisme envers les Rroms ? Barbares, monstres, voici ce que nous sommes aussi.

Ce Dimanche est organisée une "marche républicaine". On vous promet qu'il n'y aura pas de récupération, bien évidemment. Mais organiser une marche républicaine pour des personnes qui se définissaient comme anarchistes, c'est déjà une récupération. Et comment ne pas qualifier de "récupération" l'organisation de cette marche ? Avec les partis politiques en tête et les journalistes et syndicats de journalistes DERRIÈRE eux ? Avec Netanyahou à sa tête, le grand boucher de la Palestine. Pas de récupération politique, vous dit-on. Et puisque l'émotion est tellement intense, l'esprit critique est en veille, s'il n'a jamais vraiment fonctionné. Unité nationale abrutissante, pour un journal qui, somme toute, défendait aussi l'anticonformisme. Ah, il est beau, "l'hommage".

Mais maintenant, que faire ? Je n'ai pas de solution absolue, mais il serait intéressant de prendre des positions fortes qui défendent les valeurs auxquelles nous devrions tous être attachés. Peut-être est-ce à nous d'aller vers nos concitoyens musulmans et leur dire "nous savons que vous n'avez rien à voir avec ces attentats". Peut-être qu'autant de personnes devrait défiler dans la rue chaque fois qu'on réduit une liberté. Peut-être que nous devrions mettre fin au capitalisme, source des terroristes. Peut-être que nous devrions arrêter d'avoir cette image du "vivre ensemble" qui ne serait qu'entre-soi. Peut-être que nous devrions cesser d'avoir peur des autres. Peut-être que nous devrions réellement défendre les mêmes droits pour toutes et tous plutôt que de continuer le deux poids deux mesures.

Tout bien réfléchit, oubliez ça. Ce n'est pas ce que nous devrions "peut-être" faire. C'est une nécessité.

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Crédits photos

Sylvain Collet
Kanichat

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[Traduction] Emma Watson : L'égalité des genres est aussi notre problème

22/09/2014 - 1 commentaire


Ce texte est une traduction en français du discours d'Emma Watson devant les Nations Unies.
Ce texte est publié sous la licence CC by-sa 4.0.
Les traducteurs ayant gentiment participé à l'établissement de ce texte sont : pierrecastor, v45h (vash+feminism AT v45h DOT org), Riff, OranginaRouge, Koemgun, Httqm et votre serviteur.


Aujourd'hui, nous lançons une campagne appelée «HeForShe» [NdT : LuiPourElle en francais].

Je viens vers vous car j'ai besoin de votre aide. Nous voulons en finir avec les inégalités de genre, et pour cela nous avons besoin que tout le monde soit impliqué.

C'est la première campagne de ce type aux Nations Unies : nous voulons rassembler et encourager autant de garçons et d'hommes que possible pour être les défenseurs d'une égalité des genres. Et nous ne voulons pas nous contenter d'en parler, mais faire en sorte que cela soit réaliste.

J'ai été désignée à ce poste il y a six mois et plus je parlais du féminisme, plus je réalisais que le combat pour les droits des femmes était trop souvent devenu synonyme de «haine des hommes». S'il y a une chose dont je suis certaine, c'est que cela doit cesser.

Pour mémoire, le féminisme est par définition : « la conviction que hommes et femmes devraient avoir les mêmes droits et des opportunités égales. C'est une théorie politique, économique et sociale de l'égalité des sexes.»

J'ai commencé à m'interroger sur les questions de genre lorsqu'à huit ans je n'ai pas compris le fait d'être qualifiée de petit « caïd », parce que je voulais diriger les pièces de théâtre que l'on préparait pour nos parents, alors que les garçons ne l'étaient pas.

Lorsque j'avais quatorze ans, j'ai commencé à être sexualisée par des articles de presse.

À quinze ans, mes amies ont commencé à quitter leurs équipes de sport car elles ne voulaient pas être trop « musclées».

Quand j'ai eu dix-huit ans mes amis du sexe opposé étaient dans l'incapacité d'exprimer leurs sentiments.

J'ai décidé de devenir féministe et cela ne m'a pas semblé compliqué. Mais mes récentes recherches m'ont montré que le mot féminisme a une connotation négative.

Apparemment, je fais parti des femmes dont l'expression est perçue comme trop forte, trop agressive, isolante, contre les hommes et peu attrayante.

Pourquoi ce mot met-il tant mal à l'aise ?

Je viens d'Angleterre et je pense qu'il est juste qu'en tant que femme, je sois payée de la même façon que mes équivalents masculins. Je pense qu'il est juste que je puisse prendre des décisions à propos de mon propre corps. Je pense qu'il est juste que des femmes me représentent au sein des instances politiques de mon pays. Je pense qu'il est juste que l'on m'accorde socialement le même respect que celui attribué aux hommes. Mais malheureusement je dois dire qu'il n'y a aucun pays au monde où toutes les femmes peuvent s'attendre à recevoir ces droits.

Aucun pays dans le monde ne peut dire qu'il a atteint l'égalité des genres.

Ces droits, je les considère comme les droits humains, mais je suis parmi les plus chanceuses. J'ai une vie de privilégiée car mes parents ne m'ont pas moins aimée parce que j'étais une fille. Mon école ne m'a pas bridée parce que j'étais une fille. Mes mentors n'ont pas supposé que j'irai moins loin car potentiellement je donnerai la vie à un enfant un jour. Toutes ces personnes influentes ont été les ambassadeurs de l'égalité des genres qui ont fait ce que je suis aujourd'hui. Ils ne le savent peut-être pas, mais ce sont des féministes qui s'ignorent. Et nous avons besoin de plus de personnes comme eux. Et si vous haïssez toujours le mot, et bien ce mot n'est pas le plus important, ce qui est important c'est l'idée et l'ambition qu'il y a derrière. Parce que toutes les femmes n'ont pas eu la chance d'avoir les même droits que moi. En réalité, statistiquement, très peu ont eu cette chance.

En 1997, Hilary Clinton a prononcé un discours célèbre à Pékin à propos des droits des femmes. Malheureusement, beaucoup des changements qu'elle voulait apporter ne sont toujours pas effectifs aujourd'hui.

Mais ce qui pour moi ressortait le plus était que seulement un tiers de son audience était masculine. Comment pouvons-nous affecter les changements du monde si seulement la moitié de la population est invitée ou se sent bienvenue à participer à la conversation ?

Messieurs, je voudrais saisir cette opportunité pour étendre votre invitation. Les inégalités de genres sont aussi votre problème.

Parce que jusqu'à ce jour, j'ai vu le rôle de mon père en tant que parent être sous-évalué par la société bien que j'ai eu besoin de sa présence autant que de celle de ma mère.

J'ai vu de jeunes hommes souffrant de problèmes psychologiques incapables de demander de l'aide, par peur d'avoir l'air moins « macho». En réalité, au Royaume-Uni, le suicide est la première cause de mortalité des hommes entre 20 et 49 ans, et surpasse les accidents de la route, le cancer et les maladies cardiovasculaires. J'ai vu des hommes fragilisés et manquant de confiance par une vision distordue du succès masculin. Les hommes non plus ne bénéficient pas de l'égalité.

Nous ne parlons pas souvent des hommes emprisonnés par les stéréotypes de genres mais je peux voir qu'ils le sont et que quand ils en seront libres, les choses changeront pour les femme de façon naturelle.

Si les hommes n'ont pas besoin d'être agressifs pour être acceptés, les femmes ne se sentiront plus obligées d'être soumises. Si les hommes n'ont pas à contrôler, les femmes n'ont pas à être controlées.

Aussi bien les hommes que les femmes devraient se sentir libre d'êtres sensibles. Aussi bien les hommes que les femmes devraient se sentir libre de se sentir fort. Il est temps que nous percevions le genre comme un éventail et non comme deux ensembles d'idéaux opposés.

Si nous arrêtions de définir les autres par ce que nous ne sommes pas et que nous commencions par nous définir par ce que nous sommes ; nous pourrions tous être plus libres et c'est l'objectif de HeForShe. Cela concerne nos libertés.

Je veux que les hommes reprennent le flambeau. Que leurs filles, leurs sœurs et leurs mères puissent être libres de préjugés, mais aussi que leurs fils puissent avoir la permission d'être vulnérable et humains, et qu'ils revendiquent ces parts d'eux-même qu'ils ont abandonné, et qu'ainsi ils soient des versions plus honnêtes et plus complètes d'eux-même.

Vous devez penser : « qui est cette fille d'Harry Potter ? Et que fait-elle sur la scène des Nations Unies ? » Ce sont de bonnes questions, et croyez-moi, ces questions, je me les suis posées. Je ne sais pas si je suis bien qualifiée pour être ici. Tout ce que je sais, c'est que je me préoccupe de ce problème. Et je veux le résoudre.

Ayant vu ce que j'ai vu, et la chance m'étant donnée d'en parler, je pense que c'est mon devoir de dire quelque chose. L'homme polititique Edmund Burk a dit : « la seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes et des femmes de bien. »

Durant la préparation angoissante de mon discours et les moments de doutes, je me suis rappelé fermement : « Si je ne fais rien, qui le fera ? Si je ne le fais pas maintenant, quand cela se fera-t-il?» Si vous avez des incertitudes similaires lorsque des opportunités se présentent à vous, j'espère que ces mots vous seront utiles.

Car la réalité est telle que si nous n'agissons pas maintenant, cela prendra 75 ans — et je serais presque centenaire — avant d'espérer que les femmes soient payées l'équivalent des hommes à travail égal. En seize ans, 15,5 millions de filles vont être mariées dès leur enfance. À cette vitesse, ça ne sera pas avant 2086 que les femmes africaines rurales pourront aller au lycée.

Si vous croyez dans cette égalité, vous êtes peut-être l'un de ces féministes qui s'ignore dont j'ai parlé plus tôt.

Et pour cela je vous applaudis.

Nous luttons pour un monde uni, mais la bonne nouvelle est que nous avons un mouvement unificateur. Il s'appelle HeForShe.

Je vous invite à allez de l'avant, à vous faire entendre, à être cet homme pour cette femme. Et à vous poser cette question : « Si vous ne faîtes rien, qui le fera ? Si vous ne le faîtes pas maintenant, quand cela se fera-t-il ? »

Merci.

Ce texte est publié sous la licence CC by-sa 4.0 logo CC by-sa 4.0.

Lien vers le framapad de traduction

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Le travail

14/04/2014 - 10 commentaires

J'inaugure une nouvelle catégorie "À la poursuite de Keynes". Il ne s'agit pas là de faire une thèse sur le sujet, mais de survoler les notions essentielles, les concepts impliqués et comment ils s'articulent ensemble pour former le monde d'aujourd'hui.

Parce que, bon, j'avais envie de parler de la fumisterie keynésienne. Mais avant cela, il faut savoir ce qu'est le salaire.

Je me suis donc dit que j'allais parler du salaire. Mais on ne peut pas parler du salaire sans parler du travail salarié.

J'allais donc attaquer le travail salarié, mais on ne peut pas bien le faire sans parler du travail en général.

Alors, bordel, qu'est-ce que le travail ? Vaste question qui prend racine chez nos aïeux latins : le tripalium, instrument de torture à trois pieux. Le verbe travailler vient de "tripaliare" : torturer avec le tripalium. C'est bien joli, mais ça ne nous dit pas grand chose.

On pourrait dire que le travail comprend 2 des 6 facteurs de production du capitalisme : la force de travail et le capital humain (connaissances, formation, expérience, etc.) ; pour ensuite parler de capital physique, naturel, immatériel, etc. Mais ça serait chiant et on larguerait beaucoup de monde au passage, alors que, bon, déjà qu'il n'y en a pas beaucoup qui viennent se perdre ici, alors si c'est pour qu'ils se cassent en courant...

Alors, bon, SIMPLEMENT, qu'est-ce que le travail ? Mettons de côté la définition physique du terme pour nous pencher sur le travail humain, au sens socio-économique.

Étonnamment, comme le tripalium, on peut diviser la notion de travail en 3 grands pieux grandes catégories, relatives au contexte de l'usage de la force de travail d'un être humain :

- le travail forcé
- le travail subordonné
- le travail libre

Penchons nous donc sur ces 3 notions.

Le travail forcé


A priori, le travail forcé, c'est une notion simple, tout le monde voit ce que c'est. Il s'agit d'un travail qu'on est forcé d'effectuer, sans contre-partie. On pourrait penser que le travail forcé a disparu de nos contrées, pourtant il n'en est rien.

S'il est vrai que la corvée (au sens médiéval du terme) commence à disparaître dès la fin du XIe siècle avec l'utilisation étendue de la monnaie, elle ne disparaîtra totalement en France qu'en 1789, avec la fin du système féodal. On retrouve les stigmates de ce temps dans des expressions comme "corvéable à merci". Une corvée qui était mal ou pas exécutée se voyait punie, assez sévèrement.

L'esclavage, qui mettra bien plus de temps à disparaître, en est une autre forme. Il n'a d'ailleurs pas encore tout à fait disparu. L'esclavage se repose sur les esclaves, des êtres humains privés de toute liberté, considérés comme des biens matériels. La différence fondamentale avec une chaise, par exemple, c'est que l'esclave possède une force de travail, qu'il est tenu de mettre au service de son propriétaire. Il est d'usage d'apporter les moyens de survie à ses esclaves : nourriture et abris. Rarement plus. Parfois moins. Il n'était pas rare qu'un esclave qui n'était pas assez productif soit exécuté, ou laissé à l'abandon. De sorte que le seul choix possible était "le travail ou la mort".


Travaux forcés de prisonniers en Caroline du Sud - 1934


Un autre travail forcé se retrouve sous forme de sanction pénale : il s'agit bien sûr des travaux forcés, ou travaux d'intérêt général (TIG) en France. L'idée est ici de proposer à un condamné de payer la dette qu'il a envers la société par sa force de travail. On retrouve cette notion dans certaines BD, comme Lucky Luke où les Dalton cassent des cailloux, le boulet au pied. Aujourd'hui, les TIG prennent la forme de travaux de voirie, de travail associatif, etc. Si le TIG n'est pas accepté, c'est la prison ou l'amende (selon les cas). C'est en général la facette du travail forcé qui paraît la plus légitime, et la seule à avoir cours légal en Occident.

Ça, c'est pour la partie facile. Passons à un morceau un peu plus corsé...

Le travail subordonné


Si je vous dis "travail subordonné", vous pensez sans doute au salariat, à une hiérarchie, etc. Et bien non. C'est un tout petit peu plus complexe que ça. Commençons par faire peur avec une définition marxiste. Nous allons donc parler du travail subordonné à la valorisation d'un capital. Bouh !

Pour faire un peu plus simple, le travail subordonné est en fait subordonné à la production d'un bien ou d'un service grâce à des moyens de production qui appartiennent à une personne (morale ou physique) privée.

C'est pas plus simple ? Non ? Alors faisons TRÈS simple. Le travail subordonné, c'est produire un bien ou un service dont la méthode, la machine et/ou la finalité ne vous appartiennent pas, au profit d'une autre personne. Le plus souvent dans des conditions imposées qu'on ne vous propose pas de négocier. En clair, vous fournissez votre force de travail en échange de quelque chose. Ce quelque chose, c'est dans l'immense majorité des cas, un salaire, dont nous verrons la nature exacte dans un autre article.

Le travail subordonné est donc le travail qui augmente la valeur des possessions d'un autre. Une toute petite partie de cette valorisation revient à celui qui a fournit le travail. Le travail subordonné, c'est le travail que vous ne décidez pas. Vous ne décidez pas de comment vous l'accomplissez, pourquoi vous l'accomplissez et comment il sera utilisé. Le travailleur subordonné donne sa force de travail pour un usage dont il n'a pas la maîtrise. Il est, de fait, soumis à une triple subordination (qui a dit "tripalium" ?) :

- une subordination de hiérarchie (en immense majorité constituée d'autres travailleurs subordonnés) qui est destinée à s'assurer du plein contrôle de la force de travail ;
- une subordination de moyen, car l'employé, ne disposant pas de moyens de production propres, est soumis à la bonne utilisation de l'outil de travail qu'on lui fournit, selon des règles qu'on lui impose, sans négociation, et parfois au péril de sa propre vie ;
- une subordination de production de valeur ajoutée, qui est la finalité de son travail, c'est à dire que son travail sera valorisé par la suite, au dessus de ce qu'il touchera en échange, la différence allant dans les poches du possesseur des moyens de production.


Une usine


Le travail subordonné est très ancien mais ne prend vraiment pied en France qu'aux alentours de 1789, avec la fin du féodalisme et la montée de la bourgeoisie et du capitalisme industriel. Il ne prend la forme du salariat moderne qu'au début du XXe siècle avec la fin des contrats de louage et la création du contrat de travail. Le contrat de louage supposait une égalité entre le patron et l'employé alors que le contrat de travail reconnaît la position de domination du patron sur l'employé et pose ainsi la première pierre de la protection de ce dernier. Nous sommes bien dans la subordination, totale, le contrat de travail reconnaissant, de fait, l'aliénation de l'employé au patron.

Aujourd'hui, le travail subordonné, sous la forme du salariat, représente 91+% des actifs en France (source INSEE - 2012). Si ça marche si bien, c'est que c'est un des meilleurs moyens pour valoriser un capital, après le travail forcé.

Sur les deux types de travail que nous venons de voir, aucun ne nous appartient. Est-ce à dire que le travail ne nous appartient pas ? Cette question tombe (étrangement) à pic car nous allons désormais aborder la dernière catégorie de travail, certainement la plus plaisante.

Le travail libre


Le travail libre, ça sonne bien, mais qu'est-ce ? Demandez autour de vous ce qu'est le travail libre, et vous aurez une chance sur deux pour qu'on vous réponde "un travail librement consenti". Raté.

On pourrait résumer le travail libre comme étant du travail non forcé et non subordonné. Cette définition par exclusion, si elle a le mérite d'être rapide, empêche cependant de se pencher sur ce qu'est réellement le travail libre.


La Liberté guidant le peuple - Eugène Delacroix
La révolution, du travail libre ?



