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À très vite !
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Aaaaaah, Mozilla. Et ton navigateur phare : Firefox.
À lire pléthore d'articles, tu commences à faire de la merde. HTTPS obligatoire, signature obligatoire des extensions, la publicité, etc. Que de mauvais choix, de l'avis général. Enfin, de l'avis général de personnes qui ne contribuent pas, principalement.
Mozilla, ta fondation à but non-lucratif prend une mauvaise tournure. Mettons de côté les histoires de pognon, on s'en fout du pognon, non ? Après tout, tes développeurs peuvent travailler gratuitement, et faire la manche dans le métro en rentrant du boulot, c'est ça l'implication, c'est ça la dévotion, c'est ça le LIBRE que diable ! On s'en fout de la monnaie lorsqu'on veut changer le monde, c'est bien connu. C'est d'ailleurs pour ça que la principale préoccupation de chacun, c'est le fric et que le monde ne change pas, non ?
À moins que...
Ah oui, pour faire de la qualité, il faut travailler, et le travail se paye. En plus, tu as une certaine vision du travail, une certaine politique sociale, parce que changer le monde, c'est commencer par se changer soi-même. Et dans un monde capitaliste, c'est très dur de ménager la chèvre et le chou, je sais. C'est le problème que rencontre chaque militant que veut changer les choses sans passer non plus sur le fait de vivre sa vie.
Ton gros problème, Mozilla, c'est qu'une des pages les moins visitées doit être celle-ci. Combien de tes utilisateurs ont un compte pour donner leur avis sur ta plate-forme dédiée à cet usage ? Combien se sont inscrits à ta communauté ? Combien ont donné un peu d'argent ? Combien ont compris qu'un logiciel gratuit ne se fait pas sur du travail gratuit ? Combien se disent "que puis-je faire pour aider" ?
Combien de tes concurrents ouvre aussi facilement leur code source ? Aucun, évidemment. Combien de tes concurrents font de la pub pour leur navigateur ? Tous. Or l'esprit d'un navigateur ne peut se répandre que s'il est utilisé. C'est bien beau d'avoir une belle philosophie, mais si c'est pour que ça intéresse 3 clampins dans leur coin, ça ne changera jamais le monde. Car pour faire un monde plus libre et ouvert, il faut que les internautes soient libres, et ça ne peut se faire qu'avec un navigateur populaire et répandu. Et donc en trouvant un moyen de contrer les attaques de concurrents.
Mais tu es coupable, Mozilla. Coupable de cette vision. Même si, dans toute ton histoire et à chaque fois que tu as pris une décision controversée tout le monde disait "ça va finir comme ça", et que ça ne s'est jamais fini "comme ça".
Parce que tu restes farouchement accrochée à tes valeurs, ces valeurs qui devraient être les nôtres chaque jour.
Firefox est le meilleur navigateur que nous ayons. Il n'y a aucun doute là dessus. C'est un navigateur avec lequel nous sommes et restons libres. C'est le navigateur le plus avancé dont nous disposions sur ces critères.
Mais Mozilla, je vais te dire. Dans toute cette histoire et ce shitstorm qui se lève, c'est certainement moi le coupable. Sur tous ces sujets, je n'ai quasiment rien dit. J'attendais de voir. Je savais bien qu'il y avait quelque chose, mais je n'arrivai pas à mettre la main dessus. En fait, le problème, c'est que je ne me suis pas posé la question de savoir "comment faire pour que ça change ?". Pas une seconde. D'autres s'en chargent, après tout.
Or, et c'est bien là une de tes valeurs, Firefox (et tous les autres produits) ce n'est pas que toi, Mozilla. C'est nous tous. Ce navigateur est un bien commun, que tu défends avec les moyens que tu as, les moyens dont tu disposes dans un monde capitaliste.
Alors c'est peut-être à nous de faire notre part du boulot, en définitive. En contribuant, en installant Firefox partout, en expliquant pourquoi c'est bien non seulement comme logiciel mais comme esprit derrière le logiciel. En expliquant pourquoi, avec ce navigateur, l'internaute est plus en sécurité et dans le respect de sa vie privée qu'avec n'importe lequel autre. Pourquoi c'est important d'utiliser Firefox tout le temps. Et peut-être même donner un peu d'argent. Parce que si les 300 millions d'utilisateurs donnaient 10€ par an, tu n'aurais plus besoin de partenariat avec des entreprises dangereuses, tu n'aurais plus besoin de pub, plus besoin de prendre des décisions controversées pour continuer le combat.
Alors Mozilla, merci. Et continue comme ça. Parce que sans toi, nous n'aurions pas tous ces beaux et bons logiciels gratuits et libres qui nous aident à nous battre pour un meilleur monde numérique. Et pas seulement numérique d'ailleurs.
Ne change rien, c'est à nous de venir te soutenir.
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Le 7 Janvier 2015, ça a été une journée de merde.
Je ne suis pas républicain, mais j'aurai attendu que les drapeaux ne soient plus en berne pour publier cet article. Et croyez moi, ça a été dur de tenir jusque là, la "période de décence" ne servant qu'à entériner un discours dominant qui marquera l'Histoire en gommant les autres, les divergences. Une "période de décence" concernant Charlie Hebdo, c'est quand même un comble. Et pourtant, ils ont été nombreux, ces "Charlie", à matraquer la moindre personne qui ne rentrait pas dans le rang, qui n'avait pas le bon discours, à balancer des "ta gueule" en guise de défense de la liberté d'expression.
Une journée de merde, oui. C'est le plombier qu'on avait appelé dans l'entreprise où je travaille qui l'a dit. Rien à voir avec l'attentat au siège de Charlie Hebdo hein. C'est juste qu'à 11h45, il se prenait une décharge de merde dans la gueule pendant que j'essayais de répondre à mon mobile sur lequel mon père m'appelait pour m'annoncer l'attentat. Comme quoi, les coïncidences...
J'ai attendu avant de publier ce billet parce qu'il est difficile d'avoir un discours différent dans des moments aussi intenses. Et que personne ne me demandait de me prononcer, contrairement à tous les musulmans de France et de Navarre à qui on ordonnait de prendre position. Des fois qu'on soit entouré de 5 millions d'ennemis sans le savoir, j'imagine. J'ai attendu parce que l'émotion est intense, mais que désormais l'émotion doit laisser la place à la réflexion. Et qu'il est largement temps d'arrêter les conneries.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il me semble important de préciser quelques petites choses. Bien évidemment, je suis horrifié et choqué par ce qui est arrivé. Je soutiens à 100% les familles et proches des victimes ainsi que les personnes survivantes dont certaines devront vivre avec un lourd poids, qui n'est pourtant pas de leur fait, ni de leur faute, ni de leur responsabilité, sur les épaules. Leur mort est absurde et horrible. Mais cette horreur ne doit en aucun cas nous couper de la critique, de l'analyse et de la réflexion. Et c'est ce dernier exercice dont il sera question ici.
De plus, je soutiens tout autant, si ce n'est plus, les personnes de confession musulmane qui subissent et vont continuer du subir une islamophobie débridée, les amalgames, les récupérations haineuses et qui vont et sont déjà la cible d'actes haineux, stupides et tout aussi absurdes que les actes perpétrés par les terroristes. Je pense aussi à toutes ces personnes qui n'ont pas la chance de faire "bien blanc fréquentable" qui subiront tout autant ces actes et propos ignobles. Je soutiens tout autant les personnes de confession juive qui sont victimes d'actes et propos d'un antisémitisme débridé.
Si vous êtes encore dans l'émotion, dans le ressenti, dans le choc, je ne peux que vous conseiller d'arrêter ici votre lecture, et de revenir plus tard, l'esprit plus libre, plus posé, ce billet ne bougera pas tout de suite.
Maintenant que les choses sont posées, nous pouvons commencer à rétablir quelques vérités, plus symboliques que factuelles.
Pour commencer, il me semble qu'on a commencé par se poser la mauvaise question. "Que veulent les terroristes ?". Le simple fait de se poser cette question n'est-elle pas un aveu d'échec ? Car, s'il est déjà délicat de prétendre connaître les motivations profondes d'un ennemi, le sous-entendu de la réponse est d'autant plus périlleux. En effet, en posant cette question, généralement dans un contexte de ne pas se conformer à la volonté de ces individus, on se définit par rapport à eux, on déterminera si une action est bonne ou mauvaise en fonction de leur volonté supposée. Pire, on cherchera instinctivement à faire l'inverse de ce qu'ils voudraient, leur conférant ainsi un grand pouvoir, celui de nous diriger, en tant que société, en négatif.
