Jour 1
Rédigé par LLM le 03 septembre 2018
Escadron Écho, jour 1
2:36 : Gaby, capitaine
Nous avons enfin quitté le Clan après avoir passé plus de deux heures à aider l'Escadron Delta à réparer son véhicule de soutien. J'espère qu'il tiendra la distance. Notre objectif est la cité de Yuilal, au Sud-Ouest de notre position actuelle. 800 kilomètres de sable, 10 jours, encore une fois. Kalie me dit que cette fois, d'après sa théorie, c'est notre tour de tomber sur la surprise. Elle refuse de me donner sa théorie cependant. Nous verrons bien.
La dernière fois c'était l'Escadron Alpha qui avait tiré le gros lot, des cuves pleines d'eau potable avec ses systèmes d'entretien toujours pleinement fonctionnels. J'espère pouvoir au moins trouver la même chose à Yuilal, même si nous n'avons pas eu de problème d'eau depuis des années maintenant, jamais depuis ma naissance en tout cas. Mais les Maljunuloj aiment à nous mettre en garde. La respectée Jess a même connu les Temps Troubles, à ce qu'on dit. C'est la dernière du Clan à pouvoir encore en parler comme elle les a vécus.
Bref, nous en avons pour une dizaine de jours à faire l'aller-retour. Espérons que cette fois-ci le désert n'aura pas avalé la ville. D'après les archives, Yuilal comptait 2 millions d'âmes au moment de la Grande Erreur. Une douzaine de bâtiments dépassaient les 400 mètres de haut et devraient donc être toujours visibles et accessibles. Nous verrons bien si cette fois on a plus de chance que les quatre dernières fois.
6:53 : Gaby, capitaine
Le lever de Soleil est magnifique. Je sais que je suis beaucoup plus romantique que la plupart des Explos, et que mes rapports sont beaucoup plus verbeux que la plupart des autres escadrons (Rudolf, je sais que tu me diras encore "majoritairement inutiles" de ta grosse voix lorsque tu auras ça, mais me remercieras encore de te faire voyager par procuration, pas la peine de passer par ta moue faussement réprobatrice cette fois) mais un rapport ne serait pas complet s'il ne disait pas à quoi on doit s'attendre lorsqu'on passe le bouclier. Les couleurs d'un lever de Soleil dans ce désert sont magnifiques, à la fois éphémères mais sûres de toujours revenir le lendemain. On passe rapidement d'un violet profond à du pourpre, du pourpre au rosé, du rosé à un mauve délicat, avant de tomber en quelques secondes dans un vert émeraude et terminer sur une note de lapis-lazuli qui s'atténuera sur plusieurs dizaines de minutes. Cette farandole de couleurs se tient en à peine 3 minutes, mais c'est un des plus beaux spectacles auquel on peut, je crois, assister.
6:57 : Gaby, capitaine
Kalie ronchonne car je ne l'ai pas réveillée pour voir le lever de Soleil. Je n'en ai pas eu le courage après qu'elle se soit écroulée sur la couchette du transporteur après plus de 48 heures debout à tout mettre en œuvre pour partir dans les temps. J'aurai sans doute moins de scrupules demain. Oh, et maintenant elle ronchonne parce que j'ai créé cette entrée dans le rapport et que personne n'est en mesure de la supprimer.
7:00 : Raul, sergent
Prise de quart. Une heure de retard sur la prise de quart en raison des problèmes au départ. Pas de décalage acté. RAS.
10:00 : Kalie, lieutenant
Prise de quart. RAS.
12:18 : Kalie, lieutenant
Le Reco nous informe que son moteur a fait un drôle de bruit mais que c'est passé après trois ou quatre minutes. Nous verrons ça lors de l'arrêt programmé demain. J'ai donné l'ordre de continuer de rouler.
13:26 : Kalie, lieutenant
La vigie nous informe que nous avons perdu l'Escadron Delta et l'Escadron Fox-Trot de vue. L'arrêt du contact visuel est conforme aux calculs. Nous devrions perdre le contact radio direct d'ici quatre ou cinq heures maximum.
13:58 : Kalie, lieutenant
J'ai fait réchauffer mon thé sur la carlingue du véhicule de transport. Mauvaise idée. J'ai la langue toute endolorie maintenant. J'ai dû le laisser trop longtemps, je gère bien d'habitude. C'est nul.
14:00 : Lou, sergent
Prise de quart. RAS.