Le travail est libre si votre force de travail est utilisée de la manière dont vous le décidez, aux fins que vous voulez, pour une production qui vous appartient. Il est donc inacceptable, pour un grand capitaliste, que cette force de travail n'aille pas à la valorisation de son capital. Et pourtant, du travail libre, il y en a partout.

Les professions libérales, où la force de travail est mise au service de la personne qui fournit cette force et dont le produit lui revient, c'est du travail libre.

Mais le travail libre, ce n'est pas forcément un métier exercé en échange d'argent ou dans un but marchand.

Le jardinage dans votre jardin, par exemple, c'est du travail libre. Encore faut-il posséder une terre. Le bricolage, c'est du travail libre. Un potager, c'est du travail libre.

Mais allons encore plus loin.

La retraite, c'est du travail libre : vous êtes payés pour effectuer ce que vous désirez, comme vous le désirez, au moment où vous le désirez.

Les congés payés, ironiquement, ça peut aussi être du travail libre.

Ce site, c'est du travail libre.

Mais si je donne ici des exemples, ils ne sont pas exhaustifs, loin de là. D'ailleurs, un travail donné peut-il appartenir à plusieurs catégories ?

Une seule catégorie pour un travail ?


En effet, est-ce que le travail entre dans une catégorie selon ce qu'il produit ? Le fait de construire une voiture est-il nécessaire du travail subordonné ? L'Histoire n'est-elle pas pleine d'exemples de travaux forcés devenus subordonnés ? La récolte du coton, la construction de routes, etc.

Nous sommes donc en droit de nous demander si c'est la nature du travail en lui même qui fait qu'il serait forcé, subordonné ou libre.


Après le travail - Evariste Carpentier


Les coopératives ouvrières sont l'exemple type du travail libre : les outils de production, les décisions et la production appartiennent à ceux qui fournissent leur force de travail. Ainsi la construction de voitures n'est donc pas forcément un travail subordonné, ni la production d'acier, ou le développement logiciel, ou encore la recherche, ou bien l'entretien des voiries. Le fait de faire du travail subordonné le modèle dominant est un choix politique, proposé et appuyé par ceux qui détiennent déjà les moyens de production, à leur seul avantage.

La volonté de cacher et d'empêcher le travail libre tient au fait que si les employés commencent à effectuer leur métier sous forme de travail libre, les grands détenteurs de capitaux n'auront bientôt plus de force de travail pour valoriser leur capital. Lorsque cette force de travail exploitée représente plus de 90% de la force de travail disponible d'un pays, je vous laisse imaginer l'ampleur du désastre pour lesdits capitalistes.

Conclusion


Voilà comment on peut présenter et analyser le travail, selon ces 3 grandes catégories. Si le travail subordonné représente aujourd'hui l'essentiel du travail rémunéré et reconnu, l'omniprésence du travail libre dans la quasi-indifférence donne une indication sur la capacité des détenteurs des moyens de production à imposer leur vision des choses. Pourtant "tout travail mérite salaire". Quelle est donc la nature de ce salaire, propre non pas au travail, mais au seul travail subordonné ? Quelle est sa fonction ? D'où vient-il ? Que représente-t-il ? Est-ce à ce point une charge pour "l'entreprise" ?

La suite au prochain épisode...

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Crédit photo : Wikimedia
Librement et vaguement inspiré par la SCOP Le Pavé

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Pourquoi le tirage au sort est une fausse bonne idée démocratique

25/03/2014 - 10 commentaires

En cette période d'élections, il est d'usage de remettre en cause les modalités de vote, la République et de savoir si elle est démocratique ou non.

Ce n'est pas de cela dont il sera question ici, mais d'un mode de scrutin voulu démocratique : le tirage au sort.

Ce mode de scrutin est, dit-on, directement issu de la démocratie athénienne, et qui mieux que les athéniens savaient ce qu'était la démocratie ? En effet, tout le monde sait que ce sont les grecs, et en particulier les athéniens, qui ont inventé la démocratie, et que si on veut une vraie démocratie, c'est sur les inventeurs de celle-ci qu'il faut se reposer. Un peu comme s'il fallait demander à Rudolf Diesel comment faire en sorte que son moteur pollue moins. Oui, la pollution est une problématique actuelle, mais hey ! C'est lui qui a inventé le Diesel, il devait bien savoir ! Cette volonté de "retour aux sources" est exacerbée en période de crise mais apporte très peu de solutions.

J'en profite pour tordre le cou à quelques fantasmes autour, justement, de cette sacro-sainte "démocratie athénienne" qui devrait tant servir de modèle. Rappelons donc que si cette démocratie semblait fonctionner si bien, c'est entre autres parce qu'elle était basée sur l'esclavage (ainsi le citoyen pouvait s'adonner à la vie de la Cité sans crainte) et que la citoyenneté était refusée aux femmes et aux étrangers et qu'ainsi donc le nombre de citoyens était strictement contrôlé. Mais surtout, ce modèle démocratique a été instauré par l'aristocratie pour limiter les volontés de la toute naissante petite bourgeoisie. Ça limite tout de même vachement l'attrait du bousin quand même...

D'autres préfèrent citer Montesquieu, qui arriva bien après la démocratie athénienne et qui, si on ne lit qu'une toute petite partie d'un bout d'un de ses livres semble dire que le tirage au sort, c'est la vraie démocratie, et que le vote par choix permet de faire perdurer l'aristocratie. On parle bien de Montesquieu, le chantre de l'alliance entre aristocratie et bourgeoisie contre les volontés populaires... En effet, le peuple ne serait pas apte à se gérer lui-même, selon lui. Ce sont ses mots. Au temps pour le "modèle démocratique". Même si Montesquieu ne dit pas que des conneries hein, mais le prendre comme modèle pour libérer le peuple de l'emprise de l'aristocratie et de la bourgeoisie, c'est limite limite.

Maintenant que les références sont mises en perspective, attaquons nous au problème. Pourquoi est-ce que le tirage au sort est une fausse bonne idée ? Pour résumer, c'est une fausse bonne idée parce qu'elle résout tout, sauf les problèmes de la démocratie actuelle. Et voici pourquoi.

Une urne électorale
Une urne électorale


Tout d'abord, symboliquement (et les symboles sont importants), ce serait abandonner l'idée de souveraineté du peuple et y mettre à la place la souveraineté du hasard. En effet, ce ne serait plus le citoyen qui déléguerait, en son âme et conscience, son pouvoir souverain à une autre personne, mais le hasard qui dirait "cette personne dirige telle autre". C'est l'essence même de l'autoritarisme.

On pourrait rétorquer que ce ne serait pas pour "diriger" mais pour "représenter". La différence est importante : le dirigeant donne des ordres qui doivent être appliqués, le représentant porte la parole et la volonté de celui qu'il représente auprès des autres et défend ses intérêts. Or, qui mieux que la personne elle-même sait quels sont ses intérêts ? User du hasard pour dire "cette personne te représente" sans rien savoir de ce que pense réellement ledit représentant est une absurdité sans nom. Peut-on dire qu'un représenté qui ne sait rien de son représentant est légitimement représenté ?

À cela on répondra que l'idée de "représentation" de la démocratie par tirage au sort vient du fait que prendre des gens au hasard dans la population permettra de faire un "panaché" des idées de la population. Rien n'est plus faux au sens scientifique du terme : le hasard ne garantie RIEN si ce n'est que les éléments sont pris... au hasard. Absolument rien ne garantie que les différents courants de pensée, les différentes idées, etc. seront représentées dans les mêmes proportions par le hasard. Et d'autant plus en fonction du point suivant.

Car qui sera tiré au hasard ? Tout citoyen pourra être "élu" ? Quelle légitimité a un tel système pour imposer une telle charge non-désirée à n'importe qui ? Là encore, faire porter une fonction avec d'aussi grandes responsabilités de manière arbitraire à quelqu'un qui ne le désire pas, c'est de l'autoritarisme. L'autre inconvénient de ce système, au delà de sa mécanique autoritaire, est qu'une personne qui ne désire pas cette charge cherchera par tous les moyens à s'en débarrasser et, inconsciemment, à la faire porter sur un autre. On se retrouvera avec pléthore de citoyens désignés qui ne chercheront qu'à prendre conseil auprès du premier venu pour expédier leur charge. Vous qui cherchiez à vous débarrasser des lobbies, c'est raté...

Dans ce cas, on imagine un système sur base de volontariat. Les citoyens qui désirent être porteurs de cette charge n'auront qu'à se déclarer, et ce sont eux qui seront tirés au sort. C'est déjà plus juste non ? Sauf que pour se dire ça, il faut déjà s'en penser capable. Or l'humain qui n'est pas sûr de son fait, c'est à dire qui n'a pas le niveau d'éducation/culture suffisant pour comprendre et embrasser une telle charge, aura tendance à laisser les autres faire. Après tout, il y a plus qualifié pour ce boulot...

On objectera qu'il n'y aura qu'à éduquer les citoyens. Certes. Mais qui votera ces lois pour éveiller tous les citoyens à ce mode de fonctionnement ? On ne fera donc que reproduire encore et encore le schéma oligarchique actuel, car ce système déclaratif ne mettra pas tout le monde sur un strict pied d'égalité et que seuls les cultivés actuels se présenteront, et que les chances de voir des lois mettant en place des systèmes efficaces d'éducation du peuple afin qu'il embrasse cette nouvelle citoyenneté sont encore plus infimes qu'aujourd'hui.

Au final, donc, la démocratie par tirage au sort ne mènera qu'à un système injuste et autoritaire, ou à un système égal à l'oligarchie actuelle.

Le tirage au sort ne règle en rien les problèmes profonds de la vieille démocratie.

Alors quoi ? On laisse tout en plan ? Pas forcément. Il existe des systèmes de représentation qui ont fait leurs preuves, qui permettent d'éviter la corruption par le pouvoir, qui sont égalitaires et qui permettent aux citoyens de s'émanciper et d'embrasser la vie de la Cité. Alors non, ces modèles ne prennent pas forcément appui sur la sacro-sainte démocratie athénienne. Non, ils ne sont pas vieux de plusieurs milliers d'années. Mais en même temps, être vieux de plusieurs milliers d'années n'est pas un gage de qualité, c'est juste un sophisme.

Un de ces modèles, c'est par exemple la Commune de Paris. Ce modèle de société comporte plusieurs points intéressants, qui règlent les problèmes de la démocratie actuelle, qui conserve la souveraineté du peuple et qui est réellement représentatif. Quelques caractéristiques, comme ça, au pif :

- mandat impératif et révocable : le peuple élit ses mandataires ("représentants") et les mandate pour une tâche précise, définie dans la durée. Ce mandat peut être révoqué par ceux qui ont élu le mandataire.
- toute personne qui œuvre pour et dans la Cité est citoyen.
- interdiction de cumul des mandats
- élection des fonctionnaires au suffrage universel
- création d'un habeas corpus (si vous ne savez pas ce que c'est, demandez à Maître Eolas)
- mise en place de l'éducation populaire en plus des structures "traditionnelles" d'enseignement

En clair, un vrai gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Et non un gouvernement du peuple, par hasard, pour on ne sait qui ou quoi.

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Cher⋅e⋅s soralien⋅ne⋅s

18/02/2014 - Commentaires fermés

Cher⋅e petit⋅e soralien⋅ne,

Tu n'aimes pas lorsque je relève que ton idole/maître à penser/guide est un nazi alors qu'il le dit lui même. Tu fais des circonvolutions pour m'expliquer que, non, il n'est pas nazi, il est "juste national-socialiste".

Peut-être as-tu manqué quelques cours, ou les as-tu oubliés ? Il est aussi probable que ton idole/maître à penser/guide, lors de ses longs monologues masturbatoires sur son canapé dont tu es si friand⋅e, t'ait fait oublier quelques "points de détail"...

Je le dis et je le répète donc, pour la dernière fois, et ce billet servira de point d'arrêt à tout débat sur le sujet. Être national-socialiste, c'est être nazi. Il n'y a pas à tortiller du cul. Il aura beau essayer de redéfinir ce qu'est le "national-socialisme", ça n'en reste pas moins du nazisme. Et quand on fraye avec des gudards pour former Égalité & Réconciliation, faut vraiment être con⋅ne pour penser que son "national-socialisme" serait autre chose que du national-socialisme. Vouloir faire croire que le "national-socialisme" n'est pas synonyme de nazisme, c'est une des étapes pour faire accepter cette horreur. Car les mots sont importants et la première des batailles. Et face à ça, il n'y a que la fermeté.

National-socialisme = nazisme. C'est un synonyme. C'est comme ça.

Point.

Maintenant, cher⋅e soralien⋅ne, si tu persistes à vouloir continuer de m'expliquer que, non, Soral n'est pas un nazi et patati et patata, ce qui suit est ma réponse à ton endoctrinement.

















Cordialement.

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Euthanasie : dignité vous avez dit ?

02/11/2013 - 5 commentaires

Je ne cache pas ma proximité avec les communistes, notamment en raison de la base marxiste qui nous est commune. Mais il y a plusieurs sujets sur lesquels je suis en profond désaccord. La "valeur sacrée travail", pour commencer, qui est certainement la principale raison de mes divergences. Et puis des sujets que certain⋅es peuvent considérer comme périphériques mais qui sont pour moi importants : la prostitution, la GPA et l'euthanasie. C'est sur ce dernier point que je vais me pencher dans cet article.

L'euthanasie, ou "droit de mourir dans la dignité", est présentée comme une avancée sociale, démocratique, comme étant un combat pour une nouvelle liberté individuelle, "l'ultime liberté" comme le prétend l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). Comment ne peut-on pas être séduit par la capacité à maîtriser les conditions de sa propre fin de vie ?

C'est tellement plaisant et ça sonne tellement "avancée sociale" que l'actuel Président en a fait son engagement 21. Mais, chers lecteurs, ceci est un mythe, et voici pourquoi.

La mort, l'ultime frontière

Cette question de l'euthanasie pose évidemment la question de notre rapport à la mort. La mort est la démonstration ultime de l'impuissance de l'être humain, la fatalité (au sens premier) de sa propre vie. L'humain ne cesse de vouloir échapper à la mort, et la société est à cette image : la mort est exclue de nos sphères, c'est un tabou, un épouvantail, un danger et certainement le plus grand moteur de nos superstitions et de nos peurs. La mort rappelle à l'humain qu'il est mortel, qu'il ne peut régner en tout-puissant et qu'il ne contrôle pas tout. Et c'est bien ce contrôle ultime, quintessence de la toute puissance de l'individu, que la société individualiste entend s'approprier.

Une société où tout, en définitive, serait calculé, maîtrisé, arrangé, géré, ordonné, jusqu'à la mort elle-même. L'euthanasie serait ainsi la capacité de mourir tout en restant maître de tout, c'est à dire mourir en tant que tout-puissant, et donc, quelque part, mourir immortel.

L'individu et sa toute puissance

Dans notre société individualiste, narcissique, on nous apprend, dès tout petit, que l'individu existe en dehors du groupe, qu'une "identité" de chaque personne existe tout de même si on en retire tout ce qui vient des Autres et des interactions avec autrui. Cette thèse est un des piliers fondateurs de l'idéologie libérale au sens large : l'existence d'un individu unique, indépendant, d'identité propre et d'un groupe qui ne serait que la somme de ces individualités. Cette idée d'existence d'un "soi profond", d'une sphère privée inviolable, entièrement indépendant de toute interaction et apport extérieur est la source des problèmes identitaires individuels (sentiment de "vide intérieur", dépressions, etc.) qui fleurissent dans notre société. C'est aussi la raison du glissement social qui s'opère lentement : on ne cherche plus à construire une société sur la base d'une opposition entre ce qui est interdit et autorisé (c'est à dire la Loi comme fondement de la société), mais entre ce qui est possible et ce qui est impossible (ce que l'individu est dans la capacité de faire ou non).

C'est donc cette illusion à la fois d'une unicité indépendante intime et de limites définies par les seules capacités de l'individu que naît cette illusion de toute-puissance dont la seule limite est la mort, qu'il faut donc maîtriser aussi.

La société actuelle étant fondée sur ces idées, voici donc l'euthanasie présentée comme un droit, une nouvelle liberté : la maîtrise de la mort elle-même, la victoire de l'individu tout-puissant. C'est dans cet esprit d'un "droit de la sphère privée" qu'est défendue l'euthanasie.

Nier le tiers pour mieux pouvoir défendre l'indéfendable

Les mots sont importants et il est intéressant de voir à quel point les termes employés pour défendre l'euthanasie font tout pour nier l'existence d'un tiers : droit à mourir dans la dignité, suicide assisté, etc. Ce dont il n'est jamais question, c'est bien du tiers qui va porter la responsabilité de la mort. Cette négation d'autrui s'explique par ce fameux fantasme de toute puissance de l'individu : ce fantasme pose que le monde (et donc autrui) se plie à la volonté de l'individu ("le client est roi", etc.). Le tiers impliqué dans la mort de l'individu euthanasié n'est donc plus considéré comme un humain mais comme un simple outils au service de l'individu. Remarquez au passage que considérer l'humain comme un simple outils n'a rien de neuf dans notre société.

Tous les argumentaires de défense de l'euthanasie nient le fait qu'un tiers humain est nécessairement impliqué dans le processus d'euthanasie, et que c'est ce tiers qui portera nécessairement la responsabilité de la mort.

Le suicide ou l'euthanasie : quelle différence ?

Lorsqu'un individu se suicide, il fait acte de cette toute puissance. Vous vous demanderez donc, chers lecteurs, pourquoi, dès lors, ne pourrions-nous pas faire ça dans un cadre contrôlé, puisqu'au final il y aura toujours un cadavre à gérer ? Surtout si, en plus, ça peut éviter des retards dans les transports en commun...

Jusqu'à présent, la société a toujours souligné la nécessité d'empêcher le suicide. En effet, toute personne se doit de porter assistance à quelqu'un qui se trouve en danger de mort, sans pour autant mettre en danger sa propre vie. Or le suicide est, de fait, un danger de mort, et toute personne pouvant l'empêcher en a le devoir. Autoriser l'euthanasie, c'est modifier ce rapport, et en plusieurs points.