Honnêtement, je me fous de ce qu'ils veulent. Je me fous de savoir si, oui ou non, ce que je fais leur plais ou pas, les aide ou pas. La question qu'on devrait se poser, tous, sans exception, c'est "que voulons-nous, nous ?". Comment nous définissons-nous, en tant que société ? En tant que peuple ? Comment voulons-nous vivre ? Quelles sont nos valeurs ? Point.
Les valeurs que prétendent défendre tous ceux qui seraient "Charlie" aujourd'hui sont apparemment la liberté, le vivre ensemble, l'antiracisme. Pourtant, ils érigent en parangon de vertu un journal qui a fait son beurre sur l'oppression, ou, à tout le moins, sur la complicité de l'oppression. La satire, ce n'est pas taper sur tout le monde indifféremment, c'est taper sur le pouvoir en place, tourner en dérision un système, pour faire avancer la société. Taper indifféremment sur tout le monde, au motif que ce serait plus "égal", c'est contribuer à faire perdurer les oppressions, car on tape déjà sur des populations opprimées. Et on ne fait rien avancer. Et c'est ça, qu'était Charlie Hebdo, au moins depuis sa renaissance par Philippe Val en 1992 (la dérive sera lente mais certaine). Oui, Charlie Hebdo était raciste, oui Charlie Hebdo était sexiste, homophobe et islamophobe, pour ces raisons. Mais non, personne ne méritait la mort pour cela.
On veut nous faire croire que c'est la liberté d'expression qui a été attaquée. Rien n'est moins faux, les Zemmour, Houellebecq et autres haineux continueront d'être invités sur les plateaux télé, sans être inquiétés, désavoués ou mis face à leurs mensonges éhontés. Ils continueront de déverser leur haine, soyez-en certains, et demain plus que jamais. Car ce ne sont pas les terroristes qui menacent la liberté d'expression, mais la Loi. Seule la Loi peut limiter les libertés, et de ce point de vue, cela fait des dizaines d'années que nous perdons du terrain, dans l'indifférence quasi-générale. Où étaient tous les Charlie pendant SOPA, ACTA, la Loi sur la Programmation Militaire ? Combien de "Charlie" défendent le régime de la garde à vue ? Combien de "Charlie" usent du terme "droitdelhommiste" comme d'une insulte ? Combien de "Charlie" trouvent dégueulasse que la pire des raclures ait le droit à un avocat ? Combien de "Charlie" s'élèveront contre les lois liberticides à venir ?
Quelques imbéciles, refusant toute culture politique, appellent à s'en prendre à la cause du terrorisme... en s'en prenant aux pauvres et aux "sous-éduqués". Bien sûr, ces abrutis sont applaudis par d'autres abrutis désireux de conserver leurs privilèges et leur mode de vie. La cause du terrorisme, c'est principalement l'impérialisme, ce sont ces pays qui en envahissent et en attaquent d'autres pour leur prendre leurs ressources sous couvert d'y apporter la liberté et la démocratie. Avec le succès qu'on connaît. L'impérialisme crée 2 types de terroristes : ceux qui sont victimes de l'impérialisme, et ceux qui le défendent. Ces pays impérialistes, ce sont les USA, la France, l'Allemagne, Israël, le Royaume Uni, la Russie, etc. Sauf que pour remettre en cause l'impérialisme, encore faudrait-il en avoir conscience et donc accepter à la fois d'avoir une culture politique et aussi de remettre en cause notre société. Alors qu'il est tellement facile de s'en prendre à une frange de la population, les pauvres, pour changer. C'est tellement pratique d'oublier que, non, tous les terroristes ne viennent pas d'un environnement pauvre, qu'ils ne viennent pas tous de familles "défavorisées", qu'ils ne défendent pas tous une vision très particulière de l'Islam. J'en veux pour preuve Anders Breivik, qu'on oublie bien facilement et qui fit 77 morts. Enfin, lui, je suppose que ça compte pas, n'est-ce pas ? Après tout, les terroristes, ils sont pauvres, sous-éduqués, défendent l'Islam, n'est-ce pas ?
Il est, de plus, une distance absurde qui est mise entre les terroristes et nous-même. "Barbares", "monstres", voici comment ils sont qualifiés. Comment qualifier, alors, une société qui laisse des centaines de personnes mourir dans la rue de maladie, de froid, alors qu'elle a largement les moyens de l'éviter ? Comment qualifier une société où des centaines de milliers de personnes manifestent dans la rue contre une orientation sexuelle, contre une ouverture de droits à une partie oubliée de la population ? Comment qualifier une société où de jeunes trans* se suicident en raison de la violence qui est, pour elles et eux, la société d'aujourd'hui ? Comment qualifier une société qui remplace le mot "solidarité" par "assistanat" ? Comment qualifier une société qui surveille sa population sans contrôle d'un juge ? Comment qualifier une société qui vend des armes et des moyens de surveillance aux pires dictatures ? Comment qualifier une société qui ne considère pas le jet d'une grenade dans un kebab "d'attentat" ? Comment qualifier une société où une femme ministre noire est décrite comme étant une guenon ? Comment qualifier une société dont le premier ministre se laisse aller au pire racisme envers les Rroms ? Barbares, monstres, voici ce que nous sommes aussi.
Ce Dimanche est organisée une "marche républicaine". On vous promet qu'il n'y aura pas de récupération, bien évidemment. Mais organiser une marche républicaine pour des personnes qui se définissaient comme anarchistes, c'est déjà une récupération. Et comment ne pas qualifier de "récupération" l'organisation de cette marche ? Avec les partis politiques en tête et les journalistes et syndicats de journalistes DERRIÈRE eux ? Avec Netanyahou à sa tête, le grand boucher de la Palestine. Pas de récupération politique, vous dit-on. Et puisque l'émotion est tellement intense, l'esprit critique est en veille, s'il n'a jamais vraiment fonctionné. Unité nationale abrutissante, pour un journal qui, somme toute, défendait aussi l'anticonformisme. Ah, il est beau, "l'hommage".
Mais maintenant, que faire ? Je n'ai pas de solution absolue, mais il serait intéressant de prendre des positions fortes qui défendent les valeurs auxquelles nous devrions tous être attachés. Peut-être est-ce à nous d'aller vers nos concitoyens musulmans et leur dire "nous savons que vous n'avez rien à voir avec ces attentats". Peut-être qu'autant de personnes devrait défiler dans la rue chaque fois qu'on réduit une liberté. Peut-être que nous devrions mettre fin au capitalisme, source des terroristes. Peut-être que nous devrions arrêter d'avoir cette image du "vivre ensemble" qui ne serait qu'entre-soi. Peut-être que nous devrions cesser d'avoir peur des autres. Peut-être que nous devrions réellement défendre les mêmes droits pour toutes et tous plutôt que de continuer le deux poids deux mesures.
Tout bien réfléchit, oubliez ça. Ce n'est pas ce que nous devrions "peut-être" faire. C'est une nécessité.
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Crédits photos
Sylvain Collet
Kanichat
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Tags de l'article : je vais pas me faire que des copains, journalisme, société
Ce texte est une traduction en français du discours d'Emma Watson devant les Nations Unies.
Ce texte est publié sous la licence CC by-sa 4.0.
Les traducteurs ayant gentiment participé à l'établissement de ce texte sont : pierrecastor, v45h (vash+feminism AT v45h DOT org), Riff, OranginaRouge, Koemgun, Httqm et votre serviteur.
Aujourd'hui, nous lançons une campagne appelée «HeForShe» [NdT : LuiPourElle en francais].
Je viens vers vous car j'ai besoin de votre aide. Nous voulons en finir avec les inégalités de genre, et pour cela nous avons besoin que tout le monde soit impliqué.
C'est la première campagne de ce type aux Nations Unies : nous voulons rassembler et encourager autant de garçons et d'hommes que possible pour être les défenseurs d'une égalité des genres. Et nous ne voulons pas nous contenter d'en parler, mais faire en sorte que cela soit réaliste.
J'ai été désignée à ce poste il y a six mois et plus je parlais du féminisme, plus je réalisais que le combat pour les droits des femmes était trop souvent devenu synonyme de «haine des hommes». S'il y a une chose dont je suis certaine, c'est que cela doit cesser.
Pour mémoire, le féminisme est par définition : « la conviction que hommes et femmes devraient avoir les mêmes droits et des opportunités égales. C'est une théorie politique, économique et sociale de l'égalité des sexes.»
J'ai commencé à m'interroger sur les questions de genre lorsqu'à huit ans je n'ai pas compris le fait d'être qualifiée de petit « caïd », parce que je voulais diriger les pièces de théâtre que l'on préparait pour nos parents, alors que les garçons ne l'étaient pas.
Lorsque j'avais quatorze ans, j'ai commencé à être sexualisée par des articles de presse.