15:02 : Lou, sergent
J'ai oublié de charger ma nouvelle liste de musiques dans mon bracelet. Je me disais bien que c'était pas dans le bon ordre. Je vais demander à Omega s'ils ne peuvent pas me l'envoyer.
15:43 : Lou, sergent
Yes ! Ils ont pu la trouver et me l'envoyer ! Je vais enfin pouvoir me concentrer.
17:51 : Lou, sergent
Nous avons perdu le contact radio direct avec l'Escadron Delta et l'Escadron Fox-Trot. Communications relayées par Omega. Rupture de contact avec Omega calculée pour 21:32. Aucun satellite relai éligible détecté pour le moment.
18:00 : Gaby, capitaine
Prise de quart. Tout semble se dérouler sans soucis particulier.
19:35 : Gaby, capitaine
Nous n'avons toujours pas trouvé de satellite relai convenable. Il est peu probable qu'on arrive à en accrocher un avant la rupture de contact avec Omega.
21:29 : Gaby, capitaine
Rupture de contact avec Omega. Nous n'avons plus aucun soutien en dehors de nous-même maintenant.
22:00 : Raul, sergent
Prise de quart. RAS.
23:53 : Raul, sergent
Le caporal Kriss rapporte des lueurs étranges dans la nuit. RAS sur les radars ni sur les détecteurs de proximité. Le Reco n'avait rien constaté lorsqu'il est passé il y a dix minutes. J'ai envoyé Énée et Sacha en reconnaissance sur des mangoustes. Dénomination : Escouade Écho-Alpha.
Jour 1 : Fin de transcription
Classé dans : Fiction, Terre Inconnue - Mots clés : aucun - 3 commentaires
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Rédigé par LLM le 20 août 2018
Si vous lisez ceci, et bien je dois dire que je n'ai aucune idée de la personne à qui je m'adresse. Je ne vais pas me lancer dans des suppositions sans aucun fondement et qui ne mèneraient à rien. Je ne sais pas ce que vous cherchez, ni comment vous vous êtes procurés ce que je suis en train d'écrire. Je ne sais pas non plus ce que je suis en train d'écrire, ni quand et comment cela se terminera. Si vous cherchez des informations pour Les vaincre, sachez que je n'en sais rien. Si vous cherchez des informations pour Les combattre efficacement, je n'ai que mes échecs à vous présenter. Peut-être trouverez vous les moyens de ne pas faire les mêmes erreurs que moi en me lisant. Quoiqu'il en soit, je doute que cet écrit sorte de ma cellule.
Je suis Raphaël, né en 43 après la Délivrance, dans la mégalopole d'Arrivée. Quand je dis que je suis "né", il faut comprendre que c'est à partir de ce moment où je suis devenu... et bien, moi. Ça me semblait évident jusqu'à présent mais je dois aussi vous dire que Raphaël n'est pas mon prénom, ni mon nom, mais mon titre. Normalement je devrai d'ailleurs dire que je suis un ancien Raphaël, mais je n'ai pas d'autre identité à vous donner. La mémoire de ma personnalité précédente n'est que fragmentaire et floue. À l'origine, je suis un humain, appelé à Leur service. J'ai échoué à Les trahir et désormais l'Humanité court, aveugle, à sa perte inéluctable et béate. J'écris ce témoignage sur une ancienne machine à retranscrire, manuelle, qui date de l'époque ancestrale, bien avant la Délivrance, peut-être même avant les premiers pas de l'Humanité en dehors de l'atmosphère de la Terre. Le bruit qu'elle fait est affreux, et chaque lettre s'inscrit sur la feuille d'antique papier que vous avez entre les mains, tellement fragile qu'il pourrait se consumer à tout instant.
Je dois dire que si j'ignore Leurs intentions véritables, je suis certains que le moyen qu'Ils ont choisi est l'extermination de notre espèce.
De toute évidence, Ils étudient notre espèce depuis des générations. Les premières traces que j'ai pu retrouver dans Leur Mediathèque, construite depuis ce qu'Ils ont retiré de nos souvenirs sur Terre, remontent à 1947 de l'ancienne datation. Très rapidement Ils ont su se cacher efficacement de nous, peut-être en enlevant des spécimens de notre espèce pour les étudier, ou en améliorant Leurs systèmes de camouflage. J'ai pu déterminer que le spectre de ce qu'Ils voient est très décalé par rapport au notre. Ils ont dû négliger une partie du spectre visible pour nous aux débuts de Leurs explorations, ce qu'Ils ont rapidement corrigé.