Lorsqu'une personne se suicide, elle fait acte de toute-puissance, mais elle le fait seule. L'euthanasie, sous quelque forme qu'on l'envisage, implique un tiers. Si on peut arguer que la fin de vie est une question uniquement personnelle et que la société n'a pas à s'en mêler, le fait d'impliquer un tiers implique nécessairement la société, qui a donc le devoir de s'en mêler. Et on aura beau user de rhétorique pour gommer cet aspect ("suicide assisté", "aide active à mourir", etc.) le fait est que l'euthanasie implique nécessairement un tiers. Et un tiers qui tue une personne, quel que soit les termes que vous utiliserez pour éviter d'affronter cette sinistre vérité, cela s'appelle un homicide.

La question est donc maintenant la suivante : notre société peut-elle autoriser le droit de tuer ?

Droit de tuer : peine de mort et euthanasie, même combat

La question d'autoriser ou non le droit de tuer a été tranchée en France le 9 Octobre 1981 avec l'abolition de la peine de mort. La peine de mort posait l'État comme capable de tout ôter à un individu, c'est à dire jusqu'à son hypothétique "soi profond", posant ainsi que tout est dans l'État et que rien n'existe en dehors de lui. Oui, la peine de mort se rapproche ainsi beaucoup plus d'un État totalitaire que d'une démocratie. Dans cette optique d'un individu appartenant entièrement à l'État, la peine de mort trouve une justification : la vie de la personne appartient à l'État.

L'euthanasie, si elle était autorisée, rétablirait ainsi un droit de tuer, tout aussi exceptionnel et prétendument exclu de l'arbitraire que la peine de mort.

Mais, objecterez vous chers lecteurs, dans le cadre de la peine de mort, le condamné n'a pas demandé à être tué, contrairement à celui qui demande l'euthanasie.

C'est une différence importante mais malheureusement secondaire. Il s'agit d'une différence de circonstance et non d'une différence de principe : on rétablit tout de même un droit de tuer, seules les circonstances d'exercice de ce droit changent. Comme je l'ai dit plus haut, le droit de tuer est une prérogative d'un État totalitaire, dans lequel l'individu n'a pas d'existence en dehors de l'État.

L'euthanasie n'est donc pas un simple "droit à mourir" mais aussi, et surtout, un droit de tuer. Et c'est là qu'intervient tout le mythe dont je parlais au début : en érigeant le droit à mourir comme une liberté exclusivement de la sphère privée, les défenseurs de l'euthanasie oublient, consciemment ou non, que c'est une "liberté" qui entraîne nécessairement un droit de tuer.

Mon cul est plus digne que ta mort

On entend souvent parler de "mort dans la dignité". Ce concept de dignité, en plus d'être flou, pose qu'il y aurait des façons de mourir qui seraient "indignes". Si je meurs dans un accident de voiture, est-ce que je mourrais digne ? Une crise cardiaque en poussant trop fort aux chiottes est-elle une mort digne ? Car qu'est-ce que la dignité ?

La capacité de se mouvoir ou non, le fait de souffrir, de vivre avec une poche ou des couches font partie de la vie et de son évolution et ne sont pas désirées. Or peut-on juger de la dignité d'une personne selon quelque chose qu'elle n'a pas désiré ? La dignité, cette notion mouvante, ne serait-elle pas dans le regard que la société impose sur les "faibles" ?

La dignité humaine n'exclue pas les conditions selon lesquelles l'être humain vit sa vie de mortel. Car sinon, aucune vie humaine ne saurait être digne.

Et la souffrance là dedans ?

Vous objecterez encore une fois, chers lecteurs, que tout ça, c'est bien beau, mais celleux qui souffrent là dedans, on en fait quoi ? On ne va quand même pas les laisser souffrir hein ?

Et c'est là qu'est, en définitive, que tout se situe. Il n'est pas question de laisser souffrir. Et vous auriez raison.

La souffrance, physique ou psychologique, peut être telle que cela peut amener quelqu'un à vouloir mourir plutôt que de continuer à ressentir une telle souffrance. Et comme nous sommes des êtres doués de compassion ("souffrir avec"), nous ne désirons pas voir les autres, surtout des proches, souffrir. Et c'est pourquoi nous pouvons être enclins à accéder à la demande de mourir. Mais cette demande est avant tout motivée par la volonté de ne plus souffrir.

Or cette demande, la société peut y accéder, sans pour autant avoir pour but de donner la mort. Car l'euthanasie met en effet fin aux souffrances, mais elle a aussi pour but de donner la mort. En revanche, les soins palliatifs ont pour unique but de mettre fin aux souffrances. Ces soins sont basés sur un ensemble de pratiques, d'écoute, de présence, d'attentions, destinées à soulager la souffrance d'un individu. Ces pratiques comprennent aussi l'injection d'analgésiques supprimant ou diminuant fortement la douleur. Ces produits peuvent, à terme, entraîner la mort, certes, mais cette mort ne serait pas donnée au nom d'un "droit de tuer" maquillé en "droit de mourir" mais en raison d'un effet secondaire d'un traitement.

Et la différence est fondamentale : ce n'est pas le but des soins mis en œuvre que de tuer, mais il s'agit d'un effet secondaire d'un traitement de la douleur.

Le soucis étant que les soins palliatifs efficaces et de qualité coûtent beaucoup plus cher qu'une mise à mort. En cela, il s'agit aussi d'un choix de société.

Conclusion

Ainsi donc la légalisation de l'euthanasie est une atteinte grave à la démocratie moderne puisqu'elle ne constitue pas un élargissement des libertés individuelles comme on le prétend mais bien l'élaboration d'un droit de tuer auquel on avait mis fin il y a plus de 30 ans.

La question de la dignité, floue, sert à faire appel aux bons sentiments plutôt qu'à la réflexion. Elle sert aussi de diversion concernant la question de l'implication d'un tiers humain portant la charge de la mort. Il restera toujours des personnes désirant réellement mourir. Mais leur volonté ne suffit pas à faire en sorte que la société y réponde favorablement.

La souffrance, quant à elle, qu'elle soit physique ou psychologique, demande une vraie prise en charge, médicale et sociétale, avec l'instauration de soins palliatifs de qualité, accompagnant la fin de vie. La protection juridique des personnels soignants de ces unités est aussi une vraie question. Le coût économique de ces unités est aussi une vraie question, qui en pose une autre bien plus importante : doit-on abandonner nos valeurs démocratiques actuelles en raison de questions économiques ?

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Je ne suis pas d'extrême-droite

27/10/2013 - 4 commentaires

Mon cher Ploum,

Ce n'est pas parce que tu es d'extrême-droite que je le suis. Merci de ne pas m'embarquer dans tes délires.

Chapitre 1 : Contexte

Avant d'attaquer le vif du sujet, j'aimerai contextualiser et préciser le rapport que j'ai à toi, afin de ne pas laisser le lecteur faire des suppositions stupides (je n'ai pas la chance d'avoir uniquement des lecteurs aussi bien éduqués que toi, j'espère que tu me pardonnera). Lorsque je t'ai découvert, tu parlais essentiellement de choses liées à l'informatique, notamment liées aux libertés dans le domaine numérique. Et j'étais assez d'accord avec toi. Même avec des petits cœurs.

Et puis tu as commencé à parler politique, social. Et j'ai été de moins en moins d'accord avec ce que tu écrivais, fatalement.

Jusqu'à il y a une poignée de jours où tu as sorti, coup sur coup, deux billets.... Je ne trouve pas de mots sympas, alors je vais dire piteux et dangereux. Et c'est ce dernier billet (et les commentaires que tu as laissé à la suite) qui me fait prendre la plume.

Chapitre 2 : Vocabulaire

Parce que les mots ont un sens, il est important de définir les mots que je vais employer dans l'article, afin de minimiser les méprises. Ces définitions sont des résumés, vous restez libres d'approfondir vos connaissances (notamment historiques) sur le sujet.

Extrême-droite : ce terme qui peut sembler flou repose en fait sur une mixture qui ne change pas : le nationalisme mélangé à la xénophobie. Est d'extrême-droite tout mouvement, parti, groupe, personne, organisation, légal ou non, qui défend, au moins, ces deux valeurs. Ce socle commun peut être agrémenté de patriotisme, d'extrémisme religieux, de conservatisme économique ou de libéralisme plus ou moins débridé. En France, l'extrême-droite ressemble à ça.

Faf : initialement "France Aux Français", détourné en "Fasciste d'Action Française" puis rétro-défini comme raccourci pour "fasciste". Désigne tout militant d'extrême-droite, en particulier ceux qui organisent des ratonnades et les tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Peut être étendu aux électeurs d'extrême-droite. Tue régulièrement.

Antifa : mouvement ou militant héritier idéologique du Front Populaire et de la Résistance, opposé à l'extrême-droite et à ses idéologies. L'antifascisme peut prendre la forme allant de manifestations pacifiques à l'opposition physique contre les organisations d'extrême-droite, en particulier contre les fafs qui organisent des ratonnades et des tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Ne tue pas.

Skinhead : issu de la mouvance punk/mod et antifa. Pour plus de précisions, voir par exemple le mouvement SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice)

Bonehead : faf au crâne rasé, Rangers et croix gammée tatouée optionnelle. Tente de s'approprier le terme "skinhead", aidé en cela par les médias et l'absence de culture globale sur l'antifascisme.

Chapitre 3 : Du ton et de la posture

Passons maintenant à ton article, Ploum. Globalement, à la lecture de l'article, on y retrouve un ton condescendant, de "bonne morale"... Tu prétends te poser "au dessus de tout ça", avoir une éducation qui te permet de "ne pas tomber dans le panneau". En fait, tu es tellement au dessus que tu ne vois pas ce que tu décris. Tu poses les militants/électeurs d'extrême-droite (ton article fait allègrement la confusion entre tout ça et le reste, soulignant une méconnaissance du sujet) comme, en gros, de gentilles petites personnes qui ne veulent de mal à personne. Alors même que le nombre d'agressions racistes augmente en France et en Allemagne, que le nombre d'agressions homophobes explose et que les militants d'extrême-droite se sentent pousser des ailes, essayer de faire passer des gens défendant les idées d'extrême-droite pour des non-violents qui veulent la paix est non seulement un aveuglement naïf, mais aussi un danger réel.

De plus, tout au long de l'article tu les décris, en gros, comme des demeurés incapables de penser, sous-éduqués, ou qui auraient "abandonné leur intelligence". Déjà, la confusion entre intelligence, culture et éducation n'est pas très fameux, mais on va dire que c'est un raccourci malheureux. Mais le danger vient bien de considérer les idées d'extrême-droite comme un simple manque d'éducation. S'il est vrai que les médias nous disent que moins on est instruit, plus on vote FN, ce n'est pas forcément si simple.

Chapitre 4 : Les sources

Ça va être rapide : les sources, il n'y en a aucune.

Seulement, lorsqu'on dit "il y a plus de délinquants et de voyous parmi les immigrés que parmi les « purs nationaux »", on ne peut pas se dédouaner de "ne pas connaître les chiffres". Lorsqu'on accepte d'admettre une accusation aussi grave, on ne peut pas se payer le luxe de faire fi de la moindre preuve.

De même, déclarer "Or, tous les indicateurs le montrent" sans citer une seule source n'est pas recevable. Pas un seul lien, pas une seule source. Et tu comptes réellement avoir des propos étayés et "concrets" sans rien citer ? Où est passé ton côté scientifique ?

Chapitre 5 : Confusions, incohérences et amalgames

Plusieurs confusions sont présentes au sein de l'article, relevant la méconnaissance du sujet. On y mélange bien volontiers dans le même panier les électeurs d'extrême-droite, les militants plus ou moins radicaux et les cadres du parti.

De même, aucune distinction n'est faite dans les cibles de l'extrême-droite. Ainsi tu ne précises jamais dans ton article que lorsqu'un électeur/militant d'extrême-droite parle d'étranger, il s'en réfère la plupart du temps à l'apparence physique : il vise aussi bien les immigrés illégaux, les légaux et celleux de deuxième, troisième, quatrième génération. Être étranger, pour un militant d'extrême-droite, c'est héréditaire.

Il est, de plus, étonnant que tu prétendes les gens incapables de réfléchir mais que, dès qu'il s'agit de juger de l'action des antifas, tu proposes de leur demander leur avis. D'un coup, lorsque ça va dans ton sens, ils deviennent assez intelligents. Pratique !

Chapitre 6 : Le moteur de l'extrême-droite

Ce que ne traite pas l'article est aussi très intéressant, car cela souligne encore un peu plus la méconnaissance du sujet. Si les deux fers de lance de l'extrême-droite peuvent en effet être ceux cités par l'article (même si je ne suis pas d'accord, c'est une base que je peux accepter), le moteur principal de l'extrême-droite n'est pas traité. Ce moteur, celui qui distille effectivement un poison, ne t'en déplaise Ploum, c'est la conversion d'une peur, légitime ou non, en haine.

C'est un moteur bien connu de celleux qui s'intéressent au sujet. C'est pour cela qu'on parle de "peste brune" : cette conversion se répand comme une maladie et finit par tuer comme la peste.

Chapitre 7 : Le monde des Bisounours by Ploum

Selon toi, Ploum, il suffirait de "tendre une main amicale" pour lutter contre l'extrême-droite. Juste une question : cette main peut-elle être une main noire ? Où doit-elle être nécessairement blanche, virile, hétéro ?

Selon toi, c'est la "diabolisation" de l'extrême-droite qui serait en cause. Je ne sais pas dans quel monde tu vis, Ploum, mais en France du moins, il n'y en a - absolument - aucune - trace. On voit même beaucoup plus d'articles comme le tien fleurir ça et là (non, je ne ferais pas de lien, pas de pub pour eux) que l'inverse. Et lorsque des blogueurs tels que "fdesouche" se félicitent que leur parole soit "entendue" et "se répande", il y a de quoi s'inquiéter, vraiment.

Mais pas pour toi, Ploum, oh non. Car dans ton article, l'électeur et le militant d'extrême-droite n'est que quelqu'un qui s'est trompé de voie. Quelqu'un qui s'est fourvoyé ou qui aurait abandonné son "intelligence", de manière temporaire, pour céder à l'argument facile. Un imbécile que toi, avec ton éducation supérieure et ta vision du monde parfait, peut remettre dans le droit chemin. Ce qui est très inquiétant, car selon l'INSEE et ton raisonnement, il va falloir vraiment se préparer à avoir un nombre de fafs extrêmement conséquent. À quel niveau situes-tu ta fameuse "éducation salvatrice" ? Le Bac ? Bac +2 ? Master ?

Dans quel cursus apprend-on à aimer son prochain sans discrimination ? En prépa où c'est "chacun pour soi" ? En école d'ingénieur sur concours ? Dans les grandes-écoles où le classement final est aussi important que le fait d'obtenir son diplôme ? Où sont les profs des cours de "vivre ensemble" que tu as eu la chance d'avoir et qu'un nombre non-négligeable de mes anciens camarades a apparemment séché ?

Tu oublies qu'on n'intègre pas de force quelqu'un à une communauté, et qu'on le fait seulement en écoutant et prenant en compte, à un certain niveau, ses idées et arguments. Et, donc, en reconnaissant ces arguments comme légitimes. Je refuse, contrairement à toi, de considérer la haine de l'autre comme un argument légitime.

Chapitre 8 : L'antifascisme, ce n'est pas ce que vous croyez

Pour finir, je dirais un mot sur l'antifascisme, que tu écris "antifaf" dans ton article (rien que l'écrire ainsi montre que tu ne connais rien au sujet, mais passons). L'antifascisme te fait peur. Pourtant, tel qu'il existe depuis hier et continue d'exister de manière moins centralisée aujourd'hui, il ne s'agit que d'une pensée luttant contre le racisme, le fascisme, l'antisémitisme, l'homophobie, etc. Les "violences" dont tu sembles avoir peur ne ciblent que les groupes de fafs organisant des ratonnades et autres tabassages d'opprimés. Si pour toi cette idée est insupportable, bien planqué dans ta tour d'ivoire de dominant, c'est quelque chose de quotidien pour beaucoup de gens. Il y a d'un côté la violence des dominants (que tu perpétues inconsciemment) et la "violence" des opprimés pour se défendre contre cette violence.

Si la non-violence est pour certains préférable à la violence dans la lutte contre l'oppression, il ne peut être reproché aux opprimés (et à leur alliés) de violemment faire face contre ces oppressions. Toujours montrer du doigt la soit-disant "violence" des opprimés sans remettre en question une seule seconde la violence du système actuel (ce que tu ne fais jamais) c'est être le complice, conscient ou inconscient, du système oppresseur. Quelqu'un d'aussi éduqué et supérieur que toi devrait pouvoir le comprendre.

Conclusion

Ton article est un exemple d'angélisme, de naïveté et de méconnaissance du sujet. La déconnexion totale entre ton discours et ce qu'il se passe tous les jours, le ton méprisant que tu adoptes contre ceux qui luttent contre la haine et les courbettes que tu fais aux idées d'extrême-droite font partie intégrante de cette tendance à considérer les postulats d'extrême-droite comme valides et recevables.

En attendant, les ratonnades d'extrême-droite continuent en Grèce et en Europe, des homos se font tabasser toutes les semaines en France pour leur sexualité, des femmes se font arracher leurs vêtements, se font insulter et tabasser jusqu'à perdre leur enfant, et les fafs fêtent leur progression idéologique sur les corps des antifas. Et ton article, face à tout cela, est tout simplement insultant et révoltant.

Alors tu es d'extrême-droite si tu en a envie, Ploum, mais tu seras bien gentil de me laisser en dehors de tes fantasmes.

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Recette du poulet au whisky

11/10/2013 - 3 commentaires

J'inaugure une nouvelle rubrique, celle de recettes de cuisine, testées et approuvées. Bon appétit ! :)

Prévoir du sel, du poivre, de l'huile d'olive, des bardes de lard, un tube de mayonnaise et bien sûr une bouteille de whisky (d'où le nom !).

Barder le poulet, le saler, le poivrer et ajouter un filet d'huile d'olive.

Préchauffer le four à température moyenne (220°C ou thermostat 7) pendant 10 minutes.

Se verser un verre de whisky et le boire.

Mettre le poulet au four dans un plat de cuisson approprié

Se verser un verre de whisky et le boire.

Renouveler cette dernière opération.