À quinze ans, mes amies ont commencé à quitter leurs équipes de sport car elles ne voulaient pas être trop « musclées».
Quand j'ai eu dix-huit ans mes amis du sexe opposé étaient dans l'incapacité d'exprimer leurs sentiments.
J'ai décidé de devenir féministe et cela ne m'a pas semblé compliqué. Mais mes récentes recherches m'ont montré que le mot féminisme a une connotation négative.
Apparemment, je fais parti des femmes dont l'expression est perçue comme trop forte, trop agressive, isolante, contre les hommes et peu attrayante.
Pourquoi ce mot met-il tant mal à l'aise ?
Je viens d'Angleterre et je pense qu'il est juste qu'en tant que femme, je sois payée de la même façon que mes équivalents masculins. Je pense qu'il est juste que je puisse prendre des décisions à propos de mon propre corps. Je pense qu'il est juste que des femmes me représentent au sein des instances politiques de mon pays. Je pense qu'il est juste que l'on m'accorde socialement le même respect que celui attribué aux hommes. Mais malheureusement je dois dire qu'il n'y a aucun pays au monde où toutes les femmes peuvent s'attendre à recevoir ces droits.
Aucun pays dans le monde ne peut dire qu'il a atteint l'égalité des genres.
Ces droits, je les considère comme les droits humains, mais je suis parmi les plus chanceuses. J'ai une vie de privilégiée car mes parents ne m'ont pas moins aimée parce que j'étais une fille. Mon école ne m'a pas bridée parce que j'étais une fille. Mes mentors n'ont pas supposé que j'irai moins loin car potentiellement je donnerai la vie à un enfant un jour. Toutes ces personnes influentes ont été les ambassadeurs de l'égalité des genres qui ont fait ce que je suis aujourd'hui. Ils ne le savent peut-être pas, mais ce sont des féministes qui s'ignorent. Et nous avons besoin de plus de personnes comme eux. Et si vous haïssez toujours le mot, et bien ce mot n'est pas le plus important, ce qui est important c'est l'idée et l'ambition qu'il y a derrière. Parce que toutes les femmes n'ont pas eu la chance d'avoir les même droits que moi. En réalité, statistiquement, très peu ont eu cette chance.
En 1997, Hilary Clinton a prononcé un discours célèbre à Pékin à propos des droits des femmes. Malheureusement, beaucoup des changements qu'elle voulait apporter ne sont toujours pas effectifs aujourd'hui.
Mais ce qui pour moi ressortait le plus était que seulement un tiers de son audience était masculine. Comment pouvons-nous affecter les changements du monde si seulement la moitié de la population est invitée ou se sent bienvenue à participer à la conversation ?
Messieurs, je voudrais saisir cette opportunité pour étendre votre invitation. Les inégalités de genres sont aussi votre problème.
Parce que jusqu'à ce jour, j'ai vu le rôle de mon père en tant que parent être sous-évalué par la société bien que j'ai eu besoin de sa présence autant que de celle de ma mère.
J'ai vu de jeunes hommes souffrant de problèmes psychologiques incapables de demander de l'aide, par peur d'avoir l'air moins « macho». En réalité, au Royaume-Uni, le suicide est la première cause de mortalité des hommes entre 20 et 49 ans, et surpasse les accidents de la route, le cancer et les maladies cardiovasculaires. J'ai vu des hommes fragilisés et manquant de confiance par une vision distordue du succès masculin. Les hommes non plus ne bénéficient pas de l'égalité.
Nous ne parlons pas souvent des hommes emprisonnés par les stéréotypes de genres mais je peux voir qu'ils le sont et que quand ils en seront libres, les choses changeront pour les femme de façon naturelle.
Si les hommes n'ont pas besoin d'être agressifs pour être acceptés, les femmes ne se sentiront plus obligées d'être soumises. Si les hommes n'ont pas à contrôler, les femmes n'ont pas à être controlées.
Aussi bien les hommes que les femmes devraient se sentir libre d'êtres sensibles. Aussi bien les hommes que les femmes devraient se sentir libre de se sentir fort. Il est temps que nous percevions le genre comme un éventail et non comme deux ensembles d'idéaux opposés.
Si nous arrêtions de définir les autres par ce que nous ne sommes pas et que nous commencions par nous définir par ce que nous sommes ; nous pourrions tous être plus libres et c'est l'objectif de HeForShe. Cela concerne nos libertés.
Je veux que les hommes reprennent le flambeau. Que leurs filles, leurs sœurs et leurs mères puissent être libres de préjugés, mais aussi que leurs fils puissent avoir la permission d'être vulnérable et humains, et qu'ils revendiquent ces parts d'eux-même qu'ils ont abandonné, et qu'ainsi ils soient des versions plus honnêtes et plus complètes d'eux-même.
Vous devez penser : « qui est cette fille d'Harry Potter ? Et que fait-elle sur la scène des Nations Unies ? » Ce sont de bonnes questions, et croyez-moi, ces questions, je me les suis posées. Je ne sais pas si je suis bien qualifiée pour être ici. Tout ce que je sais, c'est que je me préoccupe de ce problème. Et je veux le résoudre.
Ayant vu ce que j'ai vu, et la chance m'étant donnée d'en parler, je pense que c'est mon devoir de dire quelque chose. L'homme polititique Edmund Burk a dit : « la seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes et des femmes de bien. »
Durant la préparation angoissante de mon discours et les moments de doutes, je me suis rappelé fermement : « Si je ne fais rien, qui le fera ? Si je ne le fais pas maintenant, quand cela se fera-t-il?» Si vous avez des incertitudes similaires lorsque des opportunités se présentent à vous, j'espère que ces mots vous seront utiles.
Car la réalité est telle que si nous n'agissons pas maintenant, cela prendra 75 ans — et je serais presque centenaire — avant d'espérer que les femmes soient payées l'équivalent des hommes à travail égal. En seize ans, 15,5 millions de filles vont être mariées dès leur enfance. À cette vitesse, ça ne sera pas avant 2086 que les femmes africaines rurales pourront aller au lycée.
Si vous croyez dans cette égalité, vous êtes peut-être l'un de ces féministes qui s'ignore dont j'ai parlé plus tôt.
Et pour cela je vous applaudis.
Nous luttons pour un monde uni, mais la bonne nouvelle est que nous avons un mouvement unificateur. Il s'appelle HeForShe.
Je vous invite à allez de l'avant, à vous faire entendre, à être cet homme pour cette femme. Et à vous poser cette question : « Si vous ne faîtes rien, qui le fera ? Si vous ne le faîtes pas maintenant, quand cela se fera-t-il ? »
Merci.
Ce texte est publié sous la licence CC by-sa 4.0.
Lien vers le framapad de traduction
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J'inaugure une nouvelle catégorie "À la poursuite de Keynes". Il ne s'agit pas là de faire une thèse sur le sujet, mais de survoler les notions essentielles, les concepts impliqués et comment ils s'articulent ensemble pour former le monde d'aujourd'hui.
Parce que, bon, j'avais envie de parler de la fumisterie keynésienne. Mais avant cela, il faut savoir ce qu'est le salaire.
Je me suis donc dit que j'allais parler du salaire. Mais on ne peut pas parler du salaire sans parler du travail salarié.
J'allais donc attaquer le travail salarié, mais on ne peut pas bien le faire sans parler du travail en général.
Alors, bordel, qu'est-ce que le travail ? Vaste question qui prend racine chez nos aïeux latins : le tripalium, instrument de torture à trois pieux. Le verbe travailler vient de "tripaliare" : torturer avec le tripalium. C'est bien joli, mais ça ne nous dit pas grand chose.
On pourrait dire que le travail comprend 2 des 6 facteurs de production du capitalisme : la force de travail et le capital humain (connaissances, formation, expérience, etc.) ; pour ensuite parler de capital physique, naturel, immatériel, etc. Mais ça serait chiant et on larguerait beaucoup de monde au passage, alors que, bon, déjà qu'il n'y en a pas beaucoup qui viennent se perdre ici, alors si c'est pour qu'ils se cassent en courant...
Alors, bon, SIMPLEMENT, qu'est-ce que le travail ? Mettons de côté la définition physique du terme pour nous pencher sur le travail humain, au sens socio-économique.
Étonnamment, comme le tripalium, on peut diviser la notion de travail en 3 grands pieux grandes catégories, relatives au contexte de l'usage de la force de travail d'un être humain :
- le travail forcé
- le travail subordonné
- le travail libre
Penchons nous donc sur ces 3 notions.
Le travail forcé
A priori, le travail forcé, c'est une notion simple, tout le monde voit ce que c'est. Il s'agit d'un travail qu'on est forcé d'effectuer, sans contre-partie. On pourrait penser que le travail forcé a disparu de nos contrées, pourtant il n'en est rien.
