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——————————— Wednesday 18, October 2017 ———————————
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En ce moment, vous l'avez sans doute vu, le hashtag "balanceTonPorc" circule beaucoup pour dénoncer des agissements quotidiens et habituels d'hommes. Des trucs trop souvent bien dégueu.

Il y a aussi le hashtag "meToo" ou "moiAussi", qui montre à quel point le harcèlement concerne toutes les femmes.

Face à ça, la réaction de beaucoup d'hommes est soit de dire "non mais moi je ne suis pas comme ça" (on s'en fout, en fait) soit de nier ou atténuer la portée de la chose. Lorsqu'elle ne contribue pas, bien sûr, à exprimer ses idées racistes par exemple.

Je pense qu'il faut, au contraire, profiter de l'occasion de s'interroger très concrètement sur nos propres actions, en tant qu'homme. Le fait est que, contrairement à ce qu'on peut dire, je ne suis pas borné : j'ai bien changé durant la petite trentaine d'années qu'a déjà duré ma vie. Ça n'a rien de facile d'ailleurs. Je n'ai pas toujours été féministe, ou anarchiste, ou même progressiste d'ailleurs. La société nous façonne, et la société actuelle est patriarcale, raciste, et tout un tas de trucs pas cool.

Ce chemin qui est le mien n'a rien d'universel, mais il n'a rien d'exceptionnel non plus. Fatalement, avant de me questionner sur tout ça, et me rendre compte de la portée de mes actions, bah...

J'ai été cet homme qui insistait pour une relation sexuelle, qui "notait" les corps des femmes, qui s'en moquait, pour qui avoir 2 mecs dans l'année faisait de cette femme une "salope qui ne se respecte pas", qui excusait un viol par la manière de s'habiller "provocante", etc.

Tout cela semble si normal dans cette société. C'est ça, entre autre, qu'on appelle la culture du viol : on nous forme à ne pas voir où est le mal dans tout ça, à se dire que, quelque part, c'est naturel. Et que les féministes, bah elles doivent avoir leurs règles et être mal baisées non ?

Mais après, concrètement, on fait quoi ? La réponse se trouve dans toute la littérature sur le sujet : réparer le préjudice et empêcher qu'il ne se reproduise.

Du coup j'ai essayé de me souvenir de tout ce que j'ai fait à ce sujet et qui pourrait, aujourd'hui, être considéré comme "mal" de ma part. Parce que ce sont des actes qui influent une vie. J'ai une mémoire très sélective, donc ce n'est pas un exercice facile, mais j'ai essayé. Et j'ai recontacté les personnes à qui j'aurai pu faire du mal, ce mal, pour en discuter, m'excuser, et savoir si je pouvais faire quoi que ce soit. De ma courte vie, c'est un des actes les plus difficiles qu'il m'ait été donné de faire. Normalement j'ai maintenant fait le tour, mais il est loin d'être impossible que j'ai oublié des trucs. C'est, en toute logique, à moi de faire le premier pas, la démarche (parfois il y a des trucs qui me reviennent et donc je le fais), mais si vous vous reconnaissez n'hésitez pas à me contacter (en message privé, par mail, SMS, sur mon formulaire de contact...).

Et puis, au quotidien, je ne laisse plus rien passer sans au moins dire que je ne suis pas d'accord, que ça ne se fait pas, que c'est pas "cool". Chaque situation ayant son contexte, il n'y a pas une seule manière de faire, mais le principal c'est que ça ne soit pas considéré comme normal. Que ça ne soit plus considéré comme normal.

Construire un monde meilleur, ça passe par assumer ses responsabilités dans la situation actuelle, et faire en sorte que ça ne se reproduise pas. Il ne suffit pas de déplorer que ce genre d'hommes existent, parce que, globalement, à un moment donné, à divers degrés, on a tous été ce genre d'hommes. Et à divers degrés, on l'est encore, parce qu'il ne suffit pas d'en prendre conscience et de claquer des doigts pour changer. Être un être humain décent, ça ne se fait pas du jour au lendemain, c'est un travail de fond, jamais terminé.

Il en faut, du courage, pour dire publiquement qu'on a été victime, "moi aussi", de harcèlement, d'agression, de viol. Je trouve qu'on devrait s'inspirer de ce courage pour reconnaître nos erreurs et en assumer les conséquences, plutôt que d'applaudir et de penser qu'on est un peu en dehors de tout ça.

(j'ai pas mal hésité avant de publier, parce que c'est une démarche très questionable tout de même)

Edit : dans la mesure du possible, ne prenez pas contact avec la personne directement mais essayez de passer par un tiers ; un contact direct et non sollicité avec l'agresseur pouvant être (très) mal vécu et c'est exactement ce qu'on souhaite éviter, non ?

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