Après un quart beurre, fourrer l'ouvrir pour surbeiller la buisson du coulet.

Brendre la vouteille de biscuit et s'envoynet une bonne rasade.

Après un tard .... un far t'heure... abrès un moment quoi, dituber jusqu'au bour.

Oufrir la borte, reburner, revourner... mettre le noulet dans l'aurte sens.

S'asseoir sur une butain de chaise et se reverdir 2 ou 3 verts de ouisti.

Buire, tuire, cuire le loulet bandant une deni-heure.

Se rebercer une bonne voulée de poulet... non de visky.

Rabasser le loulet (tombé bar terre), l'ettuyer et le voutre sur un blat.

Se béter la gjeule cause du gras sur le barrelage de la buisine.

Ne pas essayer de se reveler.

Déciver qu'on est bien par derre et binir la mouteille de misky.

Ramber jusqu'au lit, dorbir ze qui reste de la muit.

Le lendemain matin, boire du Sprite, manger le poulet froid avec de la mayonnaise en tube et nettoyer le bordel que vous avez mis dans la cuisine.

(oui, c'est une très vieille blague, réactualisée, mais elle me fait toujours marrer)

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Les chroniques de Rurik - Episode 1

27/08/2013 - Commentaires fermés

Contexte : Je suis un joueur de Donjons & Dragons. Dans la partie que je vais vous conter, je suis un guerrier nain évoluant dans les royaumes oubliés et accompagné de 3 acolytes : 2 elfes et un halfelin. Je n'ai pas raconté les débuts de cette campagne et je vais donc essayer de résumer ça du mieux que je peux. Je le ferais du point de vue de mon nain, bien évidemment. Pour information, il est de niveau 3. Par contre, on est une équipe de bras cassés, du LOL en perspective. Étant donné que ça fait déjà un peu plus de 6 mois qu'on joue, je vais essayer de résumer ça rapidement, en 3 ou 4 épisodes avant de rejoindre le cours actuel de l'aventure. Je passerai donc sur bon nombre de détails.

Ce récit n'est pas validé par le MJ. (des éléments peuvent changer, être inexactes, ou incomplets)

Je suis Rurik du clan Torunn, né dans la forteresse de Castelmithral, anciennement connue sous le nom de Sakrithducim Blazedwork. Cette magnifique forteresse reliée à l'Outreterre est la cible de nombreuses attaques venues des profondeurs. Mon clan connaîtra une gloire éternelle si j'arrive à mettre fin à ces attaques une bonne fois pour toutes. C'est la raison de ce voyage, comme de nombreux autres membres du clan avant moi : apprendre l'art de combattre, faire face aux pires monstres, pour défendre ma cité, la gloire de mon clan et celle de ma race...

En chemin, j'ai rencontré un elfe, Neope, ou un truc du genre. Il recherche à... Enfin, il recherche un moyen de... Je ne sais plus, une histoire d'elfe, ils sont tellement "précieux"... Peut-être recherche-t-il simplement un pinceau en poils de ragondin pour peindre un de leurs infâmes tableaux, pour ce que j'en sais. Il était seul, marchant sur une route vers un village et on a un peu discuté et vaguement sympathisé. Toujours est-il qu'il ne renâcle pas à la tâche, même s'il est toujours fourré dans ses stupides bouquins de mage, parfois même en plein combat. Et il a une peur bleue de se prendre un coup, par peur de se péter un ongle, certainement. Ah, ces elfes... Mais j'avoue que ses projectiles magiques sont bien utiles. Au moins, quand il lance ses trucs, c'est une flèche en moins que je risque de me prendre dans le dos, c'est toujours ça...

Dans une auberge, une fois arrivés, on avait rencontré un halfelin... Fremel... C'était la première fois que je croisais un demi-homme ; et "demi", croyez moi, c'est déjà beaucoup dire. Le petiot m'arrive à peine à la taille, mais il faut dire que pour planter des dagues dans le dos des ennemis, il n'a pas son pareil. Son agilité au combat aurait presque de quoi faire pâlir Maître Belel, le Grand Défenseur de la Forteresse. C'est vraiment dommage qu'il soit aussi peu capable de désamorcer les pièges. Pour un voleur qui nous avait vendu ces compétences... Arnaqueur plus que voleur, m'est avis...

Une ranger elfe accompagnait l'halefelin... Son nom m'échappe... Il me reviendra. Pour une elfe, elle était plutôt sympathique.

Enfin bref, toujours est-il que notre première mission a été.... épique, dans un certain sens. On avait entendu parler d'une forte récompense à qui retrouverait un parchemin de je ne sais plus quoi... dans une citadelle abandonnée, pour le compte d'un duc. Ou d'un baron. Ou était-ce un comte ? Nous rendant dans la ville de ce noble pour en savoir plus, nous fîmes la rencontre d'un mage plus qu'étrange en compagnie du noble : Draknar. Alors, bon, je sais, pour moi tous les mages sont étranges, mais celui-ci l'était bien plus. C'est bien simple, j'ai jamais pu le blairer. Sa façon hautaine de nous parler, de couper en pleine phrase, son autoritarisme... Mais la récompense était tout de même intéressante et comme sans argent on ne peut rien faire.... Nous voici rendus tous les quatre à la citadelle abandonnée, ancienne demeure d'un sombre mage.

Abandonnée, ce serait vite parler : des RATS GÉANTS. PARTOUT. Des saletés de rats géants puants, rampants, partout, tout le temps. Parfois même plus grands que Fremel, qui cherchait la moindre occasion de monter sur les meubles et portes, certainement pour pouvoir les dominer ! Et coriaces avec ça ! Le mage décide de prendre à droite, pourquoi pas. On m'avait appris à aller toujours à gauche dans un lieu qu'on ne connaît pas, mais pourquoi ne pas changer, c'est vrai. Ma mémoire me fait défaut, c'était il y a bien 2 mois... J'ai souvenir qu'à un moment, nous sommes tombés sur un vrai nid de rats. Dans les cadavres presque entièrement dévorés, on a retrouvé un homme, inconscient, certainement le prochain diner de la colonie. Une fois revenu à lui, et passé les questions d'usage, nous sommes sortis de ce nid pour nous apercevoir que la ranger avait disparu, sans un bruit, sans un cri. Pour nous remercier de l'avoir sorti de ce pétrin, l'homme, un druide dont le nom m'échappe, se propose de se joindre à nous et nous aider à retrouver notre récente amie, certainement prisonnière quelque part dans la citadelle. Mais avant cela, il doit récupérer son animal, un loup, qu'il sent toujours vivant.

Pas trop dur, il était dans la pièce d'à côté, gardé par.... des gobelins. Je déteste ces saletés de gobelins puants. Combien de mes frères ont été tués par les hordes de ces bestioles dégénérées ? Une fois débarrassés de ces bêtes, notre druide humain mais néanmoins compagnon nous dit qu'il doit rester avec son loup pour communier ou je ne sais quelle autre saloperie. Nous ne le reverrons jamais, tout comme la ranger.

Peu de temps après, toujours à la recherche du parchemin dans cette citadelle moisie, nous sommes tombés sur ce qui devait être le roi local des gobelins... Et lui, il n'était pas seul... Des dizaines de ces immondes trucs sortaient de tous les côtés, et les projectiles magiques ennemis pleuvaient. Constatant que la situation semblait désespérée, j'ai pris ma fidèle hache de guerre naine et ai foncé sur le roitelet du secteur, lui explosant sa boite crânienne contre son trône décrépit, l'empêchant ainsi de balancer ses saloperies de projectiles. Toujours enragé, j'ai dézingué les quelques vermines restantes. La rage au ventre, je fouillais avec mes deux compagnons restants les salles avoisinantes, pour tomber sur ce qu'il semblait être la salle de vie de la petite colonie gobeline du secteur. Que des civils, apeurés, pleurant parfois. La rage du combat précédent toujours dans mes veines, j'ai pris un petit gobelin à portée de main pour expliquer à quel point ils m'avaient mis en rogne, et pour les dissuader de former d'autres guerriers. Mais il faut croire qu'un guerrier n'est pas forgé pour la diplomatie. Le coup de hache porté à plat fut tout de même trop puissant et j'entendis les os du gobelin exploser sous le choc avant que son corps n'aille s'écraser contre le mur, le recouvrant de son sang.

Ce n'est pas ce que je voulais, et un Nain ne peut avoir un tel comportement, ce n'est pas digne. Frapper un civil sans défense n'a certainement rien de glorieux. Le tuer sous un tel coup... J'en frissonne chaque fois que j'y repense. J'ai mis plusieurs secondes à recouvrer mes esprits et pouvoir de nouveau bouger, comme vidé de toute âme. Est-ce là un prix acceptable pour accéder à la gloire de mon peuple ? Certainement pas. Le but de mon voyage, le but d'un fier guerrier nain, est de protéger les innocents, les civils, les désarmés. La gloire de Castelmithral ne tolérera aucun écart de ses défenseurs. Voici quelque chose que je n'aurai jamais dû oublier.

J'ai combattu d'autres gobelins dans les couloirs un peu par automatisme, jusqu'à tomber sur une chose que je n'aurai jamais cru voir aussi vite. Un dragonnet blanc. Je peux vous dire que, même petit, c'est impressionnant. Fort heureusement, celui-ci était attaché et nous avons su l'abattre avant que sa puissance ne lui permette de nous faire le moindre mal. Il protégeait un bon butin, que j'ai mis en lieu sûr dans mon sac. Quelques pièces plus loin, une salle, protégée par un piège à hache géante que j'ai évité de justesse, avec des statues... d'un style étrange... Cette pièce était particulièrement froide. Un parchemin et un sifflet de cristal trônaient sur un promontoire. Ni une ni deux, nous les embarquâmes, à peu près certains d'avoir trouvé là le parchemin désiré et un joli sifflet. Par acquis de conscience, mieux valait fouiller la citadelle entière tout de même.

En retournant à l'entrée de la citadelle une fois ces épisodes passés, il ne restait plus qu'une porte. Celle-ci donnait sur plusieurs pièges, que notre bon Fremel s'est empressé de ne pas détecter. Heureusement que mon armure est assez épaisse ! Je le soupçonne de vouloir secrètement me faire tuer dans un piège pour récupérer mon or... Quoi qu'il en soit, nous sommes arrivés dans une belle pièce, joliment décorée d'une voute céleste et, sur un mur, des phrases écrites dans un langage inconnu. Notre mage, lâchant pour une fois ses bouquins, s'est d'un coup exclamé que c'était du draconien. Une autre utilité à ce mage : il sait lire le draconien. Si jamais on croise un vrai dragon un jour, peut-être devrais-je le laisser tailler le bout de gras avec la bête...

Il s'agissait d'une énigme, du genre "on me remarque quand tout le monde est endormi et je prends la tête des plus rêveurs"... Forcément, j'ai dit la première chose qui me venait à l'esprit : "chaussette". C'était pas ça. Il s'agissait du mot heu... étoile... que le mage a trouvé, évidemment. À force d'avoir la tête plongée dans ses bouquins, on en connaît des mots !

La porte s'ouvrit donc, sur ce qui semblait être un tombeau. Une fosse de plusieurs dizaines de mètres de profondeur séparait la porte de la tombe. Un passage secret, pour une fois détecté par Fremel (c'est bizarre comme sa capacité de détection est proportionnelle au trésor potentiel....) contourne la fosse. Très étroit, on ne peut y passer que l'un derrière l'autre, en rampant. Arrivé au tombeau, celui-ci contient des inscriptions, mettant en garde contre le mage enterré ici qui aurait dépassé les limites de certaines expérimentations, ou que sais-je encore...

Et évidemment, il a fallu que quelqu'un ait l'idée d'ouvrir la tombe. Neope peut-être ? Dès qu'il y a quelque chose de magique, il faut qu'il aille y mettre son nez... Quoiqu'il en soit, le mort ne l'était pas tout à fait, et un troll s'empressa de sortir de son tombeau. Voilà, c'est ça qu'il faisait comme expérience interdite : la transformation en bête surpuissante. Voyant que trois aventuriers contre un troll manifestement très énervé, ça allait être juste, notre cher mage Neope eut l'idée d'invoquer un monstre. J'avais déjà vu un mage invoquer un Couatl lors d'une bataille souterraine où je servais d'écuyer, et bien c'est vraiment impressionnant, une créature magnifique, gigantesque, mortelle. Avec ça à nos côtés, nul problème pour faire face à l'immonde bestiole chafouine que nous venions de libérer. Bon, notre mage a invoqué un petit mille-pattes monstrueux... Disons qu'il a fait ce qu'il a pu. Ça a dû surprendre le troll car celui-ci n'a pas été aussi dur à abattre que je l'avais pensé, bien qu'il n'ait pas lésiné sur les coups et essayé à maintes reprises de me déstabiliser. Peut-être était-ce dû au fait qu'il a été enfermé pendant quelques siècles dans ce tombeau ?

Quoi qu'il en soit, nous avions exploré intégralement la citadelle. Sûrs, désormais, que nous avions en notre possession le fameux parchemin, nous quittâmes la place pour aller récupérer notre récompense. Après plusieurs heures de route, nous avons été reçu par le... duc et son bouquetin de mage. Il nous arracha quasiment le parchemin des mains, nous demandant si nous n'avions pas trouvé un sifflet avec. Il le prit et, sans un merci ni au revoir, partit sur réfugier dans sa tour. Le duc nous donna froidement la récompense convenue et nous congédia après nous avoir donné rendez-vous le lendemain pour une autre mission. Pendant la nuit, des lumières inquiétantes s'échappaient de la tour du mage. Épuisé et légèrement blessé, je m'endormis. Au pire, un coup de hache entre les yeux, et tout mage qu'il était, il ne pourrait plus faire de mal.

À suivre...

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Nomnomnom journalisme

06/08/2013 - 1 commentaire

Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite entrée en matière s'impose afin d'essayer de ne pas se méprendre sur le contexte de ce billet. Je ne suis pas végétarien et je n'ai pas la volonté de le devenir, que ce soit à court, moyen ou long terme. J'ai en revanche parfaitement conscience des enjeux écologiques d'une surconsommation de viande, c'est pourquoi j'en réduis progressivement ma consommation. Je suis aussi sensibilisé à la question éthique liée à la consommation de viande d'autres êtres vivants. Et je suis pour l'ouverture de débats publics autour de la question. Une société avancée et civilisée, aussi avancée dans les sciences cognitives et sociales doit réfléchir et décider autour de ce sujet. Mais cela ne doit pas se faire avec des informations fausses ou biaisées.

Ceci étant posé, cet article ne traitera pas directement du végétarisme ; le végétarisme est la voie par laquelle il m'a été donné de constater une attitude qui me fait petit à petit détester les médias traditionnels.

Il y a une petite semaine, une personne que je suis sur Twitter a partagé un article sur le documentaire "L'adieu au steak". Si les premier et quatrième arguments sont bien recevables et que le troisième est recevable sous condition, j'ai tiqué sur le deuxième. En effet, à ma connaissance du moins, je n'ai jamais lu une étude sans biais prouvant que la consommation de viande rouge implique une augmentation de risque pour la santé. Cet argument n'est pas sans me rappeler un des piliers du "rapport Campbell" (je n'ai déjà pas fini de le lire que les études citées disent parfois l'inverse que ce que défend Campbell et les biais méthodologique sont légion, 20€ la fumisterie). J'en informe donc mon cher contact qui me cite donc un article de la BBC faisant l'analyse d'une étude de la Harvard Medical School, me rappelant au passage que la HMS n'est pas le "rapport Campbell" et qu'on peut difficilement la qualifier de "fumisterie". Et en effet, on ne peut pas prendre la HMS à la légère, c'est quand même du sérieux, c'est tout à fait vrai. Et la BBC aussi, on peut leur faire confiance dans leur interprétation, non ?

La BBC fait les choses bien et source directement l'étude, ce qui est appréciable depuis que l'humain est entré dans l'ère numérique. Les médias français ont tendance à être en retard sur ce principe élémentaire, exception culturelle oblige.

J'ai donc lu l'article de la BBC, et l'étude portant sur 120 000 personnes sur 28 ans semble sans appel : consommer de la viande rouge augmente les risques de décès de 13%, les risques cardiovasculaires mortels de 18% et les risques de cancer de 10% ; allez au delà de 20% pour les "viandes préparées".

Mais tout du long de l'article, quelque chose cloche. On avance des explications mais aucune causalité claire. La corrélation semble sauter aux yeux mais la causalité n'est citée nulle part. Or, et c'est là l'erreur régulière de Campbell, corrélation N'EST PAS causalité, comme vous le savez très certainement. Comme le disent mes nains : "we have to dig deeper"'.

Que dis donc cette étude ?

Qu'on observe une plus grande mortalité chez les personnes consommant plus de "viande rouge" que les autres avaient un risque accru de, grosso-modo, mourir. Est-ce à cause de la viande rouge ? L'étude est loin d'être catégorique :

Men and women with higher intake of red meat were less likely to be physically active and were more likely to be current smokers, to drink alcohol, and to have a higher body mass index. In addition, a higher red meat intake was associated with a higher intake of total energy but lower intakes of whole grains, fruits, and vegetables.

En clair : les personnes ayant un apport élevé en viande rouge sont moins susceptibles de faire de l'exercice et sont plus susceptibles d'être des fumeurs et buveurs d'alcool avec un IMC élevé, tout ça avec une moindre consommation de fruits, végétaux et céréales. Avouez tout de même que l'hypothèse de "la viande rouge tue" est déjà à prendre avec de grosses pincettes. Un peu plus loin dans le rapport de l'étude et son commentaire, on trouve des points intéressants, nuançant clairement le propos, mais non repris. Morceaux choisis :

Additional adjustment for saturated fat and cholesterol moderately attenuated the association between red meat intake and risk of CVD death

Several studies have suggested that vegetarians have greater longevity compared with nonvegetarians, but this might not be ascribed to the absence of red meat only.

The strengths of the present study include a large sample size, high rates of long-term follow-up, and detailed and repeated assessments of diet and lifestyle. All the participants were health professionals, minimizing potential confounding by educational attainment or differential access to health care. In addition, the FFQs used in these studies were validated against multiple diet records.