S'il est vrai que la corvée (au sens médiéval du terme) commence à disparaître dès la fin du XIe siècle avec l'utilisation étendue de la monnaie, elle ne disparaîtra totalement en France qu'en 1789, avec la fin du système féodal. On retrouve les stigmates de ce temps dans des expressions comme "corvéable à merci". Une corvée qui était mal ou pas exécutée se voyait punie, assez sévèrement.
L'esclavage, qui mettra bien plus de temps à disparaître, en est une autre forme. Il n'a d'ailleurs pas encore tout à fait disparu. L'esclavage se repose sur les esclaves, des êtres humains privés de toute liberté, considérés comme des biens matériels. La différence fondamentale avec une chaise, par exemple, c'est que l'esclave possède une force de travail, qu'il est tenu de mettre au service de son propriétaire. Il est d'usage d'apporter les moyens de survie à ses esclaves : nourriture et abris. Rarement plus. Parfois moins. Il n'était pas rare qu'un esclave qui n'était pas assez productif soit exécuté, ou laissé à l'abandon. De sorte que le seul choix possible était "le travail ou la mort".
Travaux forcés de prisonniers en Caroline du Sud - 1934
Un autre travail forcé se retrouve sous forme de sanction pénale : il s'agit bien sûr des travaux forcés, ou travaux d'intérêt général (TIG) en France. L'idée est ici de proposer à un condamné de payer la dette qu'il a envers la société par sa force de travail. On retrouve cette notion dans certaines BD, comme Lucky Luke où les Dalton cassent des cailloux, le boulet au pied. Aujourd'hui, les TIG prennent la forme de travaux de voirie, de travail associatif, etc. Si le TIG n'est pas accepté, c'est la prison ou l'amende (selon les cas). C'est en général la facette du travail forcé qui paraît la plus légitime, et la seule à avoir cours légal en Occident.
Ça, c'est pour la partie facile. Passons à un morceau un peu plus corsé...
Le travail subordonné
Si je vous dis "travail subordonné", vous pensez sans doute au salariat, à une hiérarchie, etc. Et bien non. C'est un tout petit peu plus complexe que ça. Commençons par faire peur avec une définition marxiste. Nous allons donc parler du travail subordonné à la valorisation d'un capital. Bouh !
Pour faire un peu plus simple, le travail subordonné est en fait subordonné à la production d'un bien ou d'un service grâce à des moyens de production qui appartiennent à une personne (morale ou physique) privée.
C'est pas plus simple ? Non ? Alors faisons TRÈS simple. Le travail subordonné, c'est produire un bien ou un service dont la méthode, la machine et/ou la finalité ne vous appartiennent pas, au profit d'une autre personne. Le plus souvent dans des conditions imposées qu'on ne vous propose pas de négocier. En clair, vous fournissez votre force de travail en échange de quelque chose. Ce quelque chose, c'est dans l'immense majorité des cas, un salaire, dont nous verrons la nature exacte dans un autre article.
Le travail subordonné est donc le travail qui augmente la valeur des possessions d'un autre. Une toute petite partie de cette valorisation revient à celui qui a fournit le travail. Le travail subordonné, c'est le travail que vous ne décidez pas. Vous ne décidez pas de comment vous l'accomplissez, pourquoi vous l'accomplissez et comment il sera utilisé. Le travailleur subordonné donne sa force de travail pour un usage dont il n'a pas la maîtrise. Il est, de fait, soumis à une triple subordination (qui a dit "tripalium" ?) :
- une subordination de hiérarchie (en immense majorité constituée d'autres travailleurs subordonnés) qui est destinée à s'assurer du plein contrôle de la force de travail ;
- une subordination de moyen, car l'employé, ne disposant pas de moyens de production propres, est soumis à la bonne utilisation de l'outil de travail qu'on lui fournit, selon des règles qu'on lui impose, sans négociation, et parfois au péril de sa propre vie ;
- une subordination de production de valeur ajoutée, qui est la finalité de son travail, c'est à dire que son travail sera valorisé par la suite, au dessus de ce qu'il touchera en échange, la différence allant dans les poches du possesseur des moyens de production.
Une usine
Le travail subordonné est très ancien mais ne prend vraiment pied en France qu'aux alentours de 1789, avec la fin du féodalisme et la montée de la bourgeoisie et du capitalisme industriel. Il ne prend la forme du salariat moderne qu'au début du XXe siècle avec la fin des contrats de louage et la création du contrat de travail. Le contrat de louage supposait une égalité entre le patron et l'employé alors que le contrat de travail reconnaît la position de domination du patron sur l'employé et pose ainsi la première pierre de la protection de ce dernier. Nous sommes bien dans la subordination, totale, le contrat de travail reconnaissant, de fait, l'aliénation de l'employé au patron.
Aujourd'hui, le travail subordonné, sous la forme du salariat, représente 91+% des actifs en France (source INSEE - 2012). Si ça marche si bien, c'est que c'est un des meilleurs moyens pour valoriser un capital, après le travail forcé.
Sur les deux types de travail que nous venons de voir, aucun ne nous appartient. Est-ce à dire que le travail ne nous appartient pas ? Cette question tombe (étrangement) à pic car nous allons désormais aborder la dernière catégorie de travail, certainement la plus plaisante.
Le travail libre
Le travail libre, ça sonne bien, mais qu'est-ce ? Demandez autour de vous ce qu'est le travail libre, et vous aurez une chance sur deux pour qu'on vous réponde "un travail librement consenti". Raté.
On pourrait résumer le travail libre comme étant du travail non forcé et non subordonné. Cette définition par exclusion, si elle a le mérite d'être rapide, empêche cependant de se pencher sur ce qu'est réellement le travail libre.
La Liberté guidant le peuple - Eugène Delacroix
La révolution, du travail libre ?
Le travail est libre si votre force de travail est utilisée de la manière dont vous le décidez, aux fins que vous voulez, pour une production qui vous appartient. Il est donc inacceptable, pour un grand capitaliste, que cette force de travail n'aille pas à la valorisation de son capital. Et pourtant, du travail libre, il y en a partout.
Les professions libérales, où la force de travail est mise au service de la personne qui fournit cette force et dont le produit lui revient, c'est du travail libre.
Mais le travail libre, ce n'est pas forcément un métier exercé en échange d'argent ou dans un but marchand.
Le jardinage dans votre jardin, par exemple, c'est du travail libre. Encore faut-il posséder une terre. Le bricolage, c'est du travail libre. Un potager, c'est du travail libre.
Mais allons encore plus loin.
La retraite, c'est du travail libre : vous êtes payés pour effectuer ce que vous désirez, comme vous le désirez, au moment où vous le désirez.
Les congés payés, ironiquement, ça peut aussi être du travail libre.
Ce site, c'est du travail libre.
Mais si je donne ici des exemples, ils ne sont pas exhaustifs, loin de là. D'ailleurs, un travail donné peut-il appartenir à plusieurs catégories ?
Une seule catégorie pour un travail ?
En effet, est-ce que le travail entre dans une catégorie selon ce qu'il produit ? Le fait de construire une voiture est-il nécessaire du travail subordonné ? L'Histoire n'est-elle pas pleine d'exemples de travaux forcés devenus subordonnés ? La récolte du coton, la construction de routes, etc.
Nous sommes donc en droit de nous demander si c'est la nature du travail en lui même qui fait qu'il serait forcé, subordonné ou libre.
Après le travail - Evariste Carpentier
Les coopératives ouvrières sont l'exemple type du travail libre : les outils de production, les décisions et la production appartiennent à ceux qui fournissent leur force de travail. Ainsi la construction de voitures n'est donc pas forcément un travail subordonné, ni la production d'acier, ou le développement logiciel, ou encore la recherche, ou bien l'entretien des voiries. Le fait de faire du travail subordonné le modèle dominant est un choix politique, proposé et appuyé par ceux qui détiennent déjà les moyens de production, à leur seul avantage.
La volonté de cacher et d'empêcher le travail libre tient au fait que si les employés commencent à effectuer leur métier sous forme de travail libre, les grands détenteurs de capitaux n'auront bientôt plus de force de travail pour valoriser leur capital. Lorsque cette force de travail exploitée représente plus de 90% de la force de travail disponible d'un pays, je vous laisse imaginer l'ampleur du désastre pour lesdits capitalistes.
Conclusion
Voilà comment on peut présenter et analyser le travail, selon ces 3 grandes catégories. Si le travail subordonné représente aujourd'hui l'essentiel du travail rémunéré et reconnu, l'omniprésence du travail libre dans la quasi-indifférence donne une indication sur la capacité des détenteurs des moyens de production à imposer leur vision des choses. Pourtant "tout travail mérite salaire". Quelle est donc la nature de ce salaire, propre non pas au travail, mais au seul travail subordonné ? Quelle est sa fonction ? D'où vient-il ? Que représente-t-il ? Est-ce à ce point une charge pour "l'entreprise" ?
