En 1985, le professeur Jean-Marie Andrieu déclarait : "compte tenu de la force de notre hypothèse, nous ne pouvions pas éthiquement continuer à garder le secret pour marcher selon les lois de la déontologie scientifique habituelle".
Résultat de cette action : 100% des expérimentés initiaux sont morts. De plus, leur consentement éclairé n'avait pas été recueilli.
Oui, la démarche scientifique c'est long et rarement spectaculaire. Oui, l'éthique peut sembler accessoire en temps de crise. Mais c'est la seule voie qui marche et qui nous garantie contre notre pire ennemi : nous même.
Peut-être serait-il temps d'apprendre de nos erreurs passées...
Pour en revenir au cas actuel, je ne dis pas que le Professeur Raoult a raison ou tort sur la chloroquine. Je n'ai pas l'expertise nécessaire et il n'existe pas assez d'études en la matière pour se prononcer. Je ne remets pas en cause sa bonne foi, il travaille tous les jours dans son domaine et a l'expérience nécessaire pour pouvoir affirmer des choses en tant que clinicien. En revanche, je sais qu'en médecine, il y a rarement des remèdes miracles, et énormément de faux espoirs, qui peuvent parfois être mortels. Je sais aussi qu'on ne pratique plus la médecine tel qu'il le fait, c'est à dire une médecine centrée autour de l'autorité du seul clinicien et de son expérience (ce qu'on appelle la "tradition clinique"), mais qu'on le fait désormais sur des bases scientifiques, de consensus, avec une communication plus lente et tempérée mais plus proche de la "vérité".
Les crises sanitaires voient toujours poindre un certain retour de cette tradition clinique. Tout l'objet est de résister à la tentation.