Because of the prospective study design, any measurement errors of meat intake are independent of study outcome ascertainment and, therefore, are likely to attenuate the associations toward the null.

because the participants were predominantly non-Hispanic white health professionals, the generalizability of the observed associations may be limited to similar populations.

L'étude est donc beaucoup plus prudente sur le sens et la portée à donner. Les commentaires qui sont faits de l'étude sont aussi très intéressants. Ainsi ne s'intéresse-t-on pas à ce que contient ladite viande rouge. Les productions industrielles produisent-elles la même viande qu'un fermier bio ? La conditions de stress des animaux abattus, leur bourrage aux antibiotiques et hormones ont certainement une influence sur la santé des consommateurs de ces viandes. L'étude ne fait aucune différence qualitative. Ceci pourrait expliquer pourquoi, alors que la consommation de viande des sujets étudiés a globalement chuté sur les presque 30 ans concernés, le risque a augmenté.

En clair, l'étude est plutôt à résumer comme étant "manger des fruits, céréales et légumes est bon pour la santé, ne fumez pas, ne buvez pas, et faites du sport, ne mangez pas trop de viande rouge" et est une ouverture sur des études nécessaires plus précises. La BBC (et tous les autres médias) résument ça en "la viande rouge est dangereuse pour la santé".

Alors la BBC reste tout de même relativement mesurée dans ses propos, mais le "glissement" est tout de même très présent, avec cette idée que seuls les chiffres sont porteurs de sens.

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Ciné : Pacific Rim

20/07/2013 - 2 commentaires

Je n'écris pas souvent à ce sujet, parce que d'autres en parlent beaucoup mieux et d'une manière beaucoup plus complète que moi notamment, mais je suis très friand de cinéma. Mais n'ayant pas de ciné diffusant de la VO juste à côté de chez moi, je n'y vais plus aussi souvent que lorsque je travaillais sur Paris.

Mais bref, l'objet de cet article est donc le nouveau film de Guillermo Del Toro. Un petit mot sur lui tout d'abord, étant donné que je l'ai découvert en tant que réalisateur sur Hellboy, qui est un film (et un univers) que j'adore. Le labyrinthe de Pan m'avait aussi énormément plu, avec une réalisation excellente, une histoire excessivement prenante (putain, bordel, Carmen quoi !) et... une bande originale... rah !


Si tu comprends cette bulle, chapeau

Mais bref. Quand j'ai vu les affiches et la bande annonce de Pacific Rim, honnêtement, il me tentait moyen. Ça me semblait être le gros blockbuster planplan archi-rabâché sans surprise. Et à 10€ la place, ça fait cher.

Puis j'ai vu l'après séance du fossoyeur. Ce mec, en plus d'être mignon, a une analyse très pertinente et je suis d'accord avec 95% de tout ce qu'il dit dans toutes ses vidéos. Alors forcément, quand c'est comme ça et qu'il dit "allez le voir"...

Et bah.... Wouah.

On va pas se mentir, le scénario n'a RIEN d'original. Mais c'est bien là son seul défaut (ça et le coup de l'épée) (et les bruits de bateau à la Inception aussi, un peu). Je ne vais pas revenir sur les références ni sur ce que dit déjà le Fossoyeur à ce propos. Pour le reste, et bien...

En à peine plus de deux heures, Pacific Rim arrive à donner une profondeur à TOUS les personnages principaux, assez pour qu'on s'y attache, alors même que c'est quelque chose qui n'arrive quasiment plus que dans les séries. C'est d'ailleurs une des raisons qui pousse à la "consommation de séries" : les personnages sont plus développés (il y a le temps de le faire), plus profonds, plus détaillés, plus attachants. Et bien Pacific Rim arrive à un résultat plus que satisfaisant, et ça, c'est déjà un exploit en soi. D'ailleurs, c'est même le héros du film qui est le moins intéressant au final.

L'acteur jouant le héros, Charlie Hunnam, on l'a vu dans Sons of Anarchy aux côtés de Ron Perlman (aussi dans le film et absolument génial), comme le souligne le Fossoyeur. Mais on y retrouve aussi Burn Gorman, qui joue dans Torchwood, toujours dans un rôle scientifique, avec un personnage assez antipathique aussi au premier abord, mais absolument excellent. Tous les jeux d'acteurs sont BONS.

En parlant de Burn Gorman, justement, j'aimerai souligner un autre point mené de main de maître dans ce film : l'humour. Dans un "blockbuster classique", les petites phrases et petites situations sont menées assez lourdement et souvent maladroitement. Ainsi, il n'est pas rare de voir un effet comique casser un peu l'effet dramatique/sérieux d'une situation. Là c'est tout le contraire, ce qui rend d'ailleurs les personnages d'autant plus attachants. L'effet comique vient renforcer le côté sérieux de la situation, de par le décalage net avec le tableau global (leur côté anecdotique en fait) et leur rythme qui ne vient pas casser l'action. Un exemple illustrant bien mon propos est la scène du poing s'enfonçant dans l'immeuble. On y retrouve un peu l'esprit qui fait que le colonel O'Neill joué par Richard Dean Anderson dans la série Stargate SG-1 est tellement apprécié.

Les combats sont tout aussi excellents. Alors que la tendance d'Hollywood est aux gros plans où on ne voit rien (quelqu'un a compris quelques choses aux combats de Man Of Steel ? SERIOUSLY ?!), Pacific Rim est beaucoup plus clair là dessus, et de loin. Même si certains passages sont effectivement en gros plan, ce n'est pas le cas majoritairement, et on y gagne énormément en clarté.

Ce qui nous amène au sujet du repérage dans l'espace et, donc, du gigantisme dont parle le Fossoyeur. C'est très très bien mené, on n'oublie jamais que ce sont des géants, et pour cela on a sans cesse des rappels d'échelle qui sont clairs, ce qui fait qu'on n'a jamais cette impression de "réduire" l'échelle des monstres. Je sais pas si je m'exprime clairement, mais dans les Transformers par exemple, j'ai tendance à perdre un peu cette notion de gigantisme et au final à me dire "qu'ils ne sont pas si grands que ça". Là ce n'est pas du tout le cas, et le fait de pouvoir conserver cette échelle rend le film d'autant plus épique.

Ce film a aussi une certaine poésie ironique. Le jeu des symboliques, bien que discret, est quand même très intéressant (un petit clin d'œil avec les chaussures par exemple), et l'émotion est assez finement menée. Même si on y retrouve les leviers classiques, et que le sexisme n'est pas absent de l'œuvre, on ne plonge pas dans le mièvre qu'on peut retrouver dans ce genre de production, et ça, ça fait plaisir.

Enfin, pour terminer, un autre sujet qui m'est cher : la musique. La bande originale est juste un costard taillé sur mesure. Le thème est simple, mélodique, pas trop lourd, ce qui est d'ailleurs étonnant car ça ne retire absolument rien à l'effet d'immensité du bousin. En clair, il est efficace et aussi épique que la BO de X-men par exemple. Il faudrait que je réécoute, mais il me semble qu'elle est même moins lourde que la BO de Batman : The Dark Knight Rises.

Et le petit plus qui ne gâche rien et qui prouve que la réalisation a été très fine et qu'on a pris le temps de (très) bien la faire : la première partie du générique de fin est tout aussi travaillée que le reste du film.

Voilà mon avis, à chaud (et à peine relu). En gros, je confirme : il faut le voir.

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[Exclusif] La tête de sebsauvage

16/07/2013 - 30 commentaires

Et oui, en exclusivité mondiale, après plus de 40 ans à passer sous les radars de Google Image, tenant secrètement gardés les contours de son visage, j'ai pu prendre une photo de sebsauvage.

Cela s'est passé le 15 Juillet 2013, lors d'une rencontre à Paris.

Lors de cette rencontre, j'ai notamment appris :

- qu'en 2013, il y a toujours des gens qui boivent des mojitos ;
- qu'en 2013, il y a toujours des gens qui font du .Net ;
- que "tsyr2ko" se prononce "tsirtouko", et que ce n'est pas une danse folklorique ;
- que je ne sais toujours pas prononcer "nabellaleen" (et que je m'y suis repris à 3 fois avant de bien l'écrire) ;
- que PERSONNE ne sait écrire ni prononcer du premier coup "pubpushlubpubsubpullpushpurpudpujpubsubsulpull" (ou un truc du genre) ;
- que Benjamin Bayart, Korben, Ploum, et d'autres ne veulent pas se trouver dans la même pièce que Sébastien Sauvage. Je trouve ça petit quand même, en vrai il est sympa et ne râle pas tout le temps :p
- qu'on peut avoir 15 ans et ne pas boire d'alcool.

Dans tous les cas, vous trouverez ci-dessous, en exclusivité, la photo de sebauvage, une première mondiale, un truc de ouf, "de fou malade" comme dirait mon apprenti.

Sans plus attendre donc, mesdames et messieurs, Sébastien Sauvage !

exclu photo sebsauvage

Bah quoi ? ;)

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Forteresse de nains

03/06/2013 - 4 commentaires

Dans cet article, il sera question de la forteresse de nains dont je m'occupe actuellement (et pour encore un bon moment j'espère).

Avant de vous faire visiter, quelques petites remarques. Il s'agit de screenshots non retravaillés de Dwarf Fortress auquel a été appliqué un "pack graphique". En effet, ce jeu se joue normalement avec des caractères ASCII, mais je trouve qu'on se rend mieux compte avec quelques graphismes rudimentaires (comme vous le verrez, ça ne va vraiment pas très loin). Pour ceux qui ne connaissent pas le principe mais qui voudraient tout de même "visiter", sachez simplement que c'est un jeu "vue du dessus" qui permet d'évoluer sur plusieurs niveaux. Si ce n'est pas clair, je crois que des images valent mieux qu'un long discours, alors munissez vous de quelques torches et en avant (des rafraîchissements seront disponibles au niveau -5).

Mesdames et messieurs, bienvenue à

Metropolis Sakrithducim Blazedwork

Niveau 0 : Accueil des visiteurs.

Le rez de chaussée... Mon endroit favori *rire sadique*. Dans le premier screenshot, vous pouvez remarquer la présence de 2 pont-levis. Le premier est entouré de 3 rangées de pièges équipés d'armes acérées (au nombre de 10), afin de découper en fines tranches les goblins, trolls et autres bêtes immondes qui hantent le monde des nains. Fait assez marrant, la grande majorité de ces pièges sont équipés des armes que portaient les vagues de sièges goblins précédentes : plus ils attaquent la forteresse, plus celle-ci se renforce. Si jamais les envahisseurs arrivent à passer cette première ligne, ils arrivent dans le patio. Là, les nains peuvent décider de fermer les deux pont-levis et déverser les milliers de litres d'eau qui se trouvent juste au dessus de leur tête (pour cela, il faut vous intéresser au niveau +1, à la fin de l'article). Si, pour d'obscures raisons (des nains trop feignants, des unités montées rapides, etc.) les visiteurs indésirables arrivaient à passer le deuxième pont-levis, vous constaterez que le couloir entrant dans la forteresse est peuplé de pièges à cage, en vert, (chacun ayant la capacité d'emprisonner une unité) et d'autres pièges à armes, en rouge. Notez aussi le canal servant à remplir le réservoir "d'eau d'attaque" (les "7" bleus représentent de l'eau à hauteur maximum).

Dans le cas très peu probable où une saloperie parviendrait à éviter tous ces pièges, vous pouvez apercevoir, sur le deuxième screenshot du niveau 0, un troisième pont-levis, muni d'une douve, protégeant les nains de la menace extérieure (et la laissant se vider de son sang, très certainement). Un peu plus loin, derrière la rangée de chiens servant à intercepter les voleurs kobolds et le stock de cages (pour recharger les pièges), se trouve, en bleu foncé, le dépôt des marchands, où les nains commercent allègrement avec les humains et les elfs (ces derniers étant ravis du respect des nains de cette forteresse pour les arbres environnants). Au fond du couloir, les stocks de graines pour les cultures situées au niveau supérieur.

Photos souvenir :

Niveau -1 : Hôpital

À ce niveau se trouve l'hôpital du Docteur Tobul Cilobizeg. Équipé de la dernière génération de tables d'opérations, il dispose d'un puits avec de l'eau en provenance directe de la rivière (dont les commandes se situent au niveau des leviers que vous voyez) et d'un stock rempli de tout le matériel médical le plus récent. L'hôpital est protégé par 2 chiens de guerre. Notez encore une fois le canal et la pompe servant à remonter l'eau vers le réservoir d'attaque.

Tout à gauche, la douve du 3ème pont-levis.

Photo souvenir :

Niveau -2 : Pas grand chose...

Bon, à ce niveau, le seul point intéressant est le réservoir d'eau potable. Voilà.

Photo souvenir :


Niveau -3 : les stocks !

Mesdames et messieurs, nous arrivons aux niveaux les plus importants de la forteresse : les zones de vie. C'est là que se trouvent l'immense majorité des nains ‑ regardez où vous marchez ! Vous pourrez constater tout au long du reste de la visite les pierres taillées et les magnifiques gravures produites par les 3 nains graveurs légendaires : Eshtan Tathurbim, Tulon Emalducim et Atir Vabokirid, célèbres de par le monde pour leur travail d'une qualité toujours imitée mais jamais égalée. Sous peu, la forteresse entière présentera leurs gravures.

Ceci dit, une forteresse n'est rien sans ses stocks ! À ce niveau se trouvent les grandes salles de stockage de tous les matériaux de la forteresse, mis à part les vivres.

Photo souvenir :

Niveau -4 : Production lines

Le niveau d'en dessous est le cœur de production de la forteresse. Afin d'apporter un environnement agréable à tous les travailleurs, ils disposent chacun d'une salle spécifique et les murs sont gravés de belles scènes à la gloire de l'excellence manufacturée naine.

Photo souvenir :


Niveau -5 : Pause rafraîchissement

Nous voici arrivés aux salles de détente. Vous trouverez sur votre gauche la salle à manger principale, puis le petit jardin et enfin le grand jardin. Vous constaterez les leviers permettant de remonter les différents pont-levis en surface.

En face des zones de détente, les vivres : nourriture, boissons et plats préparés par notre légendaire cuisinier Bembul Berdandomas dont les plats sont demandés par le Roi lui-même ! Je vous déconseille de vous aventurer trop à droite, il s'agit de la prison pour nains. Si les cellules peuvent paraître agréables avec leurs gravures et leurs chambres individuelles toutes équipées de l'eau courante, c'est uniquement parce que le Baron veut à tout prix éviter d'avoir des berserks dans la forteresse. Le dernier a bien failli la dévaster. Vous pouvez cependant admirer les statues en dolomite à l'entrée de la prisons : celle de droite représente la Justice, celle de gauche représente la Paix.

Avant de continuer, vous pouvez faire un pause boisson ; les nains seront heureux de vous offrir de merveilleuses bières, de succulents vins ou toute autre boisson alcoolisée de votre choix pour la modique somme de 8 pièces d'or. Les pièces seront intégralement reversées au trésor nain.

Photo souvenir :

Niveau -6 : couloir de transition et prison de guerre

Voici le premier couloir de transition. À l'origine, il était destiné à séparer le haut de la forteresse des salles se trouvant plus bas à l'aide d'un pont-levis. Le maire en a décidé autrement et vous pouvez désormais apercevoir les prisonniers de guerre ainsi que le projet de la future salle de... heu... "redressement". Vous pouvez aussi apercevoir, plus loin, la réserve d'eau fraîche des cellules de la prison.

Photo souvenir :

Niveau -7 : Eternity

Ce niveau est un peu spécial. Il s'agit d'une... prison pour vampires. Ceux-ci ont infiltré la forteresse et ont tué plusieurs nains avant de se faire démasquer, après une enquête acharnée. Ils ont été isolés et emmurés. Le pont levis replié est une mesure de sécurité supplémentaire. En les mettant hors d'atteinte des nains, ils sont aussi hors d'atteinte de toute menace. Étant éternels, ils assurent, du même coup, l'éternité (virtuelle) à la forteresse. La salle de gauche sert de quarantaine au cas où un autre vampire arriverait dans une vague de migrants, le temps qu'on lui construise sa cellule individuelle. Vous remarquerez que, bien que joliment fournies, ces cellules n'empêchent pas les vampires de déprimer ou de devenir berserks. Le Baron considère cependant que c'est un prix largement suffisant.

Photo souvenir :

Niveau -8 : Administration

Voici le niveau où logent le marie et le Baron. Comme cette forteresse a pour ambition d'accueillir sa Majesté le Roi des Nains, il a été attribué temporairement au Baron la suite royale. Gravée des meilleurs pièces et décorées de statues d'or, cette suite est la plus grandiose que puisse offrir la forteresse. Dans cette forteresse, nous prenons grand soin de nos nobles. Un petit stocks de pièces est aussi présent à ce niveau, gardé par les meilleurs chiens de guerre.

Photo souvenir :

Niveau -9 : Bunker

Ce niveau est encore en construction, nous irons donc vite. Il s'agit du futur bunker, destiné à abriter les nains dans le cas où, malgré toutes les précautions prises, la forteresse serait envahie. L'idée est de fournir une mini forteresse la plus autonome possible en attendant d'éventuels secours ou que l'ennemi se lasse. Elle est équipée de défenses actives : des balistes. Le design final est encore inconnu.

Photo souvenir :

Niveau -10 : Base militaire

À ce niveau se retrouvent les 3 sections armées de la forteresse : la première section, la Gendarmerie, maintient l'ordre dans le forteresse. La section Alpha est la section de contact au corps à corps. La section Bravo, au fond du couloir, compte uniquement les archers d'élite. Enfin, devrait. Il faut dire que l'aspect militaire a longtemps été négligé, les nains misant beaucoup plus sur des systèmes de défense passifs, comme vous avez pu le voir. L'arrivée d'un Champion avec le Baron a cependant beaucoup amélioré les choses et sur les 30 engagés dans ces 3 sections, la forteresse compte 18 soldats de profession.