La suite au prochain épisode...
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Librement et vaguement inspiré par la SCOP Le Pavé
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En cette période d'élections, il est d'usage de remettre en cause les modalités de vote, la République et de savoir si elle est démocratique ou non.
Ce n'est pas de cela dont il sera question ici, mais d'un mode de scrutin voulu démocratique : le tirage au sort.
Ce mode de scrutin est, dit-on, directement issu de la démocratie athénienne, et qui mieux que les athéniens savaient ce qu'était la démocratie ? En effet, tout le monde sait que ce sont les grecs, et en particulier les athéniens, qui ont inventé la démocratie, et que si on veut une vraie démocratie, c'est sur les inventeurs de celle-ci qu'il faut se reposer. Un peu comme s'il fallait demander à Rudolf Diesel comment faire en sorte que son moteur pollue moins. Oui, la pollution est une problématique actuelle, mais hey ! C'est lui qui a inventé le Diesel, il devait bien savoir ! Cette volonté de "retour aux sources" est exacerbée en période de crise mais apporte très peu de solutions.
J'en profite pour tordre le cou à quelques fantasmes autour, justement, de cette sacro-sainte "démocratie athénienne" qui devrait tant servir de modèle. Rappelons donc que si cette démocratie semblait fonctionner si bien, c'est entre autres parce qu'elle était basée sur l'esclavage (ainsi le citoyen pouvait s'adonner à la vie de la Cité sans crainte) et que la citoyenneté était refusée aux femmes et aux étrangers et qu'ainsi donc le nombre de citoyens était strictement contrôlé. Mais surtout, ce modèle démocratique a été instauré par l'aristocratie pour limiter les volontés de la toute naissante petite bourgeoisie. Ça limite tout de même vachement l'attrait du bousin quand même...
D'autres préfèrent citer Montesquieu, qui arriva bien après la démocratie athénienne et qui, si on ne lit qu'une toute petite partie d'un bout d'un de ses livres semble dire que le tirage au sort, c'est la vraie démocratie, et que le vote par choix permet de faire perdurer l'aristocratie. On parle bien de Montesquieu, le chantre de l'alliance entre aristocratie et bourgeoisie contre les volontés populaires... En effet, le peuple ne serait pas apte à se gérer lui-même, selon lui. Ce sont ses mots. Au temps pour le "modèle démocratique". Même si Montesquieu ne dit pas que des conneries hein, mais le prendre comme modèle pour libérer le peuple de l'emprise de l'aristocratie et de la bourgeoisie, c'est limite limite.
Maintenant que les références sont mises en perspective, attaquons nous au problème. Pourquoi est-ce que le tirage au sort est une fausse bonne idée ? Pour résumer, c'est une fausse bonne idée parce qu'elle résout tout, sauf les problèmes de la démocratie actuelle. Et voici pourquoi.
Une urne électorale
Tout d'abord, symboliquement (et les symboles sont importants), ce serait abandonner l'idée de souveraineté du peuple et y mettre à la place la souveraineté du hasard. En effet, ce ne serait plus le citoyen qui déléguerait, en son âme et conscience, son pouvoir souverain à une autre personne, mais le hasard qui dirait "cette personne dirige telle autre". C'est l'essence même de l'autoritarisme.
On pourrait rétorquer que ce ne serait pas pour "diriger" mais pour "représenter". La différence est importante : le dirigeant donne des ordres qui doivent être appliqués, le représentant porte la parole et la volonté de celui qu'il représente auprès des autres et défend ses intérêts. Or, qui mieux que la personne elle-même sait quels sont ses intérêts ? User du hasard pour dire "cette personne te représente" sans rien savoir de ce que pense réellement ledit représentant est une absurdité sans nom. Peut-on dire qu'un représenté qui ne sait rien de son représentant est légitimement représenté ?
À cela on répondra que l'idée de "représentation" de la démocratie par tirage au sort vient du fait que prendre des gens au hasard dans la population permettra de faire un "panaché" des idées de la population. Rien n'est plus faux au sens scientifique du terme : le hasard ne garantie RIEN si ce n'est que les éléments sont pris... au hasard. Absolument rien ne garantie que les différents courants de pensée, les différentes idées, etc. seront représentées dans les mêmes proportions par le hasard. Et d'autant plus en fonction du point suivant.
Car qui sera tiré au hasard ? Tout citoyen pourra être "élu" ? Quelle légitimité a un tel système pour imposer une telle charge non-désirée à n'importe qui ? Là encore, faire porter une fonction avec d'aussi grandes responsabilités de manière arbitraire à quelqu'un qui ne le désire pas, c'est de l'autoritarisme. L'autre inconvénient de ce système, au delà de sa mécanique autoritaire, est qu'une personne qui ne désire pas cette charge cherchera par tous les moyens à s'en débarrasser et, inconsciemment, à la faire porter sur un autre. On se retrouvera avec pléthore de citoyens désignés qui ne chercheront qu'à prendre conseil auprès du premier venu pour expédier leur charge. Vous qui cherchiez à vous débarrasser des lobbies, c'est raté...
Dans ce cas, on imagine un système sur base de volontariat. Les citoyens qui désirent être porteurs de cette charge n'auront qu'à se déclarer, et ce sont eux qui seront tirés au sort. C'est déjà plus juste non ? Sauf que pour se dire ça, il faut déjà s'en penser capable. Or l'humain qui n'est pas sûr de son fait, c'est à dire qui n'a pas le niveau d'éducation/culture suffisant pour comprendre et embrasser une telle charge, aura tendance à laisser les autres faire. Après tout, il y a plus qualifié pour ce boulot...
On objectera qu'il n'y aura qu'à éduquer les citoyens. Certes. Mais qui votera ces lois pour éveiller tous les citoyens à ce mode de fonctionnement ? On ne fera donc que reproduire encore et encore le schéma oligarchique actuel, car ce système déclaratif ne mettra pas tout le monde sur un strict pied d'égalité et que seuls les cultivés actuels se présenteront, et que les chances de voir des lois mettant en place des systèmes efficaces d'éducation du peuple afin qu'il embrasse cette nouvelle citoyenneté sont encore plus infimes qu'aujourd'hui.
Au final, donc, la démocratie par tirage au sort ne mènera qu'à un système injuste et autoritaire, ou à un système égal à l'oligarchie actuelle.
Le tirage au sort ne règle en rien les problèmes profonds de la vieille démocratie.
Alors quoi ? On laisse tout en plan ? Pas forcément. Il existe des systèmes de représentation qui ont fait leurs preuves, qui permettent d'éviter la corruption par le pouvoir, qui sont égalitaires et qui permettent aux citoyens de s'émanciper et d'embrasser la vie de la Cité. Alors non, ces modèles ne prennent pas forcément appui sur la sacro-sainte démocratie athénienne. Non, ils ne sont pas vieux de plusieurs milliers d'années. Mais en même temps, être vieux de plusieurs milliers d'années n'est pas un gage de qualité, c'est juste un sophisme.
Un de ces modèles, c'est par exemple la Commune de Paris. Ce modèle de société comporte plusieurs points intéressants, qui règlent les problèmes de la démocratie actuelle, qui conserve la souveraineté du peuple et qui est réellement représentatif. Quelques caractéristiques, comme ça, au pif :
- mandat impératif et révocable : le peuple élit ses mandataires ("représentants") et les mandate pour une tâche précise, définie dans la durée. Ce mandat peut être révoqué par ceux qui ont élu le mandataire.
- toute personne qui œuvre pour et dans la Cité est citoyen.
- interdiction de cumul des mandats
- élection des fonctionnaires au suffrage universel
- création d'un habeas corpus (si vous ne savez pas ce que c'est, demandez à Maître Eolas)
- mise en place de l'éducation populaire en plus des structures "traditionnelles" d'enseignement
En clair, un vrai gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Et non un gouvernement du peuple, par hasard, pour on ne sait qui ou quoi.
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Cher⋅e petit⋅e soralien⋅ne,
Tu n'aimes pas lorsque je relève que ton idole/maître à penser/guide est un nazi alors qu'il le dit lui même. Tu fais des circonvolutions pour m'expliquer que, non, il n'est pas nazi, il est "juste national-socialiste".
Peut-être as-tu manqué quelques cours, ou les as-tu oubliés ? Il est aussi probable que ton idole/maître à penser/guide, lors de ses longs monologues masturbatoires sur son canapé dont tu es si friand⋅e, t'ait fait oublier quelques "points de détail"...