Ils furent rapidement invisibles à nos yeux, et les milliers de témoignages qui suivirent étaient tous, dans l'ensemble, faux ou frauduleux, si bien qu'aucun ne fût jamais pris au sérieux. Pas même les trois seuls vrais épisodes que j'ai pu rapprocher de Leur propre base de données d'incidents.
Ils ont eu des centaines d'années pour nous étudier attentivement, apprendre nos modes de vie, nos préférences, et faire leurs simulations. D'après les Archives, j'ai pu déterminer trois grandes orientations qu'Ils avaient pu déterminer pour notre espèce, et à chacune d'entre elles correspondait un plan d'action. Et évidemment, Ils ne s'étaient pas trompés. Ils ne se trompent jamais.
Lorsque j'ai été appelé, cela faisait 43 années qu'Ils s'étaient manifestés et nous avaient, comme tout le monde le dit, sauvés. Ils ont déroulé Leur plan, implacable. Nous sommes désormais en 58 lorsque j'écris ces lignes, et l'Humanité n'a plus que deux petites années pour s'en sortir, au mieux, même si je ne vois pas comment elle pourrait faire. Personne ne croit qu'Ils puissent nous vouloir du mal. Nous y avons nous même veillé.
Le jour de la Délivrance n'est pas le jour où tout a commencé, comme je l'ai déjà souligné. Mais c'était le jour où nous les avons laissé gagner. Ils ne nous ont pas donné de nom, nous Les avons nommés. Ils sont venus nous aider, sans se présenter, et nous Les avons accueillis sur notre planète et dans nos cœurs. Nous les avons nommés. Mais nous ne nous sommes pas entendus sur le nom à Leur donner. Sauveurs, Envahisseurs, Visiteurs, Dieux, et encore cent autres noms qui nous divisèrent. Moi-même, alors que je connais leur funeste plan pour ma propre espèce, je ne peux m'empêcher de parler d'Eux avec une majuscule. C'est plus fort que moi, sans doute un reste de mon Illumination. Pourtant, si Leur puissance est immense, Ils ne sont pas invincibles. Ils ne sont d'ailleurs pas très nombreux, du moins à administrer cette planète. J'ignore l'étendue de Leurs forces, mais j'ai acquis la certitude qu'Ils n'en usent pas pour Leur domination. Ils préfèrent la manière douce. Cela se comprend par Leur véritable morphologie, derrière les armures grandioses et Leurs effets de manche.
Ils sont chétifs. De vraies brindilles. J'ai pu en tuer Un à mains nues, Celui qui avait le rôle de Grand Maître, le chef. Ils ne m'ont toujours pas tué. Cela fait maintenant près de six mois, et Ils ne m'ont toujours pas tué pour l'assassinat de Leur chef. Le tribunal m'a condamné. La sentence a été prononcée : la mort.
Je l'ai attendue pendant de longs mois, dans cette cellule qui n'a rien à envier aux meilleurs appartements sur Terre. Je dispose de toutes les commodités, de nourriture en quantité largement suffisante, de plusieurs centaines de mètres carrés d'espace et même un jardin. Je peux regarder ou écouter les émissions que je désire. Je bénéficie de la gravité artificielle. Et de cette machine sur laquelle je suis en train de taper ce texte. Je n'en saisissais pas l'utilité jusqu'à présent, alors que les dernières bribes de soumission s'étiolent et que ma colère, profondément inutile désormais, s'éveille à mesure que je comprends l'ampleur de ce qu'Ils sont en train de faire à mon espèce et de ma profonde inutilité.
Je ne sais pas ce qu'Ils veulent. Je ne sais pas combien de temps Ils me laissent encore avant d'exécuter la sentence. Peut-être veulent-ils me laisser en vie jusqu'à ce que le dernier spécimen de mon espèce s'éteigne ? Ils en ont le pouvoir, mais je sais que ce n'est que l'illusion d'une personne qui souhaite échapper à la mort.
Mais l'heure imposée pour dormir approche et Ils vont bientôt me couper la lumière. Peut-être continuerai-je d'écrire demain. Il est peu probable que ces mots aillent autre part que dans Leurs mains, ou qu'ils soient d'une quelconque utilité pour quiconque en dehors de moi. Quelque part, ça me fait du bien d'écrire, même si ce n'est à personne en particulier, et sans doute pas un être humain.
On a qu'à se dire à demain, s'Ils le veulent bien.
Classé dans : Fiction, Stelo - Mots clés : aucun - 3 commentaires