Photo souvenir :

Niveau -11 : Hôtel Cobalta

Les chambres ! Pas grand chose à dire sur ce niveau, il s'agit des chambres des nains. Ce niveau compte 3 dortoirs communs et 204 chambres individuelles pour une population totale de 214 nains. Si vous retirez les 30 militaires disposant d'une chambre au niveau supérieur et le maire et le Baron disposant de leur chambre privée, vous voyez que les nains sont très bien traités et peuvent encore accueillir de nombreux migrants. Chaque chambre est équipée d'une commode, d'un coffre et d'un lit et tous les murs sont intégralement gravés de la main de nos maîtres graveurs.

Photo souvenir :

Niveau -12 : Morgue, cimetière et au delà

Nous voici arrivés au niveau habité le plus profond. Merci de ne pas vous aventurer au delà du pont levis situé au fond du couloir, il s'agit de la zone d'exploration souterraine qui peut être très dangereuse. Cette partie n'a pas finie d'être piégée afin de parer aux éventualités.

Nous voici donc au niveau du cimetière. C'est ici que repose nos valeureux nains n'ayant eu d'autre choix que de nous quitter bien trop tôt. Vous pouvez donc admirer leurs tombes. Je vous rassure, il s'agit là de sépultures préparées mais toutes ne sont pas occupées, loin de là. La pièce la plus à gauche est remplie, suite notamment au "grand déchaînement" d'il y a un peu plus de 5 ans maintenant, où la moitié de la forteresse était devenue berserk. Vous pouvez voir, à côté des escaliers, le "jardin aux morts", là où les nains déposent les plaques en mémoire des nains dont on n'a pas retrouvé le corps. Et enfin, décorée de statues d'or, la tombe prévue pour notre estimé Baron, s'il venait à décéder. Au fond du petit couloir, la morgue, dont un jeu de portes permet d'éviter d'envahir d'odeurs peu ragoutantes l'ensemble de la forteresse.

Photo souvenir :

Maintenant, si vous voulez bien me suivre, nous allons remonter voir les cultures et le réservoir "d'eau d'attaque" avant de terminer notre visite. Cela se situe au niveau +1, au dessus du rez-de-chaussée.

Niveau +1 : Cultures

Les cultures s'étendent en sous-sol sur une vaste partie de la forteresse. Vous ne verrez qu'une partie. Vous pouvez voir, en revanche, la dernière pompe située au bout du canal d'eau du rez-de-chaussée permettant de remplir le réservoir. Par l'action d'un levier situé au RDC (saurez-vous le trouver ?) l'eau se déverse au niveau inférieur, noyant l'ennemi bloqué entre les deux pont-levis. Enfin, situées au dessus du premier pont, vous pouvez admirer 2 belles statues (enfin, des gargouilles, plutôt) accueillant nos visiteurs.

Photo souvenir :

Voilà, vous avez pu voir les principales parties de cette forteresse. Le syndicat d'initiative nain espère que vous avez apprécié la visite. Faites attention sur la route, on nous signale l'arrivée d'un siège goblin, empruntez les itinéraires bis. Et n'oubliez pas le guide !

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Q

29/05/2013 - 2 commentaires

Croiseur Puma
Classe Mars

Commandant Harrison

Le commandant Harrison regardait son écran tactique avec un petit sourire. Ses yeux bleus brillaient d'un air menaçant alors que ses cheveux et sa barbe châtains taillés courts donnaient l'impression de se hérisser telles autant d'épines. Rares étaient devenues les prises de cet ordre ces derniers temps. Avec la recrudescence de la piraterie spatiale, les grandes compagnies privilégiaient plutôt les petits vaisseaux rapides que les gros porteurs afin d'acheminer leur fret. L'humeur de l'équipage s'en était ressenti : des prises plus petites demandaient beaucoup plus de travail pour entretenir un rythme de vie auquel le commandant et ses hommes s'étaient habitués depuis qu'ils avaient abandonné la flotte de la Fédération pour leur activité beaucoup plus lucrative. Et la prise du gros vaisseau marchand poussif qui venait d'entrer à portée de leurs missiles serait très certainement fêtée avec une gueule de bois de plusieurs jours.

Le Bellérophon était un vaisseau marchand de 135 000 tonnes à vide. Ses énormes soutes pouvaient contenir pour plusieurs millions de crédits et étaient donc réservées habituellement pour le fret dans les zones bien protégées. Malheureusement, celui-ci avait été racheté par une petite compagnie de fret qui n'avait eu d'autre choix, par un malheureux hasard, que d'envoyer ce vaisseau ravitailler le système Raclus, comprenant une seule planète habitable et 2 autres telluriques, aux marges de la Fédération. Raclus-B, dans le système de Raclus, était la dernière planète colonisée par l'Humanité et avait beaucoup souffert du retrait des troupes de la Fédération des Marges, il y a 10 ans. Elle avait donc décidé, comme de nombreuses autres planètes, de s'équiper elle-même de vaisseaux de défense. Le Bellérophon ne pouvait néanmoins pas compter sur eux. La sortie du saut hyper-spatial avait placé le marchand à plus de 200 millions de kilomètres de l'étoile de Raclus, comme c'était la règle pour éviter les effets néfastes de la gravitation, et le vaisseau armé raclusien le plus proche était une frégate située en orbite autour de Raclus-C, à quelques 30 millions de kilomètres. Le Puma, croiseur de classe Mars commandé par le commandant Harrison et actuellement en chasse d'un juteux vaisseau marchand, se trouvait à moins de 4 millions de kilomètres de ce dernier, et il s'en rapprochait de plus d'un million par heure. Ses 75 000 tonnes faisaient pâle figure à côté du vaisseau marchand, mais ses puissants missiles et ses lasers lourds pouvait sans aucun mal découper un vaisseau avec comme seul défense un bouclier de classe civile destiné à simplement empêcher les débris spatiaux d'endommager la coque à peine blindée comme le Bellérophon.

- "Hector, ouvrez une communication vers le Bellérophon, je crois qu'il est temps de se présenter" dit le commandant Harrison dans un sourire carnassier.
- "Enregistrement lancé commandant"
- "Vaisseau marchand Bellérophon, ici le commandant Harrison du croiseur Puma. Comme vous l'avez remarqué, nous vous donnons actuellement la chasse et il serait préférable pour vous de ne pas nous irriter. Aussi vous demanderais-je de décélérer immédiatement afin que nous puissions vous aborder. Si vous obtempérez, il ne vous sera fait aucun mal. Harrison, terminé."

Alors que le lieutenant envoyait le message qui mettrait plusieurs secondes à arriver au malheureux marchand, le commandant se repassa mentalement les quelques heures qui s'étaient écoulées. L'apparition sur les écrans d'un vaisseau, tout d'abord, alors que le Puma s'apprêtait à passer en hyper pour rejoindre sa "base", bredouille. Ensuite, l'attente de plusieurs longues minutes pour déterminer si les radiations propres aux préparations du passage en hyper semblaient avoir été détectées par le nouvel arrivant, et les données des capteurs passifs affluant lentement. Ce n'est qu'après que le vaisseau marchand se soit enfoncé de plusieurs millions de kilomètres dans la zone "gravitique", où il est impossible de faire un saut hyper-spatial sans risquer de détruire purement et simplement son vaisseau, que le Puma était sorti de son inactivité apparente. Le commandant imaginait la tête du capitaine marchand en voyant apparaître les signaux d'activité que nul vaisseau, pas même civil, ne pouvait manquer à cette distance alors que les réacteurs du Puma tournaient à la puissance maximum. La réaction du capitaine marchand avait été classique par la suite. Surpris et affolé, il avait d'abord tenté de sortir de la zone gravitique afin d'effectuer un saut d'urgence, mais le Puma, fort d'une plus grosse accélération, s'était placé sur sa trajectoire. Si le Bellérophon gardait son accélération actuelle, le Puma l'intercepterait un demi-million de kilomètres avant la limite. Bien sûr, cela s'entendait si le pirate ne tirait pas un seul coup et n'endommageait pas la vaisseau, ce qui n'était pas dans les habitude du commandant Harrison face à des proies récalcitrantes.

- "Pas de réponse commandant" intervint Hector Belakov
- "Peut-être qu'une petite démonstration s'impose. Artilleur, vous savez quoi faire."

Un unique missile s'élança d'un des 20 tubes lance-missiles du vaisseau de guerre et se précipita dans l'espace. Comme les missiles sont inhabités, ils sont moins limités que les vaisseaux spatiaux qui doivent, eux, garder une accélération pouvant être supportée par l'équipage. Même si la technologie des compensateurs avait énormément évolué depuis les premiers pas spatiaux de l'Humanité, ils n'étaient pas assez puissants pour supporter l'accélération de plusieurs milliers de m/s² d'un missile. Le missile mit un peu plus d'une minute pour atteindre le gros porteur puis s'écrasa sur ses boucliers sans détonner. Le commandant Harrison fit un signe à l'officier des communications :

- "Vaisseau marchand, comme vous le voyez, vous êtes déjà à portée de nos missiles. Comme vous le savez sûrement, nous vous intercepterons avant que vous ne puissiez effectuez le moindre saut. Ce qui signifie que vous serez bien avant cela à portée de nos lasers. Je ne souhaite pas vous faire de mal après tout, donc pourquoi ne pas décélérer et nous laisser votre vaisseau ? Harrison, terminé."

À cette distance, les missiles n'étaient pas vraiment efficaces car la mise à jour de leurs plans de tir étaient effectués par le contrôle de tir du vaisseau pirate et retransmis aux missiles. Il aurait bien aimé utiliser des missiles autonomes, mais ceux-ci coûtaient cher et n'étaient vraiment pas nécessaire dans cette situation. À vrai dire, si le marchand ne voulait pas se rendre, le commandant préférerait utiliser ses lasers, bien plus puissants et bien moins chers à utiliser, quitte à détruire une partie de la cargaison.

- "Adam, préparez moi des solutions de tir lasers sur les points faibles des vaisseaux de cette classe. Faites le nécessaire pour l'endommager suffisamment pour l'arrêter, mais conservez ses soutes intactes et si possible ses réacteurs. Si on n'arrive pas à le vider, j'aimerai pouvoir le manœuvrer et le sortir d'ici avant que les raclusiens ne se ramènent" lança Harrison.

Presque 3 heures s'étaient écoulées, et après 2 autres missiles de semonce et aucune réponse de la part du marchand, Harrison avait pris la décision qu'il avait déjà pris maintes fois au cours de ses années de piraterie et qui allait conduire à la mort un bon nombre de stupides marchands. Ainsi, la Hings Stellar Corp, l'employeur actuel du Bellérophon, allait-elle faire passer le message à ses capitaines de se rendre plutôt que de s'entêter de manière totalement absurde.

- "J'ai de multiples échos commandant" intervint l'astrogateur. "Multiples échos aux parages de l'ennemi. On dirait qu'ils larguent une partie de leur cargaison."
- "Envoyez des drones de récupération, et récupérez-en autant que possible."

Il s'agissait de quelque chose de très classique. Lorsqu'il apparaît que la situation est sans issue favorable, bon nombre de marchands jettent les containers de plus grande valeur, équipés de modules de repérage. Ces modules s'activent s'ils reçoivent un code précis sur une fréquence précise et permettent ainsi leur récupération. Seule la compagnie responsable des containers et le vaisseau les transportant connaissent ces caractéristiques. Et la deuxième chose à faire après avoir balancé ses containers par dessus bord est d'effacer toute référence à ces codes dans les ordinateurs de bord. Si le pirate voulait récupérer la précieuse cargaison, il devait envoyer des drones "à l'aveugle" tenter de récupérer les containers à leur dernier endroit connu. Malheureusement, dans l'espace, repérer ce genre d'élément est pratiquement impossible, mais avec un peu de chance... Était-ce pour ça que le marchand avait continué sa route ? Pour s'organiser et balancer les plus grosses valeurs d'abord ? Sur un bâtiment avec d'aussi grosses soutes, c'était probable, bien que le commandant Harrison ne sache pas vraiment quel genre d'humain pouvait préférer sauver sa cargaison plutôt que sa vie. Il haussa les épaules mentalement.

Plus que 15 minutes avant que le marchand se retrouve à portée de lasers du Puma puis encore 20 pour se trouver à portée optimale. Le pirate disposerait ensuite d'une fenêtre de 25 minutes pour découper le vaisseau civil en tranches si celui lui faisait plaisir. Harrison s'installa confortablement dans son fauteuil sur la passerelle du Puma, ce vaisseau dont la Fédération lui avait confié la charge il y a de ça 8 ans. Il se rappela de ce jour où, dînant avec ses officiers, le repas avait tourné autour de la situation des militaires fédéraux. Incapables de subvenir aux simples besoins de leurs familles suite aux coupes budgétaires et aux réductions de salaires de la Fédération, l'option de la piraterie s'était naturellement présentée à eux. Entre deux déploiements ils emmenèrent leurs familles sur une planète dans les Marges puis, lorsqu'ils reprirent leur vaisseau sous les ordres de la Fédération, disparurent, laissant quelques uns de leurs hommes ne désirant pas prendre part à "l'aventure", dans des capsules de secours au milieu de l'espace.

Il observait avec attention le point cramoisi se rapprocher du point bleu au centre de son écran tactique. Dans 10 minutes, la proie allait entre à portée de laser, sans aucun espoir d'en réchapper. Harrison découvrit les dents dans un de ses sourires carnassiers.

- "Changement de statut !" hurla l'astrogateur.

Harrison s'était levé, la bouche ouverte alors que l'écran tactique se modifiait à une vitesse folle. Le vaisseau marchand venait de lever un bouclier de classe militaire et effectuait un demi-tour d'une rapidité inouïe. Le cerveau d'Harrison fonctionnait à toute vitesse mais était incapable de croire ce qu'il voyait. Le vaisseau marchand s'était radicalement transformé, et le Bellérophon avait changé son code de transpondeur. "Quel crétin !" se dit in peto Harrison, "quel crétin je fais !", alors que l'écran tactique avait fini de mettre à jour les données. À la place du Bellérophon s'affichait désormais le Faucon, croiseur lourd de classe Roublard de la Fédération, spécialement conçus pour répondre à la menace pirate.

L'instant d'après, le Puma rua sous les coups des puissants lasers lourds du Faucon dont la portée était largement supérieure. De multiples explosions envahirent la passerelle alors que 12 lasers venaient s'enfoncer dans les entrailles du vaisseau, transperçant sans broncher le puissant bouclier et les plaques de blindage de combat. En à peine 10 secondes, 15 des 20 tubes lance-missiles furent détruits, la totalité des 4 lasers de proue furent désintégrés, ainsi que les 2/3 des 6 lasers de flanc restant. 30% des 350 membres d'équipage furent tués sur le coup et 10%, qui n'avaient aucune raison de revêtir leur tenue de survie face à un simple vaisseau marchand, furent éjectés dans l'espace par les plaies béantes longeant tout le vaisseau. Le Puma ne possédait plus qu'un seul réacteur en état de fonctionnement sur les 4 initiaux. Aucun des compensateurs n'avait lâché, ce qui tenait du miracle alors que tant de compartiments donnait sur l'espace.

Alors que le vaisseau mutilé répandait son atmosphère dans le vide spatial, le commandant Harrison se tourna vers Hector Belakov. Il ouvrit la bouche pour donner l'ordre de se rendre mais la referma lorsqu'il aperçu le corps de l'officier étalé sur sa console, un éclat d'acier planté dans le dos. Au milieu de la fureur des rapports d'avarie, le commandant ouvrit le bras de son fauteuil pour asservir les commandes de communication à son pupitre :

- "Ici le commandant Harrison à vaisseau ennemi. Nous nous rendons. Pitié, on se rend !"

Croiseur Lourd Faucon
Classe Roublard

Commandant Copala

- "Pitié, on se rend !"

Le commandant Copala était assis dans le fauteuil de commandement en combinaison de combat, comme le reste des officiers sur le pont. Le Faucon était un nouveau type de vaisseau, parfaitement équipé pour imité un gros vaisseau marchand poussif. Les lasers et lance-missiles étaient dissimulés sous des plaques rendant impossible le fait de pouvoir déterminer leur présence par une analyse optique. Même si le commandant estimait, à juste titre, que le pirate qu'ils avaient en joue n'en avait même pas pris la peine. Pourtant, de nombreux éléments permettraient de se douter de quelque chose. Tout d'abord, les aspérités disposées sur le ventre du vaisseau, dissimulant les générateurs de boucliers. C'était d'ailleurs le but de la manœuvre consistant à présenter le dos du vaisseau à l'ennemi en simulant une fuite en dehors de la zone gravitique. Le dos n'étant pas non plus dépourvu de détails sur la nature du bâtiment. Les dispositifs de communication étaient plus nombreux que sur un bâtiment civil, répondant à la nécessité de redondance des bâtiments militaires. Les capteurs, bien que beaucoup plus discrets, étaient aussi bien plus nombreux et clairement d'apparence militaire.

Sur le plan tactique, le fait de devoir se séparer des plaques cachant l'armement pouvait aussi mettre la puce à l'oreille d'un pirate. Bien qu'il soit très classique que les marchands se séparent des containers de valeur lorsqu'ils sont attaqués, si un drone de récupération pirate arrivait à atteindre une des plaques, le pot-aux-roses serait découvert, supprimant l'effet de surprise. Bien que l'effet de surprise ait joué à plein, le Faucon n'a pas grand chose à craindre face aux vaisseaux pirates standards. Bon nombre ne sont que des croiseurs ou des croiseurs légers, voire des frégates. Le fait d'avoir rencontré un croiseur de classe Mars est assez exceptionnel, tout comme l'est le Faucon. Seuls 4 vaisseaux de classe Roublard ont été construits, pour simuler des gros porteurs, devenus rares dans le fret à risque. Les croiseurs légers de classe Renard, bâtis suivant le même principe que le Faucon, sont beaucoup plus nombreux à "jouer au marchand" dans les Marges et seraient facilement surclassés par un croiseur de classe Mars ou même un croiseur léger de classe Jupiter si celui-ci venait à comprendre à qui il avait affaire. C'était d'ailleurs pour cela que l'amirauté avait décidé de les faire patrouiller par deux ou trois, alors que les Roublards devaient se débrouiller seuls.

Sur le plan stratégique, ces faux-navires marchands doivent réduire les actes de piraterie. Et bien que le commandant Copala pensait que la simple peur de rencontrer un tel vaisseau suffise à empêcher quiconque de se lancer dans un acte de piraterie, ses ordres étaient d'une toute autre nature.