Je le dis et je le répète donc, pour la dernière fois, et ce billet servira de point d'arrêt à tout débat sur le sujet. Être national-socialiste, c'est être nazi. Il n'y a pas à tortiller du cul. Il aura beau essayer de redéfinir ce qu'est le "national-socialisme", ça n'en reste pas moins du nazisme. Et quand on fraye avec des gudards pour former Égalité & Réconciliation, faut vraiment être con⋅ne pour penser que son "national-socialisme" serait autre chose que du national-socialisme. Vouloir faire croire que le "national-socialisme" n'est pas synonyme de nazisme, c'est une des étapes pour faire accepter cette horreur. Car les mots sont importants et la première des batailles. Et face à ça, il n'y a que la fermeté.
National-socialisme = nazisme. C'est un synonyme. C'est comme ça.
Point.
Maintenant, cher⋅e soralien⋅ne, si tu persistes à vouloir continuer de m'expliquer que, non, Soral n'est pas un nazi et patati et patata, ce qui suit est ma réponse à ton endoctrinement.
Cordialement.
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Je ne cache pas ma proximité avec les communistes, notamment en raison de la base marxiste qui nous est commune. Mais il y a plusieurs sujets sur lesquels je suis en profond désaccord. La "valeur sacrée travail", pour commencer, qui est certainement la principale raison de mes divergences. Et puis des sujets que certain⋅es peuvent considérer comme périphériques mais qui sont pour moi importants : la prostitution, la GPA et l'euthanasie. C'est sur ce dernier point que je vais me pencher dans cet article.
L'euthanasie, ou "droit de mourir dans la dignité", est présentée comme une avancée sociale, démocratique, comme étant un combat pour une nouvelle liberté individuelle, "l'ultime liberté" comme le prétend l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). Comment ne peut-on pas être séduit par la capacité à maîtriser les conditions de sa propre fin de vie ?
C'est tellement plaisant et ça sonne tellement "avancée sociale" que l'actuel Président en a fait son engagement 21. Mais, chers lecteurs, ceci est un mythe, et voici pourquoi.
La mort, l'ultime frontière
Cette question de l'euthanasie pose évidemment la question de notre rapport à la mort. La mort est la démonstration ultime de l'impuissance de l'être humain, la fatalité (au sens premier) de sa propre vie. L'humain ne cesse de vouloir échapper à la mort, et la société est à cette image : la mort est exclue de nos sphères, c'est un tabou, un épouvantail, un danger et certainement le plus grand moteur de nos superstitions et de nos peurs. La mort rappelle à l'humain qu'il est mortel, qu'il ne peut régner en tout-puissant et qu'il ne contrôle pas tout. Et c'est bien ce contrôle ultime, quintessence de la toute puissance de l'individu, que la société individualiste entend s'approprier.
Une société où tout, en définitive, serait calculé, maîtrisé, arrangé, géré, ordonné, jusqu'à la mort elle-même. L'euthanasie serait ainsi la capacité de mourir tout en restant maître de tout, c'est à dire mourir en tant que tout-puissant, et donc, quelque part, mourir immortel.
L'individu et sa toute puissance
Dans notre société individualiste, narcissique, on nous apprend, dès tout petit, que l'individu existe en dehors du groupe, qu'une "identité" de chaque personne existe tout de même si on en retire tout ce qui vient des Autres et des interactions avec autrui. Cette thèse est un des piliers fondateurs de l'idéologie libérale au sens large : l'existence d'un individu unique, indépendant, d'identité propre et d'un groupe qui ne serait que la somme de ces individualités. Cette idée d'existence d'un "soi profond", d'une sphère privée inviolable, entièrement indépendant de toute interaction et apport extérieur est la source des problèmes identitaires individuels (sentiment de "vide intérieur", dépressions, etc.) qui fleurissent dans notre société. C'est aussi la raison du glissement social qui s'opère lentement : on ne cherche plus à construire une société sur la base d'une opposition entre ce qui est interdit et autorisé (c'est à dire la Loi comme fondement de la société), mais entre ce qui est possible et ce qui est impossible (ce que l'individu est dans la capacité de faire ou non).
C'est donc cette illusion à la fois d'une unicité indépendante intime et de limites définies par les seules capacités de l'individu que naît cette illusion de toute-puissance dont la seule limite est la mort, qu'il faut donc maîtriser aussi.
La société actuelle étant fondée sur ces idées, voici donc l'euthanasie présentée comme un droit, une nouvelle liberté : la maîtrise de la mort elle-même, la victoire de l'individu tout-puissant. C'est dans cet esprit d'un "droit de la sphère privée" qu'est défendue l'euthanasie.
Nier le tiers pour mieux pouvoir défendre l'indéfendable
Les mots sont importants et il est intéressant de voir à quel point les termes employés pour défendre l'euthanasie font tout pour nier l'existence d'un tiers : droit à mourir dans la dignité, suicide assisté, etc. Ce dont il n'est jamais question, c'est bien du tiers qui va porter la responsabilité de la mort. Cette négation d'autrui s'explique par ce fameux fantasme de toute puissance de l'individu : ce fantasme pose que le monde (et donc autrui) se plie à la volonté de l'individu ("le client est roi", etc.). Le tiers impliqué dans la mort de l'individu euthanasié n'est donc plus considéré comme un humain mais comme un simple outils au service de l'individu. Remarquez au passage que considérer l'humain comme un simple outils n'a rien de neuf dans notre société.
Tous les argumentaires de défense de l'euthanasie nient le fait qu'un tiers humain est nécessairement impliqué dans le processus d'euthanasie, et que c'est ce tiers qui portera nécessairement la responsabilité de la mort.
Le suicide ou l'euthanasie : quelle différence ?
Lorsqu'un individu se suicide, il fait acte de cette toute puissance. Vous vous demanderez donc, chers lecteurs, pourquoi, dès lors, ne pourrions-nous pas faire ça dans un cadre contrôlé, puisqu'au final il y aura toujours un cadavre à gérer ? Surtout si, en plus, ça peut éviter des retards dans les transports en commun...
Jusqu'à présent, la société a toujours souligné la nécessité d'empêcher le suicide. En effet, toute personne se doit de porter assistance à quelqu'un qui se trouve en danger de mort, sans pour autant mettre en danger sa propre vie. Or le suicide est, de fait, un danger de mort, et toute personne pouvant l'empêcher en a le devoir. Autoriser l'euthanasie, c'est modifier ce rapport, et en plusieurs points.
Lorsqu'une personne se suicide, elle fait acte de toute-puissance, mais elle le fait seule. L'euthanasie, sous quelque forme qu'on l'envisage, implique un tiers. Si on peut arguer que la fin de vie est une question uniquement personnelle et que la société n'a pas à s'en mêler, le fait d'impliquer un tiers implique nécessairement la société, qui a donc le devoir de s'en mêler. Et on aura beau user de rhétorique pour gommer cet aspect ("suicide assisté", "aide active à mourir", etc.) le fait est que l'euthanasie implique nécessairement un tiers. Et un tiers qui tue une personne, quel que soit les termes que vous utiliserez pour éviter d'affronter cette sinistre vérité, cela s'appelle un homicide.
La question est donc maintenant la suivante : notre société peut-elle autoriser le droit de tuer ?
Droit de tuer : peine de mort et euthanasie, même combat
La question d'autoriser ou non le droit de tuer a été tranchée en France le 9 Octobre 1981 avec l'abolition de la peine de mort. La peine de mort posait l'État comme capable de tout ôter à un individu, c'est à dire jusqu'à son hypothétique "soi profond", posant ainsi que tout est dans l'État et que rien n'existe en dehors de lui. Oui, la peine de mort se rapproche ainsi beaucoup plus d'un État totalitaire que d'une démocratie. Dans cette optique d'un individu appartenant entièrement à l'État, la peine de mort trouve une justification : la vie de la personne appartient à l'État.
L'euthanasie, si elle était autorisée, rétablirait ainsi un droit de tuer, tout aussi exceptionnel et prétendument exclu de l'arbitraire que la peine de mort.
Mais, objecterez vous chers lecteurs, dans le cadre de la peine de mort, le condamné n'a pas demandé à être tué, contrairement à celui qui demande l'euthanasie.
C'est une différence importante mais malheureusement secondaire. Il s'agit d'une différence de circonstance et non d'une différence de principe : on rétablit tout de même un droit de tuer, seules les circonstances d'exercice de ce droit changent. Comme je l'ai dit plus haut, le droit de tuer est une prérogative d'un État totalitaire, dans lequel l'individu n'a pas d'existence en dehors de l'État.
