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Sacré sens de la Justice. C'est sûr qu'avec des idées comme ça, la réforme pénale proposée par Christiane Taubira n'est pas prête d'avoir l'aval de la population... Pourtant, ce n'est pas toi qui disais, il n'y a pas si longtemps "traitez les gens en fonction de ce que vous voulez en faire, pas en fonction de ce qu'ils ont été" ? (http://lehollandaisvolant.net/index.php?mode=links&id=20150105173313)
Alors bon, je sais, je devrais m'en foutre, parce qu'une telle rhétorique, on la voit partout depuis que l'extrême-droite est estimée fréquentable. Mais non, je vais quand même répondre. Parce que c'est important. Alors, pas pour toi Timo, qui trouvera certainement que je sur-interprète, que je te fais dire ce que tu n'as pas dit, que tu n'as rien à voir avec l'extrême-droite parce que t'es pas raciste, etc. Mais pour les autres.
Un individu qui purge une peine de prison a été condamné à quelque chose de précis, par un tribunal qui, sanctionnant au nom du peuple et de manière publique, a condamné cette personne à une peine précise : de la prison, une amende, etc. Une fois le jugement rendu, le condamné sait à quoi il doit s'attendre. Il n'a pas à être condamné à avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête en mode "et peut-être qu'en prime, tu seras victime d'un test biologique sans consentement".
Alors oui, le violeur, le tueur, n'a pas demandé la permission avant de violer, avant de tuer. Est-ce que ça nous donne le droit de le déshumaniser de la même manière qu'il a déshumanisé sa ou ses victimes ? C'est justement parce qu'ils n'ont pas demandé la permission qu'ils sont jugés. Et c'est parce qu'on a un peu évolué depuis la loi du talion qu'on ne les tue pas en retour.
De quel droit peut-on nous autoriser, nous, en tant que peuple, à avoir un comportement digne de la Corée du Nord ou de l'Axe en son temps ? Car c'est bien de ça dont il s'agit ici : des tests humains de produits potentiellement dangereux sur des personnes non-consentantes.
Tu parles de droits de l'Homme, mais c'est facile de les défendre pour ceux qui "le méritent", pour les victimes d'actes ignobles et inhumains comme se faire lapider en place publique pour "adultère". Ça c'est la partie facile de la défense de ces droits. Mais là où ils prennent tout leur sens, là où ils nous élèvent en tant que société, là où ils comptent pour notre propre humanité, c'est de les défendre pour ceux qui ne le mériteraient pas. C'est de reconnaître comme humain et donc digne des droits humains, la pire des pourritures. Parce qu'il n'y a pas d'un côté les gentils qui méritent d'être sauvés et de l'autre les méchants qui peuvent crever dans les pires souffrances. Un être humain, qu'il soit "bon" ou "mauvais", souffre de la même manière.
Le fait est que plus il est difficile de reconnaître à un être humain le droit de vivre, plus c'est important. Les droits humains ont été créés pour en finir avec l'arbitraire qui précédait leur création, pour permettre à l'humanité de s'élever, au peuple de ne plus vivre dans le malheur et la peur de se voir, sans raison, bafoué ou tué. Si on veut former une société ouverte, respectueuse, démocratique, libre et égalitaire, on ne peut pas baser l'application des droits humains au cas par cas.
C'est tous ou personne. Si tu fais une seule exception au "tous", alors ça devient "personne".
Tu peux bien penser que les prisonniers peuvent être déshumanisés. Mais cette pensée ne déshumanise, au final, que toi.