- "Ici le commandant Copala du croiseur lourd Faucon de la flotte de guerre de la Fédération. Avez-vous des prisonniers à bord ?"

La réponse du commandant pirate Harrison ne tarda pas :

- "Non. Non, nous n'avons aucun prisonnier à bord, aucun. Nous nous rendons corps et biens."

Le commandant Copala soupira, l'air soudain triste :

- "Je suis au regret de vous informer que mes ordres sont incompatibles avec votre reddition. Je devais simplement m'assurer qu'aucun civil innocent était présent à votre bord."

Il coupa la communication. Le Faucon avait eu plusieurs heures pour ajuster ses solutions de tir, avec une parfaite connaissance des plans du vaisseau ennemi, puisqu'il s'agissait d'un ancien vaisseau de la Fédération. Chaque laser avait détruit exactement ce qu'il devait détruire, laissant intactes la prison de bord, l'infirmerie, les quartiers d'habitation ainsi que les compensateurs qui permettaient à l'équipage de survivre aux plusieurs centaines de gravités devant normalement s'exercer à bord d'un vaisseau avec une telle course.

Le commandant Harrison ne sentit jamais les 4 lasers détruire simultanément les 4 compensateurs du vaisseau mutilé. Il n'eut pas le temps de se rendre compte que son corps se changea instantanément en fines particules. Il ne vit pas non plus, alors que le Faucon s'éloignait de la carcasse de sa proie désormais déchiquetée, la dizaine de missiles nucléaires fondre sur les restes du Puma pour le réduire en cendres.

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Ma spiritualité

18/05/2013 - 6 commentaires

S'il est quelque chose de l'ordre de l'intime, c'est bien la "spiritualité" de chacun. Lorsque viennent les débats sur les religions, on me demande souvent "mais toi alors, tu ne crois en rien ?". Bien que je réponde "non", c'est une réponse incomplète si on considère les "non-dits" de cette question. Derrière cette question de croyance se pose souvent celle de la place de l'humain dans l'Univers, de sa création, de son destin. Lorsqu'on creuse un peu, l'adhésion à une religion est en général une réponse à une peur de vacuité de sa propre vie. L'humain imagine un ou plusieurs dieux, puissants, avec une volonté propre, qui nous imposent des épreuves que nous devrions relever pour accéder à une "vie éternelle", une fois que notre "âme" s'affranchira du carcan de notre corps et répondra de ses actes devant "l'Éternel".

Bien entendu, je ne crois pas à cela.

Et pourtant...

En tant qu'humain, je pense qu'il arrive forcément un moment où ces questions se posent, et elles ne nous quittent d'ailleurs jamais vraiment. Que fais-je ici ? Quelle est le but de ma vie ? Que restera-t-il de moi après ma mort ? Autant de questions angoissantes. Je me les suis posées, bien évidemment, et j'y ai répondu, à ma manière et sans besoin d'une quelconque force supérieure. Et puisque ce blog expose certaines parties de ma vie, je crois qu'il n'est pas absurde de partager ici cette vision du monde, de la vie, de l'existence et de son but. C'est une vision qui peut être effrayante par certains côtés, je n'en doute pas, mais elle est, à mon sens, extrêmement rassurante. C'est une vision forcément imprégnée de réalités scientifiques.

Nous sommes tous issus des étoiles. Chaque atome de l'Univers est "né" dans une étoile. Je suis le produit de milliards d'années de voyage d'atomes à travers l'Univers, et les atomes qui faisaient mon être à la naissance sont tous ailleurs actuellement.

Mon cerveau, aussi complexe soit-il, est le centre de réactions chimiques et électriques, une machine complexe fonctionnant uniquement à partir d'interactions simples. Ma conscience est le fruit de ces interactions, et un simple élément chimique de base, ou un simple courant électrique, peut en perturber ou arrêter le fonctionnement, comme une simple goutte d'eau peut arrêter le fonctionnement d'un ordinateur.

Et cette immense somme d'atomes qui interagissent pour former mon être permettent non seulement de contempler l'immensité de l'Univers et l'infiniment petit des atomes, mais aussi de les interroger en quête de réponses :

Est-ce que tout cela a un but ? Une volonté propre ? Un destin ?

Ce que je crois, c'est qu'il est théoriquement possible de prévoir les trajectoires, l'environnement et les interactions de tous les atomes de l'Univers à un instant t. Et sachant cela, il est théoriquement possible de prédire, à l'atome près, l'avenir. Je ne conçois pas les phénomènes physiques (et les phénomènes scientifiques en général) comme étant purement probabilistes. Les probabilités sont là pour combler un manque, celui de ne pouvoir accéder au modèle fonctionnel de l'Univers. Car connaître les caractéristiques de tous les atomes de l'Univers nous est physiquement impossible, ne serait-ce que parce qu'observer un atome influence celui-ci et qu'il faudrait donc connaître, au même instant de l'observation, les caractéristiques de la machine observant tous les atomes. Cette impossibilité rejoint, de manière amusante, l'idée de la phrase "les voies du Seigneur sont impénétrables".

Mais l'Univers a-t-il une volonté ? Ce serait prêter une conscience à l'Univers, ce qui me semble farfelu. Ce serait comme prêter à la Nature des notions de "Bien" et de "Mal", ce qui n'a aucun sens. Pas de volonté pour l'Univers donc, je l'imagine tel un bout de bois flottant sur l'océan : il poursuit son chemin, que nous ne pouvons qu'observer. L'Univers est une "puissance" très largement supérieure et il n'est rien que je puisse faire pour m'en attirer ses "bonnes grâces".

De toutes ces pensées découlent une sorte de fatalisme : l'Univers n'a pas de projets pour l'Humanité et celle-ci n'est rien à l'échelle galactique. On pourrait même y voir une raison d'abattement : à quoi bon ? Quel serait donc le sens de la vie ? Car si l'Univers n'a aucun plan pour l'Humanité, s'il n'est nul Dieu protecteur, cela veut dire que RIEN ne nous protège d'un désastre, de l'extinction de notre espèce, par exemple en raison de la collision d'un immense corps stellaire. Alors, à quoi bon ?

J'y vois pourtant une énorme opportunité. Nul salut dans les religions, nul salut venant d'une quelconque entité miséricordieuse, l'Humanité doit forger sa propre survie, en commençant par se multiplier au delà de sa planète originelle, dans un Univers sans aucune sorte de pitié. J'y vois l'occasion d'user de notre curiosité. C'est l'occasion de proclamer notre liberté, en tant qu'espèce, et de forger notre propre destinée plutôt que d'attendre un salut d'une entité soit-disant toute puissante qui ne viendra pas.

Quant à la mort et à l'éternité... Comme je l'ai dit, je ne suis qu'un agencement complexe d'atomes. Les atomes qui constituaient mon être à la naissance sont ailleurs. Dans les plantes, le béton, l'air, la terre, les océans ou même l'espace. Lorsque je mourrais, il en sera de même. Mais les atomes sont éternels, et "je" suis donc déjà éternel. Alors les promesses des religions et sectes concernant la "vie éternelle" qu'il faudrait "gagner" ont des airs de charlatans désireux de me vendre ce que j'ai déjà.

Au final, je suis un peu l'Univers se contemplant lui-même.



"Pale Blue Dot" : La Terre vue par la sonde Voyager 1 en 1990 à 6 milliards de kilomètres. Le petit point bleu là, c'est la Terre.

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La photo du point bleu pâle provient de Wikipedia.

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Anniversaire d'un tas de poussières

09/04/2013 - Commentaires fermés


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Un tas de poussières, oui, mais un tas de poussières d'étoiles.

Je suis désolé pour ta femme Seb car ça ne va certainement pas arranger ton passage de portes, mais il semblerait que toute la communauté "blogo-techno-web" francophone ait décidé de fêter tes 40 ans.

Je ne suis jamais très fort pour les anniversaires, mais là ils sont une bonne quinzaine à me le rappeler (j'ai arrêté de compter à 10 hein), et je ne tiens pas réellement à me les mettre à dos :p

"Moulé à la louche depuis 1999", et j'ai dû découvrir ton site pas très très longtemps après. Et mis à part à la marge, je ne crois pas que nous ayons une vision tellement différente du numérique, de sa place et de ses usages. Peut-être est-ce d'ailleurs cette vision qui fait de toi quelqu'un de si "populaire" dans le milieu en dépit de tes talents de graphiste.... limités ;)

Je ne suis pas pour la personnification, ni l'idolâtrie, ni ce genre de choses. Tu n'es qu'un humain, avec ses failles, comme tu le rappelles. Tu fais caca comme tout le monde (ou presque). Et je ne suis clairement pas expert dans l'art de dire des choses "gentilles" ni intelligentes.

Il n'empêche, merci pour toutes ces années d'astuces, de coups de gueule, de découvertes, de démystification, de projets, de code libre, j'en passe et des meilleures.

Ce soir je lèverai donc une bière à ton honneur (et à la signature de mon compromis de vente), à tes 40 ans, et au plaisir de te lire (et de travailler avec toi) pendant au moins les 40 prochaines années.

Joyeux anniversaire, Sébastien Sauvage, et que la force soit avec toi !

Alors, ça fait quel effet ?

(sachant que je suis au niveau 0 du rappel des anniversaires, si ma famille tombe sur cet article, je vais me faire déshériter, sache le)
(à ma famille : j'ai reçu 15 mails pour savoir "qu'est-ce qu'on fait pour l'anniversaire de Seb", ça excuse, non ?)

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Apprendre le numérique

28/02/2013 - 3 commentaires

Il y a quelques temps, plusieurs mois à vrai dire, je suis tombé sur cet article(en). Et plusieurs idées ont fait leur chemin, lentement, petit à petit, mais sûrement. Et c'est un article de Numérama qui m'a fait prendre conscience de quelque chose. Moins qu'une vérité absolue et définitive, il s'agit là d'une piste de réflexion sur la façon de penser le numérique et ce que certains appellent encore la "vie réelle". La séparation du corps et de l'esprit est une chose relativement répandue et cette croyance est peut-être en partie responsable du fait qu'une frange non négligeable de la société a du mal à considérer la "vie numérique" comme faisant partie intégrante de la "vie réelle".


"Fusion du réel et du binaire" | Photo de xfce

Je n'utilise d'ailleurs pas le terme "d'extension de la vie réelle" à dessein : je considère la vie coupée du numérique comme étant une vie diminuée. Le numérique, et Internet, n'est plus une "extension" : cela fait partie intégrante de notre vie, de nos modes de communication, de nos moyens et sources d'apprentissage, de la gestion de notre mémoire, de nos moyens de nous orienter et de coopérer, de travailler, de nous informer, de nous révolter, etc.

Alors, oui, ça pose des questions. Mais fuir ces questions en tentant de séparer ce qu'ils appellent "vie réelle" et "vie virtuelle" ne fait qu'engendrer des maux sans apporter un seul remède. Cette séparation est la source des "tragédies d'Internet" où une personne, inconsciente de la confusion de ces "deux mondes" en un seul et unique, voit sa vie privée entièrement diffusée, à la vitesse de l'électron, à travers le monde. Cette séparation est aussi responsable de l'attitude parfois méprisante de certains "défenseurs de la liberté" qui refusent de s'engager dans le combat, par exemple, de la liberté d'expression sur Internet au motif que "c'est virtuel". Ce mépris s'exprime généralement en considérant les questions liées aux libertés numériques comme "secondaires" : le peu d'intérêt porté à la question des DRM en est une manifestation. Et qu'est-ce que ce refus de voir que ces "deux mondes" ne forme qu'un seul et même environnement apporte comme bénéfice ? Aucun, l'aveuglement a toujours été un handicap.

Or il y a un besoin de compréhension, d'identification, d'orientation dans ce "nouveau monde". Il est palpable dans les articles vantant les "méthodes pour se désintoxiquer d'Internet" et autres "modèles de vie déconnectés". Bien sûr qu'il y a des dangers, des pièges, et même des catastrophes possibles, surtout si on continue à promouvoir une vision dualiste du monde, avec d'un côté le numérique et de l'autre le physique. Beaucoup feront des erreurs, beaucoup en ont déjà fait.

On aurait pu penser qu'après plus de 20 ans d'existence du Web (cet aspect le plus fréquenté d'Internet) on aurait pu se forger des barrières, des méthodes, des chemins, pour appréhender ce monde et sa fusion avec "le réel". Il n'en a rien été. L'identité collective Anonymous est toujours incomprise du plus grand nombre, les données personnelles transitent en clair et par blocs entiers sur les réseaux, les contenus sont centralisés, on expose Internet comme étant une "zone de non-droit" tout en lui permettant d'intégrer nos téléviseurs, nos caméras de surveillance, nos systèmes de contrôle des centrales atomiques et nos interphones pour enfants y sont reliés. L'immense majorité des utilisateurs d'Internet et des produits numériques fuit en avant, aveuglés par la pensée qu'une fois la connexion coupée, ils sont "déconnectés".

Et lorsqu'il y a un problème, "c'est de la faute d'Internet". Non pas de notre incapacité à appréhender et à (méta-)concevoir notre utilisation de cet outil, non non non ; tout est de la faute d'Internet, comme si "Internet" était une entité consciente avec sa propre volonté. Serait-ce donc cette "conscience autonome" fantasmée qui nous empêcherait de concevoir Internet comme "notre monde" et non "un autre monde" ? Accuserait-on le marteau de notre vive douleur aux doigts ?

Il est vrai que nous n'avons pas pu nous préparer à l'explosion de la numérisation de notre monde. Nous ne l'avons pas vu. Je suis de la génération qui a vu ce monde se créer, la magnifique genèse d'un vrai "patrimoine commun de l'Humanité", où chacun, pour un coût négligeable, peut apporter sa pierre, son savoir, son savoir-faire, ses remarques et ses critiques à l’édifice. Mieux encore : chacun peut se documenter, apprendre, s'ouvrir, communiquer, à un coût encore plus dérisoire. L'ouverture de l'humain sur son propre monde et ses semblables est une rupture historique comme jamais l'Humanité n'en a vécu. Internet, c'est la pierre taillée, le feu, le bronze, l'agriculture, l'écriture, la roue, l'imprimerie, la navigation à voile, le vaccin, la vapeur, l'électricité, la conquête de l'espace et la fission nucléaire réunis !

Et nous ne savons pas appréhender cet outil. Même ceux dont les métiers sont directement impliqués ont du mal à le concevoir. Et c'est cette immensité, cet espace de liberté quasi-total et inédit qui fait peur. Peur à ceux qui ne veulent pas essayer, qui subissent ce changement sans avoir rien demandé et qui, au final, renoncent et veulent détruire cette "boite de Pandore" qui les menace soit directement (commercialement, politiquement...), indirectement et/ou irrationnellement. Alors on considère Internet (enfin, le Web particulièrement) comme une "drogue" à laquelle les intégrés seraient "accrocs", comme une menace pour "l'économie réelle" et contre "la liberté d'expression" par son effet négatif sur la presse papier historique (cette même presse papier totalement dépendante des subventions étatiques et du bon vouloir de leurs entreprises actionnaires, voilà pour "l'indépendance" et la "liberté"), responsable du "piratage" par "incitation au téléchargement illégal".

Alors que faire, nous qui sommes au mieux mal équipés au pire désarmés ? La réponse est à la fois évidente et complexe. J'ai passé mon temps à décrire un outil numérique, Internet, qui permet l'interconnexion des réseaux. Utilisons le pour nous l'approprier ! Explorons les possibilités, tâtonnons, ouvrons-nous, inventons nos propres méthodes, à nous adapter sans cesse... Apprenons à marcher dans cette nouvelle réalité, celle qui, en définitive, impose de ne jamais rien croire sur parole, de s'investir, de vérifier, à toujours évoluer, s'adapter, de prioriser, de s'inventer, de se créer. Car nous n'existons que par le regard des autres. En définitive, la "fusion du numérique et du physique" oblige à se frayer seul un chemin dans un monde commun en s'appuyant sur ses interactions multiples avec les autres. Les plus curieux s'en sortiront donc mieux et plus facilement que ceux qui attendent qu'on leur trace un chemin. C'est donc non seulement un nouveau monde à réapprendre mais aussi une toute nouvelle dimension sociale à forger.

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Le drapeau de l'égalité

03/02/2013 - Commentaires fermés

Résumé des épisodes précédents

Samedi 2 Février 2013, l'article 1er de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe a été voté. Lorsque cet article sera promulgué, il inscrira dans la loi que "Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe". Si le combat législatif pour cette loi n'est pas encore gagné (il reste tous les autres articles, notamment relatifs à l'adoption), cette première victoire est un symbole très fort, la pierre nécessaire et primordiale pour l'égalité des droits.

Lorsque le projet de loi a été annoncé, honnêtement, je m'en foutais. L'institution du mariage n'est pas quelque chose qui me concerne ; je ne pensais pas un jour défendre cette institution bourgeoise, ni défendre un ministre d'un gouvernement socialiste, et les associations LGBT savent très bien se défendre, militer, et défendre leurs droits (si certainEs en doutaient, les derniers mois devraient largement convaincre) ; ce débat aurait donc dû être éloigné de mes préoccupations, notamment dans le contexte économique et social actuel.

C'était sans compter la réplique homophobe. Et soyons clairs une bonne fois pour toutes : refuser l'égalité des droits et/ou faire des homosexuelLEs des citoyenNEs de second rang C'EST de l'homophobie. No exception.

La réplique homophobe donc, que ce soit au nom de la "famille", de la religion ou autres conneries bourgeoises, a traversé le pays pendant des mois, et continue de le faire. Les propos violents, les menaces, les contre-vérités, l'endoctrinement, les sophismes, la violence physique, la haine qui s'affichait sans filtre à l'encontre des LGBT, faisant même montre d'une certaine fierté, étaient à vomir. Vint alors l'appel à la manifestation pour l'égalité regroupant les LGBT et les "hétéros solidaires". Dur dilemme : défendre le mariage (pour tous) ne faisait pas partie des "combats" que j'imaginais mener un jour. Et j'ai longtemps hésiter. Comme je l'ai dit, le mariage est une institution bourgeoise, et je suis plutôt pour le revoir de fond en comble (notamment la notion de "fidélité" entendue comme "exclusivité", par exemple) mais là n'était pas la question. La question était celle de l'égalité des droits, devant la succession, l'adoption, la protection de la famille, etc.