L'euthanasie n'est donc pas un simple "droit à mourir" mais aussi, et surtout, un droit de tuer. Et c'est là qu'intervient tout le mythe dont je parlais au début : en érigeant le droit à mourir comme une liberté exclusivement de la sphère privée, les défenseurs de l'euthanasie oublient, consciemment ou non, que c'est une "liberté" qui entraîne nécessairement un droit de tuer.
Mon cul est plus digne que ta mort
On entend souvent parler de "mort dans la dignité". Ce concept de dignité, en plus d'être flou, pose qu'il y aurait des façons de mourir qui seraient "indignes". Si je meurs dans un accident de voiture, est-ce que je mourrais digne ? Une crise cardiaque en poussant trop fort aux chiottes est-elle une mort digne ? Car qu'est-ce que la dignité ?
La capacité de se mouvoir ou non, le fait de souffrir, de vivre avec une poche ou des couches font partie de la vie et de son évolution et ne sont pas désirées. Or peut-on juger de la dignité d'une personne selon quelque chose qu'elle n'a pas désiré ? La dignité, cette notion mouvante, ne serait-elle pas dans le regard que la société impose sur les "faibles" ?
La dignité humaine n'exclue pas les conditions selon lesquelles l'être humain vit sa vie de mortel. Car sinon, aucune vie humaine ne saurait être digne.
Et la souffrance là dedans ?
Vous objecterez encore une fois, chers lecteurs, que tout ça, c'est bien beau, mais celleux qui souffrent là dedans, on en fait quoi ? On ne va quand même pas les laisser souffrir hein ?
Et c'est là qu'est, en définitive, que tout se situe. Il n'est pas question de laisser souffrir. Et vous auriez raison.
La souffrance, physique ou psychologique, peut être telle que cela peut amener quelqu'un à vouloir mourir plutôt que de continuer à ressentir une telle souffrance. Et comme nous sommes des êtres doués de compassion ("souffrir avec"), nous ne désirons pas voir les autres, surtout des proches, souffrir. Et c'est pourquoi nous pouvons être enclins à accéder à la demande de mourir. Mais cette demande est avant tout motivée par la volonté de ne plus souffrir.
Or cette demande, la société peut y accéder, sans pour autant avoir pour but de donner la mort. Car l'euthanasie met en effet fin aux souffrances, mais elle a aussi pour but de donner la mort. En revanche, les soins palliatifs ont pour unique but de mettre fin aux souffrances. Ces soins sont basés sur un ensemble de pratiques, d'écoute, de présence, d'attentions, destinées à soulager la souffrance d'un individu. Ces pratiques comprennent aussi l'injection d'analgésiques supprimant ou diminuant fortement la douleur. Ces produits peuvent, à terme, entraîner la mort, certes, mais cette mort ne serait pas donnée au nom d'un "droit de tuer" maquillé en "droit de mourir" mais en raison d'un effet secondaire d'un traitement.
Et la différence est fondamentale : ce n'est pas le but des soins mis en œuvre que de tuer, mais il s'agit d'un effet secondaire d'un traitement de la douleur.
Le soucis étant que les soins palliatifs efficaces et de qualité coûtent beaucoup plus cher qu'une mise à mort. En cela, il s'agit aussi d'un choix de société.
Conclusion
Ainsi donc la légalisation de l'euthanasie est une atteinte grave à la démocratie moderne puisqu'elle ne constitue pas un élargissement des libertés individuelles comme on le prétend mais bien l'élaboration d'un droit de tuer auquel on avait mis fin il y a plus de 30 ans.
La question de la dignité, floue, sert à faire appel aux bons sentiments plutôt qu'à la réflexion. Elle sert aussi de diversion concernant la question de l'implication d'un tiers humain portant la charge de la mort. Il restera toujours des personnes désirant réellement mourir. Mais leur volonté ne suffit pas à faire en sorte que la société y réponde favorablement.
La souffrance, quant à elle, qu'elle soit physique ou psychologique, demande une vraie prise en charge, médicale et sociétale, avec l'instauration de soins palliatifs de qualité, accompagnant la fin de vie. La protection juridique des personnels soignants de ces unités est aussi une vraie question. Le coût économique de ces unités est aussi une vraie question, qui en pose une autre bien plus importante : doit-on abandonner nos valeurs démocratiques actuelles en raison de questions économiques ?
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Mon cher Ploum,
Ce n'est pas parce que tu es d'extrême-droite que je le suis. Merci de ne pas m'embarquer dans tes délires.
Chapitre 1 : Contexte
Avant d'attaquer le vif du sujet, j'aimerai contextualiser et préciser le rapport que j'ai à toi, afin de ne pas laisser le lecteur faire des suppositions stupides (je n'ai pas la chance d'avoir uniquement des lecteurs aussi bien éduqués que toi, j'espère que tu me pardonnera). Lorsque je t'ai découvert, tu parlais essentiellement de choses liées à l'informatique, notamment liées aux libertés dans le domaine numérique. Et j'étais assez d'accord avec toi. Même avec des petits cœurs.
Et puis tu as commencé à parler politique, social. Et j'ai été de moins en moins d'accord avec ce que tu écrivais, fatalement.
Jusqu'à il y a une poignée de jours où tu as sorti, coup sur coup, deux billets.... Je ne trouve pas de mots sympas, alors je vais dire piteux et dangereux. Et c'est ce dernier billet (et les commentaires que tu as laissé à la suite) qui me fait prendre la plume.
Chapitre 2 : Vocabulaire
Parce que les mots ont un sens, il est important de définir les mots que je vais employer dans l'article, afin de minimiser les méprises. Ces définitions sont des résumés, vous restez libres d'approfondir vos connaissances (notamment historiques) sur le sujet.
Extrême-droite : ce terme qui peut sembler flou repose en fait sur une mixture qui ne change pas : le nationalisme mélangé à la xénophobie. Est d'extrême-droite tout mouvement, parti, groupe, personne, organisation, légal ou non, qui défend, au moins, ces deux valeurs. Ce socle commun peut être agrémenté de patriotisme, d'extrémisme religieux, de conservatisme économique ou de libéralisme plus ou moins débridé. En France, l'extrême-droite ressemble à ça.
Faf : initialement "France Aux Français", détourné en "Fasciste d'Action Française" puis rétro-défini comme raccourci pour "fasciste". Désigne tout militant d'extrême-droite, en particulier ceux qui organisent des ratonnades et les tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Peut être étendu aux électeurs d'extrême-droite. Tue régulièrement.
Antifa : mouvement ou militant héritier idéologique du Front Populaire et de la Résistance, opposé à l'extrême-droite et à ses idéologies. L'antifascisme peut prendre la forme allant de manifestations pacifiques à l'opposition physique contre les organisations d'extrême-droite, en particulier contre les fafs qui organisent des ratonnades et des tabassages d'arabes/noirs/pédés/etc. tous les jours. Ne tue pas.
Skinhead : issu de la mouvance punk/mod et antifa. Pour plus de précisions, voir par exemple le mouvement SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice)
Bonehead : faf au crâne rasé, Rangers et croix gammée tatouée optionnelle. Tente de s'approprier le terme "skinhead", aidé en cela par les médias et l'absence de culture globale sur l'antifascisme.
Chapitre 3 : Du ton et de la posture
Passons maintenant à ton article, Ploum. Globalement, à la lecture de l'article, on y retrouve un ton condescendant, de "bonne morale"... Tu prétends te poser "au dessus de tout ça", avoir une éducation qui te permet de "ne pas tomber dans le panneau". En fait, tu es tellement au dessus que tu ne vois pas ce que tu décris. Tu poses les militants/électeurs d'extrême-droite (ton article fait allègrement la confusion entre tout ça et le reste, soulignant une méconnaissance du sujet) comme, en gros, de gentilles petites personnes qui ne veulent de mal à personne. Alors même que le nombre d'agressions racistes augmente en France et en Allemagne, que le nombre d'agressions homophobes explose et que les militants d'extrême-droite se sentent pousser des ailes, essayer de faire passer des gens défendant les idées d'extrême-droite pour des non-violents qui veulent la paix est non seulement un aveuglement naïf, mais aussi un danger réel.
De plus, tout au long de l'article tu les décris, en gros, comme des demeurés incapables de penser, sous-éduqués, ou qui auraient "abandonné leur intelligence". Déjà, la confusion entre intelligence, culture et éducation n'est pas très fameux, mais on va dire que c'est un raccourci malheureux. Mais le danger vient bien de considérer les idées d'extrême-droite comme un simple manque d'éducation. S'il est vrai que les médias nous disent que moins on est instruit, plus on vote FN, ce n'est pas forcément si simple.
Chapitre 4 : Les sources
Ça va être rapide : les sources, il n'y en a aucune.