Et face à la violence homophobe qui se déchaînait, à l'appel des "hétéros solidaires", et à "mon" sens de l'égalité, j'ai manifesté. À chaque fois.

Pas pour l'institution du mariage.

Pour l'égalité de droits entre les citoyens, certes.

Mais surtout parce que dans "hétéros solidaires", il y a "solidaire". Et que voir et entendre les LGBT trainéEs dans la boue, encore considéréEs comme des sous-humains, accuséEs des pires horreurs, affiliéEs aux zoophiles, aux pédophiles et autres déviances ne devrait plus exister en 2013. Qu'en 2013, on ne devrait pas tolérer l'intolérance. Parce que les hordes homophobes qui ont défilé devraient être d'un autre âge, celui de l'obscurantisme. Que l'orientation sexuelle ne devrait pas déterminer une classe de citoyenNEs. Pour montrer que les LGBT ne sont pas seulEs à vouloir les voir jouir des mêmes droits que tout le monde. Parce que, justement, avec qui les LGBT jouissent ne détermine pas si ils et elles seront de bons parents ou non. Parce que la précarité, où qu'elle soit, et quelle qu'elle soit, n'a pas sa place dans une société juste et humaine. Pour montrer que pour chaque acte homophobe, chaque parole homophobe, des hétéros aussi se sentent blesséEs, indignéEs et révoltéEs. Pour montrer que dans leurs combats, les LGBT ne sont pas seulEs et qu'ils et elles peuvent compter, quand et s'ils et elles le désirent, sur des personnes prêtent à faire front avec elleux. Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, j'ai manifesté à leurs côtés, à leur appel.

Rions avec nos députés

Et ce combat, dont une victoire primordiale a été remportée, nous aura appris, s'il y avait encore un doute, plusieurs choses lors des débats parlementaires. Parce que chaque lutte n'est supportable que si elle comporte sa dose d'humour, rions ensemble, si vous le voulez bien, de ces quelques enseignements apportés par nos chers députés :

- L'UMP, le centre et le FN ne savent pas lire un texte de loi ; s'inquiétant de la filiation alors qu'aucun article ne modifie ces dispositions, ces partis n'ont eu de cesse de rappeler ce "danger pour notre société". Legislative Wars - Épisode I : La menace vraiment fantôme.
- Les "rappels au règlement" permet à n'importe qui, n'importe comment, de dire ce qu'il pense, mais jamais concernant le "règlement", en dehors de la liste des intervenants normalement constituée. Monty Python and the Holy Grail.
- L'UMP a un problème avec la GPA, mais je n'ai pas bien compris ce qu'il était ; j'ai hâte qu'ils remettent ça pendant les discussions sur la PMA en Mars ! Las Vegas UMParano.
- L'UMP et le centre ont un sérieux problème avec la hiérarchie des normes. Ils sont persuadés qu'une circulaire peut outrepasser la Loi. Judge Dredd.
- L'UMP est un grand défenseur du droit des femmes, à entendre ses députés qui semblaient extrêmement concernés. Bon, ça aurait été mieux si ça avait été des femmes qui défendaient cette position, mais il semblerait qu'on ne puisse pas défendre le droit des femmes ET respecter la loi sur la parité. Le parrain - avec Laurent Wauquiez.
- L'UMP, le centre et le FN sont pour l'égalité des droits hein. Mais pas pour l'égalité pour l'adoption. Ni pour l'éducation des enfants par des homos, faut pas déconner non plus. Invictus.
- L'UMP considère qu'il y a d'autres priorités en cette période de crise. Ils préféreraient certainement qu'on suive leur exemple de bonne gestion de crise : mettons en place un grand débat sur "l'identité nationale" ! French History X.
- L'UMP, le centre et le FN considèrent que ce changement de société est tellement important qu'il nécessite un référendum sur la question, alors que plus de 60% des français se déclarent favorables à ce projet de Loi (86% de la "jeune génération", celle qui "héritera" de cette société). Lorsque l'UMP était au pouvoir, en revanche, la réforme des retraites, changement structurel et social majeur pour notre société, s'est passée d'un référendum pourtant réclamé par les syndicats et certains parlementaires, et la population était défavorable au projet à 60%. The Dictator.

Et maintenant, la suite...

Ce combat n'est certes pas terminé. Et il y a fort à parier que les réactions homophobes ne vont pas se calmer de sitôt. Peut-être même n'avons nous pas vu le pire. Que peut-on attendre de gens à ce point motivés par la haine ? Je ne sais pas. Certainement pire. Certainement encore plus dégueulasse, ignoble, haineux.

Dans tous les cas, en tant que citoyen, je ne suis pas prêt à laisser un seul centimètre-carré à cette haine. Que peut-on attendre de moi ? De continuer de faire bloc contre l'homophobie et toutes les autres discriminations. Pour que la seule ombre qui plane sur ce pays soit celle du drapeau de l'égalité et non celle de l'obscurantisme et de la haine.

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Le (mauvais) journalisme tue.

11/12/2012 - Commentaires fermés

Je suis un joueur. Un "gros" joueur. Jeux vidéos, jeux de rôle, paintball, airsoft... Aucune de ces activités ne procure chez moi d'envie de violence envers les autres, mis à part, évidemment, dans le feu de l'action de jeu, suivant les règles pré-établies, mais cela s'arrête là. Aucune de ces activités ne me pousse à "aller plus loin". J'ai un emploi stable, une éducation scolaire scientifique, une éducation familiale aimante, un logement confortable, des amis, je ne regarde pas la télé et m'informe de manière non-traditionnelle (entendez "en dehors des médias classiques" : je ne regarde pas le JT, ne lis pas la presse papier ni ne suis abonné à leurs sites, n'utilise que très peu Google News). Je soutiens @SI, la quadrature du net, Framasoft, l'April et (suis membre de) l'IDL.

Si ce n'est pour la blague et pour faire un bon mot, je n'ai aucune velléité de tuer qui que ce soit ; en plus d'être totalement illégal, cet acte va à l'encontre de la première de mes valeurs : la Liberté.

Et pourtant...

Pourtant, aujourd'hui, j'ai touché du doigt une motivation qui pourrait conduire au meurtre si cela continue encore trop longtemps. Non pas au meurtre d'humains, mais au meurtre d'une profession. Cette motivation, ce déclencheur de tuerie, c'est le journalisme. Alors, je devrais préciser, car tous les journalistes ne sont pas forcément mauvais. Je parle ici des journalistes violents, les mauvais journalistes, les incompétents, ceux qui s'enferment dans leurs rêves et illusions.

Ces journalistes qui ne sortent pas de chez eux, qui n'ont pas de travail (pas celui de "journaliste" tel qu'il devrait être en tout cas), qui continuent, envers et contre tous, de se bercer d'illusions, dans leur monde, en contact avec uniquement leur communauté réduite.

Alors je crois qu'il est temps d'alerter l'opinion publique sur ce nouveau phénomène qui s'empare de nos 30-50 ans et d'enfin, devant le monde, révéler la triste vérité : le journalisme est source de frustration, de violence, de par sa déconnexion totale du réel. Le journalisme forme les journalistes à toujours plus de violence envers ceux qu'ils ne comprennent pas et qui ne les comprennent pas. Isolés dans leur tour d'ivoire, n'ayant comme seuls repères que leurs idées préconçues, ils se tournent vers leur seule et unique option : faire payer les autres, coûte que coûte, même au mépris de la société.

D'ailleurs, la meilleure preuve n'est-elle pas que tous les tueurs ont un jour lu un journal ? Regardé la télé ? L'exemple le plus frappant est sans doute la prise d'otages de Munich où les terroristes, informés par la télé, avaient tué 12 joueurs innocents. Cet exemple se suffit à lui même et montre très clairement l'immense danger du journalisme.

Pour empêcher ce mal de se répandre, il faut donc en être pleinement conscient : oui, le journalisme tue. Et il est temps d'agir contre lui, au plus vite.

Sources

Le mobile du crime : www.lepoint.fr/invites-du-point/jeux-video-permis-de-tuer-27-11-2012-1534002_420.php
La parole est à la défense : odieuxconnard.wordpress.com/2012/12/09/le-jeu-video-voila-lennemi/

Disclaimer

Vous remarquerez bien évidemment toutes les tournures de phrases et poncifs que j'utilise ici. Ce sont ceux utilisés par ces soi-disant "journalistes" contre les jeux vidéos. Amusez vous à remplacer "journaliste" par "jeune", "joueur", etc. vous verrez.
Je ne suis bien sûr pas contre le journalisme en général, ni pour une quelconque réduction de la liberté de la presse. Mais voir de telles conneries publiées, juste par esprit racoleur, par des personnes qui ne sont qu'une honte pour cette profession, ça me fait gerber et ça me met en colère. Colère que je vais aller passer sur une petite partie de Halo 4, pour me défouler et oublier à quel point même un journaliste peut être totalement con.

Dans un autre genre

Un autre exemple de mauvais journalisme, ne concernant pas les jeux vidéos mais étant tout aussi abruti : theoatmeal.com/blog/jack_stuef

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La protection de sa vie privée pour les nuls

26/10/2012 - 2 commentaires

Disclaimer : il ne s'agit pas dans cet article de vous rendre ANONYME mais de protéger un minimum votre vie privée en évitant au maximum de laisser vos traces de navigation traîner partout.

À l'heure du Web Minitel 2.0, protéger sa vie privée devient très vite assez compliqué. Même en se tenant loin des grands centralisateurs d'informations (Google, Facebook, Twitter, etc.) ces grandes entreprises sont capables de vous tracer, de tirer des informations de vos habitudes de navigation, etc.

En matière de réseau, on distingue deux niveaux d'information : le contenu et le contexte. La protection de contenu, c'est la confidentialité, c'est à dire qu'on sait qui communique avec qui, mais qu'on ne connaît pas le contenu des informations échangées. Ce résultat est obtenu en particulier grâce aux méthodes de chiffrement, dont il ne sera pas question dans cet article. La protection du contexte, qui est le niveau d'information qui nous intéresse, est beaucoup plus compliquée à obtenir. En effet, le contexte contient... grosso modo tout, puisqu'il s'agit de tout ce qui peut contenir des informations sur votre navigation : qui vous êtes, quels sont les sites que vous avez visité, ce que vous y avez fait, la page d'où vous venez, combien de temps vous êtes restés sur telle ou telle page, etc.

Vous trouverez sur certains sites/blogs des propositions d'utiliser des VPN, Tor, etc. Le problème de ce genre de solutions, efficaces dans une certaine mesure, est qu'une fois connecté à un réseau Minitel (disons, Facebook par exemple), tous les sites que vous visiterez sauront qui vous êtes, même si vous camouflez votre IP. En effet, les boutons "like", "tweet", "google plus", etc. sont PARTOUT. En clair, lorsque vous êtes connectés à Facebook et que vous visitez un site comportant un bouton "like", Facebook sait que vous avez visité ce site, même sans cliquer sur ce bouton. Pour Google, c'est encore plus simple puisque tout le monde utilise Google Analytics !

Le Navigateur

Entrons donc maintenant dans le vif du sujet : comment se prémunir de telles fuites tout en gardant une navigation fluide et continuer d'utiliser les réseaux sociaux ? En clair, comment concilier le confort de navigation auquel vous êtes désormais habitués tout en protégeant au mieux sa vie privée.

Par facilité, je ne parlerai ici que du navigateur Firefox sur PC. Voici donc le minimum vital des extensions à utiliser. Il n'y a que le strict minimum afin de ne pas surcharger Firefox et donc garder un navigateur qui ne met pas 30 ans à s'ouvrir à cause des 3000 extensions que vous avez installé.

- Privacy Fix : spécialement "pour les nuls". Cette extension permet de passer en revue tous les sites ayant laissé un "tracker" sur votre PC et d'ajuster les paramètres de contrôle de la vie privée de ceux-ci. C'est extrêmement efficace et d'une simplicité déconcertante. La protection de la vie privée passe par là.
- Ghostery : cette extension désactive tous les trackers sur les sites : Google Analytics, les boutons des réseaux sociaux, les trackers des régies de pub... Vous pouvez décider d'autoriser certaines choses pour certains sites, par exemple si vous utilisez votre compte Facebook pour vous identifier sur Wordpress.
- WOT : Web Of Trust (WOT) permet de vérifier la réputation d'un site avant d'y accéder, basée sur les notes des utilisateurs de WOT et de différentes sources (listes antispams, etc.). Il permet aussi d'afficher le "cercle de réputation" à côté des liens d'une page, afin que vous soyez prévenus de la réputation d'un site avant de cliquer.

Le Mail

Bien. Maintenant que nous avons installé le strict minimum, protégeons autre chose : le mail ! Le mail révèle de nombreuses choses, et la communication des mails entre les différentes sociétés (qu'elles se rachètent à prix d'or) n'est pas faite pour protéger la vie privée.

Pour cela, il existe plusieurs moyens, mais je vais vous en donner un seul et unique, que j'utilise souvent. Spam Gourmet.

On vous demande sans cesse votre adresse email. Partout, tout le temps, toujours. Puis un jour, vous recevez un spam. Puis 2. Puis 100 par jour. Qui a cafté ? Impossible de le savoir.

Spam Gourmet propose des adresses jetables que vous pouvez créer sans accès au net (quand vous donnez votre adresse à quelqu'un par exemple, ou dans un formulaire de jeu que vous remplissez chez votre boulanger). Le principe est très simple.

Plutôt que de donner votre adresse normale (mettons, toto@gmail.com) vous donnez une adresse Spam Gourmet : boulanger.5.tata@spamgourmet.com. Dans cet exemple, "boulanger" c'est parce que vous remplissez le formulaire du jeu concours chez votre boulanger. Ça peut être absolument ce que vous voulez, c'est la partie variable de l'adresse. 5, c'est le nombre d'emails que vous pouvez recevoir sur cette adresse avant que Spam Gourmet ne "mange" le reste. tata c'est l'identifiant de votre compte chez Spam Gourmet, qui n'a rien à voir avec votre adresse originelle. Tout ce que vous avez à retenir, c'est votre identifiant et "@spamgourmet.com". De plus, une fois inscrit sur ce site, vous n'avez en principe pas à y retourner (sauf si vous voulez profiter des options avancées, etc. évidemment).

Et cela va servir à plusieurs choses. Déjà, vous verrez directement qui revend votre adresse email. Si La Redoute vous écrit sur boulanger.5.tata@spamgourmet.com c'est qu'il y a anguille sous roche quand même. De plus, adieu les spams : une fois le compteur atteint, aucun email ne passe par cette adresse.

À noter que vous pouvez faire quelque chose de similaire si vous possédez une adresse gmail. En effet, si vous rajoutez le signe "+" derrière votre identifiant suivi d'un "tag", le mail passe quand même. Ainsi, si vous donnez toto+boulanger@gmail.com, l'email arrivera bien sur la boite mail toto@gmail.com mais apparaîtra comme étant envoyé à "toto+boulanger@gmail.com" ainsi que directement enregistré avec le tag "boulanger".

Et puisqu'on en est à parler de mail, donnez une chance à Opéra Mail, franchement, ça vaut le coup. Créez au moins votre adresse et testez. C'est tout aussi bien que gmail, et ça respecte votre vie privée.

Le Mobile (smartphone)

Niveau mobile, "pour les nuls", ça va être compliqué. En effet, les 4 grands OS disponibles pour les téléphones mobiles (iOS, Android, Windows Mobile et BlackBerry OS) sont des passoires à vie privée, soyons francs. Si vous possédez un mobile Android, penchez vous sur la possibilité d'installer une ROM custom. Cette article peut être un bon point de départ (en anglais). Si vous ne le voulez pas, voici quand même quelques grandes lignes à respecter :

- N'activez jamais les services de géolocalisation, désactivez par défaut le GPS.
- Vérifiez méticuleusement toutes les autorisations demandées par les applications que vous installez. Une application de liste de courses demandant à accéder à votre liste de contacts n'est PAS quelque chose de normal.
- Pensez à désactiver les options de localisation des applications des réseaux sociaux que vous utilisez.
- Installez Opéra Mini comme navigateur par défaut sur votre mobile, il respecte votre vie privée, ne prends pas de place et est très rapide.

Mais globalement, gardez à l'esprit que votre téléphone mobile ne devrait en aucun cas être un confident et ne devrait jamais JAMAIS JAMAIS conserver des informations sensibles.

Le Reste

Je n'ai pas abordé plein de points concernant la protection de votre "vie privée sur les réseaux numériques", donc voici quelques "guidelines" supplémentaires.

Une toute petite ligne pour vous dire que si vous faites autre chose que du jeu-3D-à-fond-les-ballons-les-graphismes-de-la-mort-qui-tue, vous devriez essayer Linux. Mais je ne vais pas vous forcer. Mais question vie privée, ça reste le système le plus apte à la protéger.

Pour aller plus loin que la simple protection de la vie privée et tomber dans l'anonymat (qui, du coup, protège totalement votre vie privée), pour votre navigation web "non-loguée" (c'est à dire que vous ne vous authentifiez sur aucun site), vous devriez utiliser Tor Browser, la solution "clé en main" permettant d'utiliser le réseau anonyme TOR. C'est un peu plus lent au début, mais plus de gens l'utiliserons, plus le réseau sera rapide. Et plus il sera anonyme et sécurisé. Ça nécessite de changer un peu ses habitudes de navigation, mais c'est d'une efficacité redoutable. Et si vous ne l'utilisez pas au quotidien, vous devriez au moins le tester pour savoir ce que c'est, car ce sera peut-être, dans un jour pas si lointain, le seul moyen de conserver votre anonymat.

Bon, déjà, avec tout ça, vous avez de quoi faire. Il y a d'autres choses à faire pour vous protéger, mais ce sera l'occasion d'autres articles, peut-être... En attendant, effacez-moi donc ces vilaines traces !

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26/10/2012 - 1 commentaire

Bon, j'ai changé la version de blogotext, le moteur de ce blog.

L'ancien blog est ici.

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