Seulement, lorsqu'on dit "il y a plus de délinquants et de voyous parmi les immigrés que parmi les « purs nationaux »", on ne peut pas se dédouaner de "ne pas connaître les chiffres". Lorsqu'on accepte d'admettre une accusation aussi grave, on ne peut pas se payer le luxe de faire fi de la moindre preuve.
De même, déclarer "Or, tous les indicateurs le montrent" sans citer une seule source n'est pas recevable. Pas un seul lien, pas une seule source. Et tu comptes réellement avoir des propos étayés et "concrets" sans rien citer ? Où est passé ton côté scientifique ?
Chapitre 5 : Confusions, incohérences et amalgames
Plusieurs confusions sont présentes au sein de l'article, relevant la méconnaissance du sujet. On y mélange bien volontiers dans le même panier les électeurs d'extrême-droite, les militants plus ou moins radicaux et les cadres du parti.
De même, aucune distinction n'est faite dans les cibles de l'extrême-droite. Ainsi tu ne précises jamais dans ton article que lorsqu'un électeur/militant d'extrême-droite parle d'étranger, il s'en réfère la plupart du temps à l'apparence physique : il vise aussi bien les immigrés illégaux, les légaux et celleux de deuxième, troisième, quatrième génération. Être étranger, pour un militant d'extrême-droite, c'est héréditaire.
Il est, de plus, étonnant que tu prétendes les gens incapables de réfléchir mais que, dès qu'il s'agit de juger de l'action des antifas, tu proposes de leur demander leur avis. D'un coup, lorsque ça va dans ton sens, ils deviennent assez intelligents. Pratique !
Chapitre 6 : Le moteur de l'extrême-droite
Ce que ne traite pas l'article est aussi très intéressant, car cela souligne encore un peu plus la méconnaissance du sujet. Si les deux fers de lance de l'extrême-droite peuvent en effet être ceux cités par l'article (même si je ne suis pas d'accord, c'est une base que je peux accepter), le moteur principal de l'extrême-droite n'est pas traité. Ce moteur, celui qui distille effectivement un poison, ne t'en déplaise Ploum, c'est la conversion d'une peur, légitime ou non, en haine.
C'est un moteur bien connu de celleux qui s'intéressent au sujet. C'est pour cela qu'on parle de "peste brune" : cette conversion se répand comme une maladie et finit par tuer comme la peste.
Chapitre 7 : Le monde des Bisounours by Ploum
Selon toi, Ploum, il suffirait de "tendre une main amicale" pour lutter contre l'extrême-droite. Juste une question : cette main peut-elle être une main noire ? Où doit-elle être nécessairement blanche, virile, hétéro ?
Selon toi, c'est la "diabolisation" de l'extrême-droite qui serait en cause. Je ne sais pas dans quel monde tu vis, Ploum, mais en France du moins, il n'y en a - absolument - aucune - trace. On voit même beaucoup plus d'articles comme le tien fleurir ça et là (non, je ne ferais pas de lien, pas de pub pour eux) que l'inverse. Et lorsque des blogueurs tels que "fdesouche" se félicitent que leur parole soit "entendue" et "se répande", il y a de quoi s'inquiéter, vraiment.
Mais pas pour toi, Ploum, oh non. Car dans ton article, l'électeur et le militant d'extrême-droite n'est que quelqu'un qui s'est trompé de voie. Quelqu'un qui s'est fourvoyé ou qui aurait abandonné son "intelligence", de manière temporaire, pour céder à l'argument facile. Un imbécile que toi, avec ton éducation supérieure et ta vision du monde parfait, peut remettre dans le droit chemin. Ce qui est très inquiétant, car selon l'INSEE et ton raisonnement, il va falloir vraiment se préparer à avoir un nombre de fafs extrêmement conséquent. À quel niveau situes-tu ta fameuse "éducation salvatrice" ? Le Bac ? Bac +2 ? Master ?
Dans quel cursus apprend-on à aimer son prochain sans discrimination ? En prépa où c'est "chacun pour soi" ? En école d'ingénieur sur concours ? Dans les grandes-écoles où le classement final est aussi important que le fait d'obtenir son diplôme ? Où sont les profs des cours de "vivre ensemble" que tu as eu la chance d'avoir et qu'un nombre non-négligeable de mes anciens camarades a apparemment séché ?
Tu oublies qu'on n'intègre pas de force quelqu'un à une communauté, et qu'on le fait seulement en écoutant et prenant en compte, à un certain niveau, ses idées et arguments. Et, donc, en reconnaissant ces arguments comme légitimes. Je refuse, contrairement à toi, de considérer la haine de l'autre comme un argument légitime.
Chapitre 8 : L'antifascisme, ce n'est pas ce que vous croyez
Pour finir, je dirais un mot sur l'antifascisme, que tu écris "antifaf" dans ton article (rien que l'écrire ainsi montre que tu ne connais rien au sujet, mais passons). L'antifascisme te fait peur. Pourtant, tel qu'il existe depuis hier et continue d'exister de manière moins centralisée aujourd'hui, il ne s'agit que d'une pensée luttant contre le racisme, le fascisme, l'antisémitisme, l'homophobie, etc. Les "violences" dont tu sembles avoir peur ne ciblent que les groupes de fafs organisant des ratonnades et autres tabassages d'opprimés. Si pour toi cette idée est insupportable, bien planqué dans ta tour d'ivoire de dominant, c'est quelque chose de quotidien pour beaucoup de gens. Il y a d'un côté la violence des dominants (que tu perpétues inconsciemment) et la "violence" des opprimés pour se défendre contre cette violence.
Si la non-violence est pour certains préférable à la violence dans la lutte contre l'oppression, il ne peut être reproché aux opprimés (et à leur alliés) de violemment faire face contre ces oppressions. Toujours montrer du doigt la soit-disant "violence" des opprimés sans remettre en question une seule seconde la violence du système actuel (ce que tu ne fais jamais) c'est être le complice, conscient ou inconscient, du système oppresseur. Quelqu'un d'aussi éduqué et supérieur que toi devrait pouvoir le comprendre.
Conclusion
Ton article est un exemple d'angélisme, de naïveté et de méconnaissance du sujet. La déconnexion totale entre ton discours et ce qu'il se passe tous les jours, le ton méprisant que tu adoptes contre ceux qui luttent contre la haine et les courbettes que tu fais aux idées d'extrême-droite font partie intégrante de cette tendance à considérer les postulats d'extrême-droite comme valides et recevables.
En attendant, les ratonnades d'extrême-droite continuent en Grèce et en Europe, des homos se font tabasser toutes les semaines en France pour leur sexualité, des femmes se font arracher leurs vêtements, se font insulter et tabasser jusqu'à perdre leur enfant, et les fafs fêtent leur progression idéologique sur les corps des antifas. Et ton article, face à tout cela, est tout simplement insultant et révoltant.
Alors tu es d'extrême-droite si tu en a envie, Ploum, mais tu seras bien gentil de me laisser en dehors de tes fantasmes.
Tags de l'article : je vais pas me faire que des copains
J'inaugure une nouvelle rubrique, celle de recettes de cuisine, testées et approuvées. Bon appétit ! :)
Prévoir du sel, du poivre, de l'huile d'olive, des bardes de lard, un tube de mayonnaise et bien sûr une bouteille de whisky (d'où le nom !).
Barder le poulet, le saler, le poivrer et ajouter un filet d'huile d'olive.
Préchauffer le four à température moyenne (220°C ou thermostat 7) pendant 10 minutes.
Se verser un verre de whisky et le boire.
Mettre le poulet au four dans un plat de cuisson approprié
Se verser un verre de whisky et le boire.
Renouveler cette dernière opération.
Après un quart beurre, fourrer l'ouvrir pour surbeiller la buisson du coulet.
Brendre la vouteille de biscuit et s'envoynet une bonne rasade.
Après un tard .... un far t'heure... abrès un moment quoi, dituber jusqu'au bour.
Oufrir la borte, reburner, revourner... mettre le noulet dans l'aurte sens.
S'asseoir sur une butain de chaise et se reverdir 2 ou 3 verts de ouisti.
Buire, tuire, cuire le loulet bandant une deni-heure.
Se rebercer une bonne voulée de poulet... non de visky.
Rabasser le loulet (tombé bar terre), l'ettuyer et le voutre sur un blat.
Se béter la gjeule cause du gras sur le barrelage de la buisine.
Ne pas essayer de se reveler.
Déciver qu'on est bien par derre et binir la mouteille de misky.
Ramber jusqu'au lit, dorbir ze qui reste de la muit.
Le lendemain matin, boire du Sprite, manger le poulet froid avec de la mayonnaise en tube et nettoyer le bordel que vous avez mis dans la cuisine.
(oui, c'est une très vieille blague, réactualisée, mais elle me fait toujours marrer)
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